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lundi 16 juin 2025

Adieu - 10

Je me suis réveillée un peu avant sept heures, j'ai saisi mon téléphone et j'ai lu le message reçu à trois heures quarante quatre de ma soeur "Papa ne respire plus".

J'ai dévalé l'échelle de la mezzanine, mis en route la bouilloire, pris ma douche, lavé mes cheveux ; puisqu'il était mort nous entrions dans un espace temps que je ne maîtriserai plus, de quoi seront faits mes prochains jours, autant être propre... de toute façon il était mort.

Vite avaler un café noir, sauter dans mes vêtements, je suis partie vers Cochin en marchant vite, très vite,  retrouver mon père... mort... était-ce possible ? 
Mais, s'il s'était réveillé nous aurions eu un autre message non ?

En marchant dans les rues, croisant les parisiens pressés, je mesurais combien chacun peut vivre un drame tout en n'en laissant rien paraître, prendre la rue St Jacques, passer devant l'institut des sourds muets puis le Val de Grace, traverser le boulevard du Port Royal, passer le porche, regarder le ciel et se dire que peut être était-il juste là, au-dessus. Ma fille apprenant la mort de papa m'écrira "s'il y a quelque chose après, il doit passer un moment exceptionnel. Je l'imagine analyser toute cette nouveauté, ce champs de nouvelles infos, d'expériences. Une nouvelle aventure commence sûrement pour lui."

En entrant dans la chambre, papa est allongé, comme hier, comme avant-hier, la bouche légèrement entre ouverte. Maman assise sur le lit d'appoint, ma soeur au pied du lit. Nous nous embrassons silencieuses, je m'approche de celui qui depuis ma naissance fait partie de ma vie et qui vient de la quitter. Il est beau, le visage serein, tendrement je l'embrasse, lui chuchote merci d'avoir été mon papa. 

Ensuite mes frères arriveront, et plus tard encore le médecin venu constater le décès. Un interne adorable discutera longuement avec maman, répondra à toutes ses questions, je commence à assembler ce qui a fait sa vie dans cette chambre, ses vêtements de rechange, ses affaires de toilettes, les compléments alimentaires, les crèmes pour adoucir son corps qui tentaient encore un peu de lui dire notre amour pour lui.

Je console mon petit frère qui s'effondre de douleur, nous laissons maman un peu seule avec papa, en allant dans le couloir, qu'elle puisse lui dire au revoir. 

Et puis deux hommes silencieux viennent le chercher, maman repart en taxi avec mon petit frère et tous les sacs. J'irai encore le voir à la morgue avec mon grand frère et nous rentrons à pied, sous le soleil.

Le soir maman nous invitera tous dans le restaurant où ils avaient coutume d'aller. Nous y avions célébré l'anniversaire de papa et fêté nos rares venues à Paris. Papa est là, autour et à l'intérieur de chacun de nous et cela fait du bien de parler de lui, goûter les plats qu'il aimait particulièrement, nous retrouver ensemble encore un peu. 

En Novembre ils y avaient fêté leurs 72 ans de mariage, s'aimant encore et encore.

samedi 14 juin 2025

de la douceur - 8

Le lendemain, après une nuit assez douloureuse, il est décidé de mettre en place une perfusion de paracétamol et toujours en complément les bolus de morphine que nous donnons quasiment à chaque fois que cela est possible. Il lui devient impossible de boire de l'eau, de manger, les fausses routes sont systématiques De moins en moins présent, mais il ouvre les yeux parfois, et semble encore avec nous.

C. est arrivée de Tunis, un de mes neveux habitant Paris vient faire un tour, nous nous relayons à son chevet et nous nous retrouvons, nous qui sommes dispersés aux quatre coins de l'hexagone. C'est triste et en même temps cela fait du bien d'être tous là ensemble.

La nuit du 25 eu 26 janvier, ma soeur et mon petit frère restent la nuit pour veiller papa. Il respire très calmement, n'ouvre plus les yeux. Une nouvelle perfusion à fait son apparition, un benzodiazépine pour apaiser ses angoisses.

Le 26 se passe tranquillement. Je suis allée acheter le parfum de maman "Jardin de Bagatelle" qu'elle met depuis des années pour qu'elle puisse à nouveau se parfumer en allant voir papa. Lorsqu'elle entre dans la chambre et se penche pour l'embrasser, parfumée, il sourit, la reconnait donc, mais il n'ouvre plus les yeux.

Une perfusion de morphine, légère mais continue est mise en place.

Il est allongé, la tête légèrement en arrière, la bouche entrouverte, le visage détendu avec de temps en temps des expressions interrogatives. Peut être est-il encore entrain d'analyser ce qui lui arrive ? Autour de lui nous bavardons, nous taisons, le caressons doucement, lui disant combien on l'aime, combien il a été un père formidable, l'ambiance est apaisée.

