vendredi 28 avril 2023

mes petits riens

 J'ai entamé un livre en début de semaine et chaque matin, avant de partir travailler, j'ai lu tout ce qu'il m'était possible dans le temps imparti. Un polar vraiment accrocheur, qui m'a fait voyager en terre hostile tout près de là où habitait Dr CaSo il y a encore un an. Parce que oui je continue à lire, même si je ne tiens plus mes rubriques lectures depuis plusieurs mois. Et c'est C. parcourant la librairie du Pertuis à St Pierre d'Oléron, qui m'a envoyé une photo de ce livre avec la petite fiche manuscrite conseillant sa lecture. Une saison pour les ombres de E.J. Ellory, que l'on ne quitte pas avant de l'avoir refermé, terminé.

Je garde tranquillement mon rythme de lectures bien que nous nous soyons plongés depuis peu dans la série Succession et que chaque jeudi, une fois l'émission téléchargée pour éviter les tunnels de pub, nous regardons sans vraiment accrocher, Top Chef un peu décevant cette année. Je ne sais à quoi tient le fait que rien n'accroche vraiment. D'ailleurs les plats présentés, bien que nécessitant une grande maitrise culinaire, tentent bien moins nos papilles que ceux des années précédentes.

Je suis depuis quelques jours vraisemblablement dans ma dernière année de boulot. Je fais certaines choses qui se réaliseront lorsque je ne serai plus là. Au moins l'incendie sera totalement oublié, ne restent plus que les portes fenêtres des paliers à changer, le local poubelles portes comprises à terminer, j'ai fait installer des caméras pile poils devant le local, et balayant l'entrée, et depuis, je croise les doigts, mais les trafics semblent avoir cessé. Celui qui a trouvé judicieux de mettre le feu ne pensait sans doute pas que cela créerait tant de problèmes. Un amusement qui me permet d'apprendre encore et encore de ce métier si vaste.

Mes abeilles maçonnes, contrairement à ce que je pensais l'autre jour, ont continué à remplir la pouponnière. Maintenant tous les tubes sont complets, ne restent que deux tout petits tubes, trop étroits pour abriter une larve qui ne pourrait plus sortir une fois développée. C'est un succès total qui me fait tellement plaisir. Bientôt les tubes seront cachés par les amaryllis qui pointent leurs fleurs, puis l'arbuste se couvrira de feuilles et de fleurs mauve. Tranquillement nos petites abeilles se prépareront pour éclorent le printemps prochain.



Juste en face, la construction des trois immeubles avance, dans peu de temps nous ne verrons plus la chaîne des Alpes. Il sera temps de quitter la Haute Savoie.

vendredi 21 avril 2023

S'en aller


Le travail est terminé, du moins cela ne bouge plus depuis quelques jours, restent 5 tubes vides. Les années précédentes, un seul tube du carillon japonais servait de nourrice, nous allons, si tout se passe bien durant un an, avoir une petite nuée d'abeilles maçonnes.

Mi-mars, je suis allée voir mes petits vieux dans leurs Ehpad. Si chez la première, la visite m'a semblé longue et assez pénible, chez mon autre propriétaire portant le doux prénom d'Aimé, l'après-midi a passé dans un souffle. Nous avons discuté, beaucoup, rit aussi, son épouse et lui ravis de me revoir. Il fallait tout de même parler un peu boulot, ils souhaitaient vendre l'appartement que je gère, pour pouvoir payer leurs séjour dans l'établissement plutôt joli, tout neuf, au personnel adorable. Je suis repartie, me promettant de revenir assez vite.

Tout à l'heure j'ai rendez-vous avec ceux qui l'aimaient, il est mort la semaine dernière, l'apprendre m'a bouleversée.

vendredi 31 mars 2023

mes p'tites bestioles

Depuis plusieurs années, courant mars, une osmie avait pris l'habitude de pondre dans le carillon japonais accroché sous une jardinière du balcon et de faire ensuite ses petits travaux de maçonnage. Un tube qui chaque année était obstrué durant tout l'hiver. Au printemps, un jour je constatais que le tube avait perdu son bouchon. 
Longtemps nous n'y avons pas vraiment fait attention. Mais l'année dernière, un fort coup de vent avait détaché le carillon et en tombant, le bouchon de terre avait sauté, deux petites larves presque finies avaient terminé leur vie sur le carrelage, sans même l'avoir vraiment démarrée.

