Cette année, quoiqu'il se passe, j'avais décidé que je prendrai mes vacances spéciales anniversaire. Celles de l'année dernière étant tombées à l'eau en raison du confinement strict, je n'avais gardé que le 8 avril comme journée hors du temps. Evidemment, à peine trois jours avant mes supposées vacances en Alsace, un nouveau confinement avait été décrété et sur le moment j'ai eu un vrai coup de déprime.
Et puis, notre merveilleux épidémiologiste ayant dit à mots couverts que la maréchaussée serait conciliante, limite les yeux fermées jusqu'au lundi de Pâques au soir, nous sommes partis un peu avant 8 heures samedi, passant par la France pour éviter des problèmes à la douane. Week-end froid mais ensoleillé, loin du bruit, sans masque, sans couvre-feu dans le terrain, idéal pour se préparer aux jours suivants où, rentrée à la maison, j'ai totalement déconnectée du boulot, au point d'avoir eu l'impression d'être partie trois semaines.
J'ai repris tranquillement mon poste lundi, un peu à l'agence histoire de voir ce que j'avais dans ma bannette, un peu en télétravail pour décanter mes mails et demandes diverses. Et puis, vers seize heures, alors que je commençais déjà à en avoir ras la casquette, ma collègue à l'accueil m'appelle : "Dis Valérie, ça n'a rien à voir avec le boulot, mais j'ai le pharmacien qui est là et me demande si on a une personne de plus de 55 ans, parce qu'il a une dose de vaccin sur le bras." vaccin... euh là tout de suite ? dans ma tête je n'ai pas vraiment le choix, si on m'apporte sur un plateau cette dose c'est que c'est un signe.
"C'est quel vaccin ? - le pharmacien répond que c'est l'aztrazeneka mais je sais déjà que je vais dire oui. Et je file à toute vitesse sur mon vélo pour profiter de cette opportunité inespérée, le premier jour où la vaccination est autorisée pour les biens portants un peu moins jeunes.
Il m'attend, me pose des questions en rafale, non je ne suis pas enceinte, non je n'allaite pas, non je n'ai pas de fièvre non non non et pouf un petit coup de désinfectant, une piqure dans le bras "un peu plus mou s'il vous plait les muscles" et je repars après avoir donné mes coordonnées pour dans 6 à 8 semaines.
Le soir tout va bien, aucune douleur au bras, je zappe le doliprane qu'il m'a conseillé, des vaccins j'en ai eu quand même quelques uns, je n'ai jamais eu quoique ce soit comme réaction.
Et puis vers quatre heures je me réveille, j'ai froid, j'ai des nausées, j'ai mal partout, des picotements, l'impression de revenir deux mois en arrière quand j'ai eu ce foutu virus dont on n'a pas trouvé le nom, mais qui m'a mis à plat presque deux mois complets. Je prends un doliprane, impossible de me rendormir, je grelotte malgré un pull et deux couvertures. Je traine toute la journée, malade, fiévreuse, douloureuse, nauséeuse, prenant toutes les huit heures un comprimé. Le soir je file au lit tôt, m'endors en vrac et ce matin, ne me reste que le mal de tête lancinant. Je croise les doigts que cela s'estompe vite.
J'ai appris ensuite, que si j'ai eu droit à cette dose, c'est que le pharmacien avait déjà frappé à plusieurs portes des commerces alentours, et que tous ont décliné l'offre. Non non tout va bien a dit celui qui reçoit les clients masque sous le nez très lâche au point qu'il retombe souvent sous le menton. Non non non surtout pas ce vaccin dangereux à dit l'autre. Et le pharmacien en désespoir de cause, est venu frapper à la porte de l'agence fermée pour cause covid, et ma super collègue m'a appelée, je suis la seule éligible, tous les autres étant bien plus jeunes.
Maintenant il faudrait que JP puisse aussi l'être, mais c'est une autre histoire, personne ne veut prendre le risque en raison de ses antécédents allergiques. Pourvu qu'à Lyon où il doit se rendre la semaine prochaine, ils soient un peu plus courageux.