C'est mon tour de garde pour cette nuit. Maman reste aussi. La nuit elle se lève, se penche au dessus de papa, lui dit qu'elle l'aime, l'embrasse. Dans la soirée elle lui a chanté une berceuse qu'il aime bien, la nuit se passe tranquillement, je compte les temps de pause entre les respirations...


jeudi 12 juin 2025

chambre 406 - 6

La nuit a été affreuse, maman est effondrée de voir papa souffrir autant, découvrir la réalité des nuits d'enfer que lui fait vivre cette foutue infirmière. Heureusement ! Qu'il ne soit pas seul dès le matin change son moral. Il est souriant dès que la morphine donnée à petites doses calme ses douleurs. 

Je suis à peine arrivée que la bonne nouvelle tombe, une place s'est libérée à Cochin, papa sera transféré demain à 11 heures. Et nous mettons tous, notre espoir là dedans. Il n'est plus question maintenant de le laisser seul la nuit. Et pour la seconde fois maman restera auprès de papa. 
La journée se passe tranquillement, maman, papa et moi, nous bavardons, il s'endort régulièrement, apaisé de nous savoir juste là. Maman lui donne son repas, insiste pour qu'il mange un peu plus, mais il n'a pas faim, et surtout, il fait de plus en plus de fausses routes qui le fatigue. Il boit avec grand plaisir le café que je lui ai fait le matin juste avant de partir, sur les conseil de ma petite soeur.

Le lendemain enfin, avec une heure de retard et un voyage terriblement douloureux, papa est dans sa chambre n°406 du pavillon Copernic, entouré de personnel compétent et si doux, quel changement.

Mon frère ainé, après une longue conversation la veille, où j'ai donné à mots couverts mon impression plutôt pessimiste de l'avenir, avait décidé immédiatement de venir nous rejoindre à Paris. Son train arrivé à midi, on se retrouve à l'Estrapade où j'y ai passé la nuit pour accueillir le matin tôt, la femme de ménage. Nous déjeunons en attendant de pouvoir aller à l'hôpital, maman va rentrer se reposer quelques heures, très éprouvée par ces deux jours non stop enfermée avec papa et nous voulons l'embrasser avant.

Mon père que j'avais prévenu de l'arrivée de T. en lui expliquant que l'on s'angoisse toujours plus lorsqu'on est loin, se réjouissait de le voir. Nous sommes allés à pied, heureux de nous retrouver, une petite vingtaine de minutes jusqu'à ce qui sera la dernière demeure de mon père.
A notre arrivée, à son chevet ma soeur peinant à retenir ses larmes et le médecin qui donne les résultats de la biopsie faite en tout début d'année, papa très fatigué nous sourit.

Il s'agit donc d'un cancer neuroendocrinien de la prostate, adieu radiothérapie... D'une part il est maintenant impossible d'envisager de faire subir encore et quotidiennement des trajets aller retour à papa, et d'autre part, seule la chimiothérapie pourrait avoir un effet sur les cellules, mais plus à l'âge vénérable de papa. On se dirige vers des soins palliatifs sans toutefois encore en dire le mot. Papa sait, il est médecin, il ne dit rien, écoute.

Nous sommes le 22 janvier, il lui reste sept jours à vivre...


mercredi 11 juin 2025

une dernière photo - 5

Dimanche ma soeur a pris le relais auprès de papa, elle voulait être seule avec lui, j'ai passé la journée avec maman. 

Les nouvelles sont très moyennes et nous espérons tous qu'une place se libère dans le service du professeur Goldwasser à Cochin où papa a déjà ses entrées et connait beaucoup de monde. Il est temps qu'il quitte cet hôpital, pour maman qui passe des heures en taxi, et surtout pour ne plus avoir à faire au dragon de nuit. 

Le lendemain je suis de retour, alité papa ne tente plus vraiment de se lever, il nous accueille avec un grand sourire de soulagement. Je suis venue avec maman qui, bien que très fatiguée, a fait l'effort après mon insistance, de venir. Et papa est si heureux de la voir que cela me transperce de douleur à imaginer sa tristesse de ne pas l'avoir vu pendant trois jours.  Elle est stupéfaite de le voir si angoissé, si douloureux, si mal de se sentir abandonné, et immédiatement exige de rester avec lui la nuit. Elle est si impériale que le médecin ne peut s'y opposer.

Plus personne dans le service ne peut nier que la souffrance qui étreint papa est réelle et insupportable. Enfin, enfin le médecin décide de prescrire de la morphine quand vraiment le paracétamol ne fait plus effet. Son regard perdu, hagard, redevient vivant lorsque les effets se font sentir. Il est de nouveau là, nous discutons tous les trois et rions même. A un moment il me regarde complice et dit qu'il comprend maintenant le plaisir de "se droguer". Il analyse l'effet de cette drogue, apprécie l'apaisement et s'amuse aussi d'avoir des rêves farfelus qui en découlent. 

Je fais un aller retour Vitry Estrapade pour chercher des habits de rechange pour maman, lui apporter aussi ses médicaments, ses affaires de toilettes, et surtout permettre à ces deux grands amoureux de se retrouver seuls. Papa la regarde avec émerveillement et lui dit tout au long de la journée, "Ich han dich garn"(*).

Le soir, même si nous n'avons toujours aucune nouvelle de Cochin, je quitte mes parents heureux d'être réunis. Je fais, sans le savoir, la dernière photo de ce couple indestructible et souriant.