Tout en haut, l'osmie commence sa maçonnerie

C'est vraiment à ce moment là que l'on a pris conscience de ces petites vies fragiles, et JP, un jour que nous étions dans notre maison d'Alsace, a fabriqué un très rudimentaire abri que j'ai installé dans une des plantes du balcon. Sans vraiment y croire, d'autant plus que l'assemblage était assez foireux, et se cassait la figure régulièrement.
Lorsque cet hiver j'ai taillé la plante dans laquelle j'avais installé l'abri, j'en ai profité pour bien le coincer, qu'il soit enfin stable, sans croire une seconde que notre petite osmie trouverait le chemin bien éloigné de son carillon.

maçonnerie

Ce week-end, alors que je m'occupais de mes plantes encore au chaud dans l'appartement, à travers la vitre mon oeil a été attiré par le vol d'une bestiole tout près de l'abri. Oui ! C'était l'osmie qui trafiquait tout autour, incroyable ! 
"JP !! vient voir ! je crois que ton abri a trouvé une locataire."
Alors, de loin pour ne pas effaroucher notre petite bestiole, nous avons regardé un moment ses allers et retours réguliers. Et ce n'est pas une, mais trois osmies qui travaillaient de concert. Chacune un trou, incroyablement vite rebouché.
Hier nous en étions à 4 tubes occupés, mais alors que je prenais la deuxième photo, j'ai surpris encore une travailleuse infatigable préparant une nouvelle loge.

Maintenant il me reste à prendre soin de la nurserie, faire en sorte qu'elle reste bien calée dans ses branches légères.


 

mardi 28 mars 2023

marche tranquille

 A dix sept heures, comme jeudi dernier et je ne sais plus quel autre jour avant, je rejoindrai la petite manifestation qui démarre place de la mairie. JP, s'il ne pleut pas, se joindra à nous. La dernière fois il y avait bien plus de monde et surtout, bien plus jeune. C'est extrêmement sage, nous marchons au son de quelques chansons sortant d'un haut parleur tiré par un cégétiste, rien de révolutionnaire, un peu de Manu Chao, le chant des partisans mal revisité, d'autres trucs jamais entendus. Une fois le tour fini, les cégétistes enroulent leurs drapeaux, les annemassiens finissent leurs conversations démarrées durant la manif, JP et moi reprenons nos vélos et tchao, à la prochaine.

Tout de même, la dernière fois, nous avons eu droit à une nouveauté, des CRS entièrement robocopisés, flashbalisés, l'air mauvais, encadrant aux carrefour notre tranquille marche bien pépère, où certains petits enfants brandissaient des pancartes en carton sur lesquels on lisait Superman avec nous et autres slogans révolutionnaires. Ils avaient l'air plus ridicule qu'autre chose, et nos policiers municipaux rompus aux manifestations provinciales gardaient leur distance, préférant suivre pacifiquement notre déambulation.

J'ai bien tenté ajouter quelques collègues, mais de l'agence bien que la plus âgée, je suis sans doute la plus à gauche et apparemment la seule qui manifeste. Sans doute que la majorité n'a jamais participé à une quelconque manifestation (*), alors qu'il me semble que lorsque j'avais leur âge, il était assez naturel de battre le pavé. Mais il est vrai que lors des élections, beaucoup aussi restent chez eux. C'est peut être aussi le propre des petites villes riches.

Je fais mes petites manifs, je commence à ranger certains placards depuis longtemps abandonnés à l'entassement, en prévision de notre déménagement futur et je suis allée voir mes petits vieux à l'hospice. J'ai lu de très bons livres dont il faudrait que je parle et curieusement aussi, depuis le changement d'heure, c'est le réveil qui me sort du lit alors que depuis des semaines j'ouvrais les yeux à quatre heures et demi.

Sept heures, il est temps de rejoindre mon tapis de gym, muscler mes cuisses et mes bras, faire quelques abdos pour ne pas ramollir.


(*) Ah si, une des mes collègues préférées avaient en son temps tenu des ronds-points en gilets jaunes.

mardi 21 mars 2023

rupture

J'ai au fond de moi une rage qui ne demande qu'à sortir. Les membres de ce gouvernement m'insupportent au point que même leurs simples photos, sans le son, me donnent des envies de hurler. Ce foutage littéral de gueule à longueur d'articles et d'interviews me met hors de moi. Et il est très peu probable qu'un jour je revote uniquement pour faire barrage à qui que ce soit.

