Nous avions passé un très beau mois d'août, le premier ensemble depuis des années, mes parents, JP et moi, souvent un frère, une soeur, des amis, quelques fois nous quatre simplement. Je me l'étais promis, dès ma retraite, je pourrai enfin m'occuper un peu plus des mes parents.
Nous l'avions passé dans notre maison d'Alsace, nous avions beaucoup bavardé, raconté nos souvenirs, réglé quelques petits malentendus, bien picolé, fait découvrir des saveurs de chips étonnantes, régalé d'excellents repas, mon père très fatigué avait fait de nombreuses siestes, mais aussi de belles balades.
Au hasard d'une conversation, nous avions parlé d'Oléron où depuis que mon père ne pouvait plus conduire, ils n'étaient plus allés. Et si, avais-je proposé, nous y allions avec vous ? Nous serions vos chauffeurs, nous lourions un Airb'nb dans le coin comme cela vous pourriez profiter de la maison tranquillement. Evidemment cela les tentait fort, JP proposait d'y aller au printemps. Tu sais, lui avais-je dit, à ces âges il ne faut pas remettre à plus tard certaines idées.
JP a trouvé une location à quelques minutes à pieds de la maison, a acheté les billets de train, et dès notre retour de Tunisie, nous nous sommes retrouvés tous les quatre sur cette île que mon père aimait tant.
Un jour, papa avait souhaité marcher jusqu'à la plage. Nous étions partis tous les trois, maman préférant rester à la maison, il lui semblait impossible d'aller si loin, souffrant trop du dos, la marche l'épuisait. Vaillamment nous avons d'un bon pas, traversé le village, pris le chemin dans la forêt, et enfin débouché sur la plage face à l'île de Ré.
Il faisait beau, l'île était incroyablement proche, on voyait parfaitement le pont et même certaines maisons.
Papa alors a commencé à raconter ses souvenirs d'enfance, petit garçon partant de longues semaines avec sa mère, sur cette île que nous touchions des yeux. Jamais il n'avait évoqué devant moi ces souvenirs que je croyais disparus. Plus tard j'ai regretté ne pas les avoir enregistrés, mais il me semblait alors important d'être là, à ce moment, toute entière. J'écoutais, bouleversée, me disant que c'était peut être une façon de dire au revoir à sa vie.
Rien ne pouvait me laisser entrevoir ce qui allait arriver si vite. Le diagnostic mortel ne serait fait que deux mois plus tard.
2 commentaires:
C'est sûr, il est là-bas.
Ah il a bien dû aller faire un tour de ce côté pourtant s'il reste un peu de son âme, je l'imagine protéger maman tant son amour était encore puissant lorsqu'il est mort.
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