Je pars pleine d'espoir. 


(*) je t'aime en alsacien

mardi 10 juin 2025

18 janvier - 4

J'avais quitté papa la veille triste mais sans réelle angoisse. Je suis arrivée un peu avant 14 heures. Il était gisant, immobile dans son lit, seuls les yeux semblaient en vie. Avec un demi sourire il m'a dit "je crois que c'est la fin..." Il ne pouvait plus bouger ses membres, rien de rien, allongé, résigné, seul dans cette chambre isolée au fond du couloir. 

J'ai cherché dans le service le médecin évidemment invisible, les aides-soignantes et les infirmières courant d'une chambre à l'autre. Impossible de savoir ce qu'il s'était passé entre hier soir et là, début de l'après-midi. Au bout d'un long moment, enfin, le médecin est arrivé, un peu affolé par ce tableau clinique qu'il ne maitrisait pas (mais a-t-il maitrisé un seul instant la situation ?). Papa manquait de sodium, il buvait trop me dit-il et il fallait stopper presque tout apport hydrique, pauvre papa. C'était encore la seule chose qu'il arrivait à avaler, à peine deux verres d'eau par jour, de la soupe, si peu, le reste sans saveur et mouliné le changeait des bons plats que maman lui avait fait tout au long de sa vie de couple et ne passait pas. 

J'étais encore pleine d'espoir, le diagnostic de manque de sodium me convenait, j'ai tenté de le rassurer , d'autant plus qu'au fur et à mesure de l'après-midi il retrouva petit à petit une certaine mobilité. 
"Tu es gentille de vouloir me remonter le moral, mais tu sais je n'ai pas peur de mourir, cela ne m'angoisse pas."

Ma soeur se démenait pour faire transférer papa à l'hôpital Cochin, pendant ce temps, ce foutu docteur de Vitry s'obstinait à vouloir faire des examens pas essentiels, mais si douloureux.

Tout de même, malgré cette incompétence, papa restait très alerte intellectuellement. Nous parlions de l'actualité qu'il tentait de suivre, s'intéressait à l'offensive de l'IA et s'amusait des perspectives que cela ouvrait. En goûtant la soupe qu'il trouva fort bonne, il posa la cuillère, et me dit "j'imagine qu'ils ont dû consulter une IA qui a donné la meilleure recette qui plairait au maximum de malade." et il a rit de bon coeur. 

Il espérait follement que ce cauchemar se termine.

Malheureusement, ce soir là, il avait été décidé alors que le personnel était déjà plus que restreint, de faire passer un Scan du rachis pour voir si la chute qu'il avait faite la nuit précédente, n'avait pas dégradé son état. Oui papa chutait, les nuits, pour aller aux toilettes, seul, puisque personne jamais ne répondait à ses appels. Me parlant de la personne qui faisait les nuits dans ce service, il me dira qu'il n'imaginait pas que l'on puisse être si gratuitement méchant.

Un seul aide-soignant pour descendre le lit au scanner, cognant dans presque chaque angle de mur ce lit trop grand pour le déplacement. Au scanner une seule manipulatrice, à deux ils ont transféré mon père chéri, du lit au plateau de scan avec un drap. Entendre hurler de douleur cet homme qui ne s'était jamais plaint de sa vie sera gravé à jamais dans mon coeur. 

Nous sommes remontés dans sa chambre, attendant de savoir si une chambre ailleurs se libèrerait, pour qu'enfin papa soit traité correctement. Mais à vingt trois heures, l'espoir était retombé. Papa s'était endormi, je me préparais à rentrer lorsqu'il s'est réveillé, affolé de passer encore une nuit avec l'infecte garde connue pour sa méchanceté. 

Je ne savais pas alors que j'aurais eu le droit de dormir dans sa chambre. Partout il était noté que l'on devait impérativement quitter le service à 18h30, exceptionnellement ce soir là j'avais eu droit à une petite rallonge. 
Hélas on ne peut pas remonter le temps.


lundi 9 juin 2025

Vitry sur Seine - 3

 Le 17 janvier, il nous restait encore quatorze jours avec papa, mais évidemment nous n'en savions rien.

Le matin, ce qui est devenu ensuite ma routine parisienne, après avoir pris le petit-déjeuner et une douche, je quittais le studio et montait chez mes parents. Là haut juste en face du lycée Henri IV, je croisais les collégiens courant, carnet de correspondance à la main, pour le présenter au surveillant souriant sous le porche de leur entrée. Tourner la rue, faire le code, entrer dans la cour, descendre les marches et sonner deux petits coups pour annoncer mon arrivée. Souvent maman était déjà levée, prenant son thé en lisant La Croix. Nous bavardions de choses et d'autres, déjeunions à midi avant de filer seule ou avec elle retrouver papa à l'hôpital.