Aux dernières élections c'est moi qui avais entraîné mon père pour qu'il aille voter et faire ce soit-disant barrage, ma mère avait suivi, d'autres membres de la famille de leur côté avaient également choisi cette voie, un ou deux n'avaient pu dépasser leur dégoût, déjà excédés par celui mielleux qui promettait de respecter ceux qui sacrifieraient leurs convictions. 

Nous, ici, sommes loin de ce qui se passe dans les grandes villes. Pourtant, alors que d'habitude la politique n'a pas sa place à l'agence, j'ai surpris quelques conversations qui laissaient à penser que l'on espérait que la motion de censure soit votée. 

Ce petit fil ténu qui donnait encore un espoir que l'on nous écoute s'est rompu, et je ne sais ce que va donner cette déception même parmi les plus modérés.


mardi 14 mars 2023

des diplômes

J'ai, dans mon brillant parcours scolaire, eu un diplôme : Le certificat d'Etudes ! Qui sait encore ce qu'était ce fameux premier diplôme scolaire, dont nous étions fiers, marquant un passage dans la classe supérieure, et premier d'autres à venir bien plus reluisants. 

Moi c'est le seul, l'unique. J'avais dû réciter un poème, celui des poches crevées d'Arthur Rimbaud, et je l'avais fait en le vivant vraiment, mes poches étaient crevées, mon paletot idéal et au ciel le doux frou-frou des étoiles. Mais je détestais l'école, profondément, absolument. Je m'y sentais en prison, je ne rêvais que de m'enfuir. Et je n'ai plus jamais eu d'autre diplôme. Je suis partie à dix-huit ans de chez moi, mise à la porte, j'ai passé quelques temps chez une copine dont les parents m'ont hébergée.

Cahin-caha j'ai débuté ma vie d'adulte, couchant à droite à gauche, serveuse, femme de ménage, comédienne, plus ou moins déclarée, l'essentiel étant de gagner de quoi payer le loyer, manger, fumer, boire des coups avec les copains. 

Je me suis hissée lentement, retombant souvent un peu moins haut, repartant avec à chaque fois un petit palier passé. J'ai toujours travaillé, j'ai commencé à payer mes impôts, j'ai fait des formations, il m'a fallu des années pour signer un contrat à durée indéterminé. 

Je me souviens d'un jour où, invitée à une fête avec ma soeur, celle-ci m'avait interdit de dire ce que je faisais. Elle avait honte de cette soeur qui froissait son horizon.

Longtemps le seul voeux que je jetais aux étoiles filantes était ce Bac que je rêvais d'avoir. Comment ? Aucune idée, j'avais quitté l'école, et l'idée même de rentrer à nouveau dans une classe me faisait trembler d'angoisse. 

Et puis, avant-hier, j'ai signé un avenant à mon contrat, un an avant ma retraite, me voilà cadre, responsable d'un service, félicitée et encouragée à ne pas partir trop vite "Vraiment tu sais, tu ne fais pas ton âge, et on est très content de toi !"

Etre cadre avec un certificat d'études, La classe intersidérale !

vendredi 10 mars 2023

Manif

le stand de vin chaud de la CGT

Je sortais du bureau, il était un peu plus de 17 heures et la pluie commençait à tomber de plus en plus dru. Devant la mairie, les drapeaux de la CGT et quelques banderoles tenus par des militants accueillaient les rares courageux venus manifester. A Paris ma fille depuis déjà deux heures battait le pavé, sous le soleil il est vrai. Je n'allais pas me dégonfler, et la moindre silhouette en plus dans le cortège ne serait pas de trop.

Moyenne d'âge 70 ans, quelques très rares jeunes de trente quarante ans, sur le journal le lendemain il sera décompté 300 personnes. Pas mal disaient certains cégétistes, je n'en sais rien, c'est la première fois que je manifestais contre celle loi,  je n'ai reconnu personne dans ce petit rassemblement.
Nous nous sommes mis lentement en branle, encadrés par des policiers municipaux et nationaux, tranquilles, bloquant les voitures pour nous laisser passer. 

Sur le trottoir les badauds nous filmaient, étonnés, et certains jeunes nous encourageaient, "nous sommes avec vous, nous vous soutenons". 
Mais chouchou avais-je envie de dire, c'est pour vous que nous le faisons. Vu notre moyenne d'âge la plupart étaient déjà à la retraite et le reste ne tarderaient pas à y être.

Une petite heure de manif, retour à la case départ, j'étais trempée malgré mes habits de pluie. Je suis remontée sur mon vélo et je suis rentrée me sécher.

Le rouleau compresseur de macron continue sa progression, les jeunes de ma commune le regardant passer, smartphone en main.