Je me suis brièvement réveillée, ce trente janvier à trois heures vingt sept et aussitôt rendormie...
Là bas, chambre 406, pavillon Copernic, Papa venait de cesser de respirer aux côtés de maman et ma petite soeur...
Là bas, chambre 406, pavillon Copernic, Papa venait de cesser de respirer aux côtés de maman et ma petite soeur...
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affiche Disneyland partout dans le métro |
Mon père a été hospitalisé en urgence il y a une dizaine de jours après être tombé en arrière et s'être ouvert le crâne. Comme il a, lui aussi, ce sale virus pulmonaire, ils l'ont gardé et depuis quelques temps, déplacé à Vitry sur Seine en raison de la surcharge des hôpitaux. Je découvre donc qu'il y a un tram à Paris...
Hier j'ai fait le tour du quartier. Cela faisait neuf ans que je n'étais plus venue dans le studio, malgré tout j'ai vite retrouvé mes repères alentours. Les différents conteneurs verre, papier et même un spécial pour les déchets alimentaires, les Franprix et autres Carrefour, les bouches de métro. J'ai fait quelques courses dans les petites supérettes autour de la place Maubert, le prix du paquet de café fait le double de celui que j'achète d'habitude. Je me suis renseignée pour savoir comment recharger ma carte navigo, un de ces petits stress qui agrémentent mes journées. Une fois cela fait, d'abord je dois encore vider ma carte qui contient des anciens tickets, je me sentirai bien plus détendue.
Bientôt neuf heures, je me douche et je file voir ma mère à côté du Panthéon.
Les nouvelles parisiennes sont très moyennes. Mes parents qui avaient eu le droit de venir passer Noël en Alsace, sont repartis apparemment avec le virus qui m'achève. Leur âge, leur fatigue et la maladie de mon père, font que je m'angoisse énormément pour eux. Un de mes frères est là une ou deux semaines pour les assister, ensuite j'irai faire une permanence, pour que ma soeur puisse un peu respirer (elle aussi est revenue d'Alsace avec ce virus) et mon autre frère prendra la relève. Il est difficile pour l'instant d'imaginer que mes parents puissent s'en sortir seuls. Cela freinera notre nouveau départ, mais de toute façon, mon épuisement présent fait que je n'y pense pas.
Nous avons tout de même passé de très belles fêtes. Toute la famille était là, des petits enfants aux grands parents, et nous n'avons rien négligé. Un très beau sapin et sa crèche, des cadeaux joliment emballés, des repas délicieux mais raisonnables. La dernière génération a bûcheronné, préparé une réserve de bois qui a permis de passer ces fêtes au chaud malgré les températures plus qu'hivernales. Il a commencé à neigé le 22 décembre, et nous avons eu, ce qui n'était plus arrivé depuis des années, un paysage blanc et scintillant tout le séjour.
JP et moi étions les derniers à partir, ranger la maison, nettoyer et faire les lits, lessives, vider les sacs de papier et bouteilles, préparer du bois pour le prochain séjour. Nous sommes rentrés sous une tempête de neige le samedi soir, et depuis je tente de reprendre un peu du poil de la bête.
Allez, il semble que ce type de virus lâche l'affaire au bout d'une ou deux semaines. Si je suis optimiste, j'en ai encore pour maximum cinq jours.... je crois les doigts.
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premier de l'an glacé |
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-2° sur le thermomètre |
Utiliser justement. L'autre jour j'ai assemblé tous les échantillons de produits de beauté, certains trainant dans mon armoire depuis des années. Je prends un petit flacon de l'Occitane, crème au karité, et je m'en tartine les jambes, puis les bras, dieu que ça colle me dis-je. Cette crème s'étale mal, elle sèche vite et colle vraiment, je prends mes lunettes, et lis, juste à côté de crème... douche. Voilà, plus qu'à me relaver pour rincer le tout et trouver, en lisant avant, un autre échantillon plus adapté.
Les examens pour mon père se succèdent à grande vitesse, lundi il devrait être hospitalisé, impossible pour l'instant de savoir où a débuté ce foutu cancer, et tous le monde est stupéfait, médecin, famille, amis. Rien ne pouvait indiquer qu'il était malade, lui même cherche si, rétrospectivement, des signes d'alerte ont été émis, mis à part sa grande fatigue que nous pensions être simplement la marque d'un grand âge. Il accuse le coup, garde son calme, ne se résigne pas. Et une fois de plus il nous fait croire à son immortalité comme à chaque fois qu'il lui arrive un pépin qu'il surmonte en apparence, tranquillement.
Noël est un peu flou, nous irons en Alsace, croisant les doigts pour que mes parents puissent nous rejoindre. Sinon, évidemment, les fêtes seront moins folles.
Alors a été fait un premier scanner "malheureusement les résultats ne sont pas bons..."
Lundi il passe un Tepscan pour voir d'où a démarré le cancer qui a essaimé dans tout son corps, silencieusement, sournoisement, sans autres alertes que ce bras qui brusquement n'a plus voulu fonctionner et une grande fatigue. Mais à 95 ans, n'est ce pas normal d'être fatigué ?
Sur ma commode s'amassent les cadeaux de Noël, dérisoires...
Je marche vite, très vite, j'ai rendez-vous chez le dentiste. Les rues de la ville sont défoncées par les travaux, des cailloux, de la terre, du bruit, des barrières, je file... je décolle... je heurte de ma pommette le sol qui brutalement m'accueille... quelques secondes... je suis debout et je repars en frottant ma joue, sonnée par cette chute violente. Une demie-seconde je me demande si tout va bien, si je peux continuer mon chemin vers le dentiste, si les ouvriers entrain d'ouvrir la rue que je longe ont perçu que je venais de m'écraser au sol. Saleté de godasses avec lesquelles déjà je me suis fracassée en tombant des escaliers un mois avant ma retraite et qui m'a value un nez cassé, des côtes enfoncées et un traumatisme crânien. Ces foutues converses bleu ciel si jolies, agrippent le sol bloquant mon élan, m'envoient valdinguer sans grâce.
Le dentiste me rassure, vous n'avez pas l'air d'avoir la joue qui virera au bleu sombre. Mes dents sont bien brossées, en un an presque pas de tartre et aucune carie. Je reviens tranquillement, il y a du soleil, et partout, partout des travaux, méfiance.
Repas avec une amie à Genève, une heure de retrouvailles toujours aussi agréable, au retour il fait froid.
Nuit courte, des nouvelles familiales un peu triste et des courbatures dans tout le corps agrémentées d'un mal de tête lancinant. Au réveil mon menton à droite est bleu, c'est lui qui a subit en premier le choc, la pommette elle, bien qu'ayant aussi tapé fort, reste rose. Bah ! Dans trois jours tout ira mieux.
C'est un point commun avec mon papa, chuter, se relever, oublier.