La première fois, j'avais étudié dans le détail le trajet jusqu'à l'hôpital de Vitry. Je découvrais le Tram, la banlieue tranquille, et juste avant de monter la rue de la petite Saussaie, je me suis arrêtée au super marché pour acheter des boissons protéinées comme me l'avait conseillé mon frère avant de partir. J'ai suivi ses instructions à la lettre en entrant dans le hall bondé, et je suis arrivée dans le service où avait été emmené mon père. Les visites étaient autorisées de 13h30 à 18h30, je suis arrivée un peu avant, mais personne ne m'a fait de réflexion.

Il était effondré dans un fauteuil, devant la table roulante sur laquelle était posés son iPad, le journal à la page des mots croisés, un livre d'Emile Ajar, il dormait la tête en avant rabattue sur son torse, les bras ballants pendants dans le vide.
Je me suis assises en face de lui, sans bruit, j'ai attendu qu'il se réveille, longtemps. Parfois il entrouvrait les yeux, un peu perdu, ne réalisait pas que j'étais là.

Et puis il s'est réveillé, de très bonne humeur, il venait de rêver qu'il avait gagné deux fois le gros lot au loto, et, m'a-t-il dit, "Je me suis dit que j'allais d'abord finir ma sieste et je m'en occuperai ensuite !" Il était content de me voir, très enjoué, nous avons bavardé entre ses longues siestes qui le prenaient d'un coup. Au début il essayait de lutter, mais je lui ai dit de se laisser dormir, que j'étais là de toute façon pour au moins quinze jours. 

Le médecin du service est passé, il semblait ne pas vraiment comprendre la situation, papa ayant été emmené là pour soigner son VRS, il n'avait semble t-il pas pris la mesure de son état réel pathologique et cela quasiment jusqu'à ce qu'enfin on puisse faire transférer papa à Cochin. 

Je suis repartie vers 19 heures, laissant papa à moitié endormi. Nous avions passé une journée très agréable, je n'imaginais pas que le lendemain il irait aussi mal.

dimanche 8 juin 2025

tout premier jour - 2

Dans ma valise des habits pour 15 jours, peut être 3 semaines si cela arrangeait mon grand frère qui prendrait ma suite, je n'étais pas à quelques jours près, même si Paris n'est pas ma ville de prédilection. Pulls, pantalons, sous vêtements, statines, deux livres offerts à Noël, et le pass navigo de mon dernier séjour parisien en 2022. Evidemment je ne me souvenais plus si ce pass était encore un peu chargé, et l'idée de devoir trouver où le faire m'avait assez stressée depuis quelques jours. Mais dès l'arrivée, un agent ratp adorable m'a renseignée, rassurée et je suis partie vaillante prendre mon tour de garde.

Mon petit frère, malade comme un chien, m'attendait au studio pour me donner les dernières nouvelles, me dire comment aller à l'hôpital à Vitry sur Seine, les différents codes des maisons, avant de filer prendre son train et enfin pouvoir se reposer. 

Je n'avais plus vu le studio depuis 2016, il semblait étouffer dans une sorte de gangue sale, jaunâtre, poussiéreuse. Depuis plusieurs années maman ne pouvant plus vraiment venir faire le ménage, plusieurs neveux avaient habité là, d'autres y étaient venus passer quelques jours, et aucun n'avaient sans doute jamais fait plus que le stricte nécessaire. Certes les sanitaires étaient propres, le sol aspiré, mais tout était couvert d'une pellicule un peu grasse et poussiéreuse. Il était trop tard pour aller voir papa, je suis allée faire quelques courses juste à côté place Maubert, et acheter des produits nettoyants. Quatre heures durant j'ai lavé tous les bibelots, meubles, tableaux, vaisselle, rangé, remis en ordre, donner un coup de vie pour me sentir bien. Je ne savais pas alors que je resterai presque trois mois ici.

Vers 21 heures maman m'a appelée de son taxi qui la ramenait de l'hôpital à la rue de l'Estrapade. Elle ne savait plus où elle avait mis ses clefs, ne les avait pas dans son sac, et puisque mon frère m'avait heureusement laissé un trousseau de chez elle, me demandait si je pouvais le lui apporter. Evidemment ! Quelques minutes de marche dans Paris la nuit, j'ai filé grimpent la montagne Sainte Geneviève, un petit quart d'heure dans une ville encore très animée. Nous avons bavardé un moment, je l'ai aidée à fermer ses volets, puis je suis redescendue dans un brouillard léger enveloppant le Panthéon. 

Le lendemain j'irai voir papa, en tram.

lundi 19 mai 2025

Pour ne pas oublier - 1

 Fin novembre, un matin, son bras avait décidé de ne plus bouger. Certes depuis quelques jours il avait mal aux épaules, mais là, le bras, plus rien, juste la main qui lui servait encore au bout de ce bras semblant mort. Il ne s'était pas plaint, mais l'avait dit en passant à un de ses petits enfants au téléphone, qui lui, l'avait répété à son père, mon petit frère. Etait-ce un AVC, un infarctus ? Mon frère avait immédiatement pris les choses en main, urgences, scanner, et le long parcours avait commencé. Nous étions fin novembre.

Le 5 décembre nous avons eu non seulement la confirmation que ce n'était ni un AVC, ni un infarctus, ni simplement de l'arthrose, mais un cancer, généralisé. Sans connaitre l'origine, mais une sacrée merde que les médecins prévoyaient d'attaquer avec de la radiothérapie, mon père étant tout de même très âgé, la chimio l'aurait trop affaibli. Les examens de la prostate étaient parfaits, son cancer datant de plus de 15 ans n'était même plus considéré en rémission, mais totalement guéri. Plus tard nous apprendrions que c'était bien de la prostate que ce deuxième cancer était parti, pas le même, pas hormonal comme celui que Jo Biden affronte en ce moments. Un cancer neuro-endocrinien qui on ne le saura que mi janvier, ne lui laissait aucune chance. Mais nous étions encore plein d'espoir, notre père étant un Warrior, après avoir surmonté moult problèmes de santé graves, il était évident qu'il terrasserait ce cancer aussi.

Il a été entendu que pour soulager ma soeur parisienne, nous nous relayerions à Paris pour les accompagner dans ce que nous supposions un parcours médical un peu long mais miraculeux. 

Nous avons réussi tout de même à nous retrouver tous, en Alsace pour fêter Noël. Papa a dû rentrer un peu plus tôt, juste avant la nouvelle année, pour aller faire la biopsie qui déterminerait non seulement d'où était parti ce foutu cancer, mais également le traitement. Rendez-vous avec le radiothérapeute qui expliqua longuement à papa comment se passeraient les séances. Il était partant, absolument, la vie pour lui était si importante, il avait encore envie de découvrir, d'apprendre, d'aimer maman.

C'était le 16 janvier que je prenais ma garde. Entre temps papa était tombé un soir, alors qu'il voulait débarrasser la table, une soupière prise avec son bras défaillant... il s'était ouvert l'arrière du crâne. Mon frère avait fait venir les pompiers, direction les urgences, pour le recoudre.  Il avait été décidé qu'ils le garderaient puisqu'il avait chopé ce foutu VRS dont toute la famille d'ailleurs avait également hérité. Mais nous étions en pleine épidémie de grippe, les hôpitaux étaient saturés, et malheureusement pour lui, le seul pouvant l'accueillir était un hôpital à Vitry sur Seine, pas du tout adapté pour sa pathologie.

...

dimanche 13 avril 2025

grenouille et grisaille

petite grenouille verte oléronaise


A peine avais-je eu mon nouveau vélo bleu-canard, que nous sommes repartis en Haute Savoie. Deux jours de grand beau temps qui nous a tout de même permis de déjeuner aux Ecluses sur la terrasse et de faire une balade jusqu'à St Denis sur des pistes quasiment vides. Dimanche à dix heures nous avons pris la route, très ensoleillée, très calme et rapide. Moins de neuf heures plus tard nous nous posions dans nos pénates, un dernier verre de pineau des Charentes avant de faire un petit tour d'arrosage aux dernières plantes qui devraient déménager avec nous.

Mardi nous avons fêté mes soixante huit ans aux Trésoms à Annecy, grâce à un bon cadeau de mes anciennes collègues reçu lors de mon pot de départ à la retraite. Délicieux repas, où nous n'avions que les boissons à notre charge (un bon budget malgré tout), et une petite bougie avec les deux cafés offerts par la maison. D'habitude cela ne me fait ni chaud ni froid, mais cette fois-ci cela m'a un peu chagrinée. Est-ce parce que je suis à la retraite ? Est-ce parce que je suis maintenant à moitié orpheline ? 
Je me souviens que lorsque nous avons enterré ma grand-mère paternelle, morte à un âge respectable, papa avait pleuré, évidemment sans effusion, mais c'était suffisamment rare pour que cela m'ait frappée. Plus tard il m'avait dit qu'il était maintenant totalement orphelin,  dernière ligne avant sa mort. 

Il y a aussi que j'en ai un peu marre d'être le cul entre deux chaises. Ni là, ni ailleurs. J'ai tellement hâte de déménager, d'être à nouveau vraiment chez moi. Nous avons discuté avec une notaire, pensant que cela nous éclaircirait notre avenir, mais elle semblait peu à même de nous informer sur nos possibilités et nous a conseillé d'aller voir notre banquier. Rendez-vous est pris pour la fin du mois. 

Il pleut, JP est malade au fond du lit, le ciel est gris. 

Allez ! Il est temps de se bouger les fesses !

vendredi 4 avril 2025

sur l'île


Ici, dans cette île si calme hors saison, je tente de mesurer l'absence qui semble encore irréelle. C'est la première fois que nous y sommes aux tout débuts du printemps, et même si le ciel n'est pas toujours engageant, tout y est plus paisible.

Nous avons flâné sur la plage pour voir les grandes marées, et j'ai cassé mon beau vélo bleu ciel un jour en changeant de vitesse. Trop vieux et surtout jamais révisé, cela m'aurait coûté plus cher de le faire réparer. J'ai donc maintenant un vélo bleu-canard, d'occasion, avec des freins et des vitesses qui passent sans solliciter de dérailleur (responsable de la mort de mon destrier plus si fier). Et je découvre que maintenant il est exigé que les vélos soient identifiés avec un code-barre. Je m'attends dans pas longtemps à devoir payer une nouvelle taxe, même si la raison officielle serait d'après le vendeur, de permettre lors de vol, de retrouver plus facilement le propriétaire (mon oeil).

Court séjour mais nous reviendrons rapidement. Nous avons un logement à trouver et il est plus que temps de nous y mettre.

samedi 15 mars 2025

Ce jour là


Nous avions passé un très beau mois d'août, le premier ensemble depuis des années, mes parents, JP et moi, souvent un frère, une soeur, des amis, quelques fois nous quatre simplement. Je me l'étais promis, dès ma retraite, je pourrai enfin m'occuper un peu plus des mes parents. 
Nous l'avions passé dans notre maison d'Alsace, nous avions beaucoup bavardé, raconté nos souvenirs, réglé quelques petits malentendus, bien picolé, fait découvrir des saveurs de chips étonnantes, régalé d'excellents repas, mon père très fatigué avait fait de nombreuses siestes, mais aussi de belles balades.
Au hasard d'une conversation, nous avions parlé d'Oléron où depuis que mon père ne pouvait plus conduire, ils n'étaient plus allés. Et si, avais-je proposé, nous y allions avec vous ? Nous serions vos chauffeurs, nous lourions un Airb'nb dans le coin comme cela vous pourriez profiter de la maison tranquillement.  Evidemment cela les tentait fort, JP proposait d'y aller au printemps. Tu sais, lui avais-je dit, à ces âges il ne faut pas remettre à plus tard certaines idées.
JP a trouvé une location à quelques minutes à pieds de la maison, a acheté les billets de train, et dès notre retour de Tunisie, nous nous sommes retrouvés tous les quatre sur cette île que mon père aimait tant.

Un jour, papa avait souhaité marcher jusqu'à la plage. Nous étions partis tous les trois, maman préférant rester à la maison, il lui semblait impossible d'aller si loin, souffrant trop du dos, la marche l'épuisait. Vaillamment nous avons d'un bon pas, traversé le village, pris le chemin dans la forêt, et enfin débouché sur la plage face à l'île de Ré.
Il faisait beau, l'île était incroyablement proche, on voyait parfaitement le pont et même certaines maisons. 

Papa alors a commencé à raconter ses souvenirs d'enfance, petit garçon partant de longues semaines avec sa mère, sur cette île que nous touchions des yeux. Jamais il n'avait évoqué devant moi ces souvenirs que je croyais disparus. Plus tard j'ai regretté ne pas les avoir enregistrés, mais il me semblait alors important d'être là, à ce moment, toute entière. J'écoutais, bouleversée, me disant que c'était peut être une façon de dire au revoir à sa vie. 

Rien ne pouvait me laisser entrevoir ce qui allait arriver si vite. Le diagnostic mortel ne serait fait que deux mois plus tard.

jeudi 13 mars 2025

dernier voyage

Il a fallu attendre que l'urne soit disponible après la crémation. Nous avions fait la cérémonie le jour de la St Valentin, tellement de morts à Paris, un seul crématorium, mon père était donc resté tranquillement seize jours au funérarium de Cochin. 

Le 18 février je suis allée la chercher, marchant dans les rues de Paris ensoleillées ce jour là. On m'avait donné une boite en carton pour pouvoir l'emporter plus facilement, dieu que c'est lourd les cendres de son père. Je n'avais pas fait 100 mètres, que le fond du carton a cédé, juste le temps de le retenir avant que mon père termine sur les pavés face au Val de Grâce. Tellement lourd.

Tenant le carton de travers, j'ai traversé le 5ème, mes bras épuisés si rapidement qu'il me fallait faire des pauses. Alors je choisissais les endroits les plus agréables pour déposer le carton, le temps de reposer mes bras. Je lui parlais doucement, sa dernière traversée de Paris. La rue St Jacques, puis le Boulevard St Germain, la place Maubert et enfin la rue de Bièvre. 

Maman avait choisi une urne simple, bleu nuit, sur laquelle avait été collée la plaque dorée avec le nom et les prénoms complets de celui qui depuis ma naissance m'avait accompagnée. Je l'ai posé devant la grande fenêtre, que le temps de mon séjour parisien il soit encore un peu là, devant le square qui doucement commençait à frémir du printemps annoncé. 

Plus tard nous l'emporterons dans notre maison d'Alsace où il reposera à côté de mon frère.

vendredi 28 février 2025

apprendre l'absence

Il n'y a vraiment que la lecture d'un bon livre qui me permette de ne pas me noyer dans la tristesse, et Les semeuses magnifique livre que j'ai reçu en cadeau de C. à Noël m'a enfin sortie de la torpeur dans laquelle j'étais engluée depuis fin janvier. Bien sûr l'absence est là, d'autant plus vive que chaque jour je rejoins maman là haut à côté du Panthéon. L'appartement où trône la belle photo de mon père, sur le bord de la cheminée, et où restent encore tant de marques de sa vie.

Aujourd'hui, pour la première fois depuis deux mois, elle passera une journée seule, du moins sans ma présence. C'est une journée test, puisque normalement je quitte Paris en début de semaine prochaine. Cela permettra de voir si elle peut effectivement se débrouiller, ce que je suppose pour l'avoir vue remonter la pente, garder son amour de la vie, et ne pas se laisser aller. Mais puisqu'elle a énormément de difficulté, suite à son accident, pour marcher, il faut voir ce qui peut la laisser autonome et libre, tout en lui permettant de vivre décemment. 

J'ai donc pour la première fois une journée libre à Paris et je ne sais que faire de toute cette liberté...


 

dimanche 9 février 2025

réveil

Boulevard St Germain


Ce matin, encore à moitié endormie, j'empoigne mon téléphone, et... rien... Ecran noir, inerte, mort...

J'étais allongée, dans le noir, tenant cet objet qui ne répondait plus à aucune de mes stimulations, totalement perdue. La première pensée a été que les dernières photos de mon père seraient perdues à jamais. Le Cloud étant saturé depuis des années et aucune sauvegarde.

Fataliste, je me suis dit que c'était peut être la volonté de papa, ne pas laisser de traces de ses derniers jours.

Et puis, au bout d'un certain temps, la pomme s'est allumée, ce con venait de démarrer une mise à jour.
 

vendredi 31 janvier 2025

30 janvier 3 heures 27


Je me suis brièvement réveillée, ce trente janvier à trois heures vingt sept et aussitôt rendormie...

Là bas, chambre 406, pavillon Copernic, Papa venait de cesser de respirer aux côtés de maman et ma petite soeur...

samedi 18 janvier 2025

Arrivée

affiche Disneyland partout dans le métro

Evidemment à Paris je fais des heures de métro. Il fait gris, froid, mais les parisiens sont plutôt sympathiques. Parfois cela sent très mauvais et je me mets en apnée, mais le froid anéanti beaucoup les senteurs désagréables qui pour moi symbolise cette ville. Oui je ne suis pas une inconditionnelle de la capitale, c'est le moins qu'on puisse dire.

Mon père a été hospitalisé en urgence il y a une dizaine de jours après être tombé en arrière et s'être ouvert le crâne. Comme il a, lui aussi, ce sale virus pulmonaire, ils l'ont gardé et depuis quelques temps, déplacé à Vitry sur Seine en raison de la surcharge des hôpitaux. Je découvre donc qu'il y a un tram à Paris...

Hier j'ai fait le tour du quartier. Cela faisait neuf ans que je n'étais plus venue dans le studio, malgré tout j'ai vite retrouvé mes repères alentours. Les différents conteneurs verre, papier et même un spécial pour les déchets alimentaires, les Franprix et autres Carrefour, les bouches de métro. J'ai fait quelques courses dans les petites supérettes autour de la place Maubert, le prix du paquet de café fait le double de celui que j'achète d'habitude. Je me suis renseignée pour savoir comment recharger ma carte navigo, un de ces petits stress qui agrémentent mes journées. Une fois cela fait, d'abord je dois encore vider ma carte qui contient des anciens tickets, je me sentirai bien plus détendue.

Bientôt neuf heures, je me douche et je file voir ma mère à côté du Panthéon.


mercredi 8 janvier 2025

Début d'année en demie-teinte


J'ai l'impression d'être malade depuis toujours tant je ne vois pas d'amélioration depuis que cet espèce de virus respiratoire m'est tombé dessus. Je me traîne toute la journée, n'arrivant même pas à ouvrir un livre et restant souvent bêtement vautrée devant la télévision. J'ai au moins vu tout ce qui avait trait à l'anniversaire des attentats de janvier 2015, et j'ai aimé que France2 n'ait pas bousculé son programme à ce sujet suite à la mort de l'autre facho.

Les nouvelles parisiennes sont très moyennes. Mes parents qui avaient eu le droit de venir passer Noël en Alsace, sont repartis apparemment avec le virus qui m'achève. Leur âge, leur fatigue et la maladie de mon père, font que je m'angoisse énormément pour eux. Un de mes frères est là une ou deux semaines pour les assister, ensuite j'irai faire une permanence, pour que ma soeur puisse un peu respirer (elle aussi est revenue d'Alsace avec ce virus) et mon autre frère prendra la relève. Il est difficile pour l'instant d'imaginer que mes parents puissent s'en sortir seuls. Cela freinera notre nouveau départ, mais de toute façon, mon épuisement présent fait que je n'y pense pas. 

Nous avons tout de même passé de très belles fêtes. Toute la famille était là, des petits enfants aux grands parents, et nous n'avons rien négligé. Un très beau sapin et sa crèche, des cadeaux joliment emballés, des repas délicieux mais raisonnables. La dernière génération a bûcheronné, préparé une réserve de bois qui a permis de passer ces fêtes au chaud malgré les températures plus qu'hivernales. Il a commencé à neigé le 22 décembre, et nous avons eu, ce qui n'était plus arrivé depuis des années, un paysage blanc et scintillant tout le séjour.

JP et moi étions les derniers à partir, ranger la maison, nettoyer et faire les lits, lessives, vider les sacs de papier et bouteilles, préparer du bois pour le prochain séjour. Nous sommes rentrés sous une tempête de neige le samedi soir, et depuis je tente de reprendre un peu du poil de la bête.

Allez, il semble que ce type de virus lâche l'affaire au bout d'une ou deux semaines. Si je suis optimiste, j'en ai encore pour maximum cinq jours.... je crois les doigts.

samedi 14 décembre 2024

les journées passent


J'ouvre un oeil, jette un regard dehors, il a neigé, cette nuit pendant que je dormais. C'est pas ça qui va me donner envie de sortir, il fait froid, gris, mon énergie est ramollie. Je finirai ma petite Sophie scarf ce matin, pour pouvoir sortir le cou au chaud. Oui, j'ai lu le ELLE chez ma coiffeuse, en attendant que le soin offert par mes collègues lors du pot de mon départ à la retraite, fasse effet. Maintenant j'ai les cheveux lisses, collés à mon crâne, bien brillant et tout plat. Curieux, cela me donne l'impression qu'ils sont toujours sales, moi qui d'habitude ai une chevelure assez débridée bien que manquant singulièrement de boucles. Là, pour quelques mois m'a promis la coiffeuse, j'aurai ces cheveux raides et pas sûr que cela me plaise. Mais j'aurai ma petite écharpe faite avec des restes de laine, toujours dans l'optique de trier, utiliser, jeter ce que je ne veux pas déménager. 

Utiliser justement. L'autre jour j'ai assemblé tous les échantillons de produits de beauté, certains trainant dans mon armoire depuis des années. Je prends un petit flacon de l'Occitane, crème au karité, et je m'en tartine les jambes, puis les bras, dieu que ça colle me dis-je. Cette crème s'étale mal, elle sèche vite et colle vraiment, je prends mes lunettes, et lis, juste à côté de crème... douche. Voilà, plus qu'à me relaver pour rincer le tout et trouver, en lisant avant, un autre échantillon plus adapté. 

Les examens pour mon père se succèdent à grande vitesse, lundi il devrait être hospitalisé, impossible pour l'instant de savoir où a débuté ce foutu cancer, et tous le monde est stupéfait, médecin, famille, amis. Rien ne pouvait indiquer qu'il était malade, lui même cherche si, rétrospectivement, des signes d'alerte ont été émis, mis à part sa grande fatigue que nous pensions être simplement la marque d'un grand âge. Il accuse le coup, garde son calme, ne se résigne pas. Et une fois de plus il nous fait croire à son immortalité comme à chaque fois qu'il lui arrive un pépin qu'il surmonte en apparence, tranquillement. 

Noël est un peu flou, nous irons en Alsace, croisant les doigts pour que mes parents puissent nous rejoindre. Sinon, évidemment, les fêtes seront moins folles.

dimanche 8 décembre 2024

...


T. nous avait donné un résumé succinct de l'examen fait à papa expliquant pourquoi d'autres examens étaient demandés "Il y a une petite lésion osseuse constatée sur l'irm cervicale, il faut vérifier qu'elle n'est pas cancéreuse... "

Alors a été fait un premier scanner "malheureusement les résultats ne sont pas bons..."

Lundi il passe un Tepscan pour voir d'où a démarré le cancer qui a essaimé dans tout son corps, silencieusement, sournoisement, sans autres alertes que ce bras qui brusquement n'a plus voulu fonctionner et une grande fatigue. Mais à 95 ans, n'est ce pas normal d'être fatigué ?

Sur ma commode s'amassent les cadeaux de Noël, dérisoires...

mercredi 4 décembre 2024

Chutes

Je marche vite, très vite, j'ai rendez-vous chez le dentiste. Les rues de la ville sont défoncées par les travaux, des cailloux, de la terre, du bruit, des barrières, je file... je décolle... je heurte de ma pommette le sol qui brutalement m'accueille... quelques secondes... je suis debout et je repars en frottant ma joue, sonnée par cette chute violente. Une demie-seconde je me demande si tout va bien, si je peux continuer mon chemin vers le dentiste, si les ouvriers entrain d'ouvrir la rue que je longe ont perçu que je venais de m'écraser au sol. Saleté de godasses avec lesquelles déjà je me suis fracassée en tombant des escaliers un mois avant ma retraite et qui m'a value un nez cassé, des côtes enfoncées et un traumatisme crânien. Ces foutues converses bleu ciel si jolies, agrippent le sol bloquant mon élan, m'envoient valdinguer sans grâce. 

Le dentiste me rassure, vous n'avez pas l'air d'avoir la joue qui virera au bleu sombre. Mes dents sont bien brossées, en un an presque pas de tartre et aucune carie. Je reviens tranquillement, il y a du soleil, et partout, partout des travaux, méfiance.

Repas avec une amie à Genève, une heure de retrouvailles toujours aussi agréable, au retour il fait froid.

Nuit courte, des nouvelles familiales un peu triste et des courbatures dans tout le corps agrémentées d'un mal de tête lancinant. Au réveil mon menton à droite est bleu, c'est lui qui a subit en premier le choc, la pommette elle, bien qu'ayant aussi tapé fort, reste rose. Bah ! Dans trois jours tout ira mieux.

C'est un point commun avec mon papa, chuter, se relever, oublier.