lundi 31 mars 2008

le CTS

D'un geste vif j'enfonce la clef dans la serrure et ouvre la boîte aux lettres. Quelques enveloppes, deux trois pubs, les bras chargés de courses je glisse le tout entre mes lèvres et grimpe à la volée les quelques marches jusqu'à l'appartement. Poser les sacs, refermer la porte tout en triant le courrier... facture, facture, pub, sécu... tiens le CTS, qu'est ce que le CTS peut bien envoyer comme courrier ? Hop hop j'arrache plus que n'ouvre l'enveloppe et ... le ciel me tombe sur la tête !
Madame, vous avez dernièrement fait un don du sang... problèmes... rendez-vous avec notre médecin... date et heure... Mais qu'est ce que c'est que cette histoire ?
J'envisage toutes les solutions, du moins toutes celles envisageables... cancer bien sûr... visons tout de suite la catastrophe la chute sera moins brutale... et puis quoi d'autre encore ? Ben cancer c'est tout... la fin du monde de toute façon. J'appelle papa, ne pas garder ça jusqu'au rendez-vous, ne pas faire subir ce nouvel aléa de notre vie aux enfants...
Papa ? Pourquoi le CTS pourrait bien me convoquer ?
Voix calme, rassurante... il connaît sa fille, son imagination, ses brusques accès d'angoisse folle.
Peut être as-tu une légère anémie ?
Et cela se soigne ?
Mais oui... rire tendre... quelques mots encore... on raccroche

Je me gare, feuille de convocation en main je vais à l'accueil... oui le docteur vous attend.
Je m'assied, j'attends mon anémie, tranquille.
Elle farfouille un moment dans une pile de papier sur le bureau, en sort une feuille, des résultats sanguins apparemment.
Me regarde
Euh voilà, j'ai quelques questions à vous poser
Oui ?
Le test Elisa que nous avons fait étant positif nous avons fait un Western Blot dont nous n'avons pas encore les résultats...
Vous êtes mariée ?
Oui.. voix peu assurée
... Auriez-vous eu des rapports non protégés avec d'autres partenaires que votre mari ?
Non, mais bien sûr que non... je suis mariée ! elle me sourit
... et votre mari ?
Oh non ! aucun risque, aucun ! Il est malade depuis deux ans
Malade ?
Je lui dit, la silicose, la sarcoïdose, la sclérodermie... je lui dit G. et sa greffe, C et la suspicion de maladie auto-immune... les larmes qui doucement mouillent les yeux... je lui dis le viol... serait-ce possible que l'on soit passé à côté de ça, depuis douze ans ? Oui depuis j'ai déjà donné mon sang, trois fois par an...
Non non rassurez-vous, impossible que cela ait été ignoré.
C'est sans doute un faux positif, nous aurons rapidement les résultats du WB.

La lettre attendue, rassurante, confirme le faux positif... pas de VIH mais tout de même il me faudra refaire les examens dans trois mois et s'ils sont négatifs attendre encore trois mois, les refaire et alors là seulement je pourrais à nouveau donner mon sang.

Ma soeur, qui travaille avec L. Montagnier, m'explique ces faux positifs, les différents examens, me rassure... la parenthèse se referme.

Un jour j'apprendrais qu'à cette époque nous n'étions pas deux, mais trois dans notre couple. Qu'ils ne se protégeaient pas... inutile lui avait-elle expliqué, elle était donneur de sang !

Et je pensais à cela en lisant le commentaire de Churchill...
L'ineptie d'écarter arbitrairement tous les homosexuels et de penser que la parole d'un hétéro est forcément dépourvue de mensonge.

dimanche 30 mars 2008

de tout de rien

Hier je suis allée faire deux trois courses de produits bio, de la lessive qui sent vraiment la lavande et non pas un ersatz de synthèse, de l'huile de lin qui hélas semble à nouveau interdite de vente (j'ai eu le dernier petit bidon) quelques graines pour mes pains et de la farine. En passant en caisse je me suis laissée tenter par un pot de romarin joliment fleuri et un tout petit plan de laurier sauce. En sortant je suis tombée sur leurs affiches clamant fièrement le vrai virage bio qu'ils ont pris. Les coccinelles disent merci mais je préfère les vers de terre qui poussent leurs cris de guerre.
Tout à l'heure nous sommes enfin allés voir Bienvenue chez les ch'tis. Je m'attendais au pire, d'une part maman m'avait dit avoir trouvé le film très limite et d'autre part l'engouement me fait toujours un peu peur. J'y allais un peu à reculons, d'autant plus à reculons que nous étions assis entre plusieurs détenteurs de seaux gigantesques de pop corn et que cela machouillait déjà bruyamment. Le film à peine commencé, le fond de la salle s'est mis à rire grassement alors que rien d'hilarant n'avait encore eu lieu... et puis dès l'arrivée dans le nord j'ai franchement ri et j'ai même été émue par une prise de vue au dessus du beffroi alors que Dany Boon joue du carillon et lors du chant des supporteurs Lensois. Ce nord de Bachelet chanté par cette masse, c'était vraiment émouvant. Je comprends le succès de ce film, sans doute aussi lié à cette solidarité qu'il suggère, à l'opposé total du bling bling présidentiel.
Cette période de chômage qui s'allonge me rend neurasthénique. Je commence à sérieusement manquer de contact avec l'extérieur, mes dialogues avec Chamade certes réjouissants ne m'apporte pas vraiment de contentements intellectuels.
Demain j'ai un nouvel entretien d'embauche, mais j'y vais presque sans espoir. J'en suis à me demander si je saurais encore décrocher un téléphone. Heureusement je lis beaucoup, je rattrape mes années où, la tête dans le guidon, je n'arrivais plus à lire que des polars et des hebdos.
Ecrire un billet m'apparait presque comme une mystification de vie...

mercredi 26 mars 2008

deux films

C'était un mardi, G. était à l'école, j'avais mon après-midi devant moi, je ne travaillais pas et pour me changer les idées un peu grises j'avais eu envie d'aller voir un film léger. Passait au Ciné Club "les apprentis" avec Guillaume Depardieu, parfait pour m'évader.
Unique guichet, je tends ma carte d'adhérent de la MJC, prends mon ticket et m'installe dans la salle où sont parsemées quelques femmes sans doute retraitées. Je bouquine un peu avant le début du film, les lumières s'éteignent, je m'enfonce dans mon fauteuil et regarde la bande annonce d'un oeil distrait. Bande annonce qui s'éternise... s'éternise... je me suis trompée de film ! Me voilà partie pour "les Virtuoses" dont je n'ai jamais entendu parler. Peu de risque que cela soit un navet, je me laisse embarquée et rapidement je suis submergée par l'émotion. Impossible de trouver de quoi me moucher, impossible de renifler... c'est l'été, je suis en simple tee-shirt, rose, à manche trois quart... discrètement je sèche mon nez sur ma manche droite, j'essaye de maîtriser ces larmes qui menacent de se transformer en cataracte. De temps en temps d'autres reniflements discrets s'échappent d'un fauteuil. J'attaque la manche gauche, j'écarquille les yeux au maximum tentant vainement de freiner ma production lacrymale... peine perdue. Le film terminé je sors rapidement, la tête basse, évitant les regards, je ne suis pas la seule aux yeux rougis, et chacune quitte le plus vite possible les abords du cinéma. Une fois seule je renifle un grand coup, replis consciencieusement mes manches et fonce à la maison.
Souvent mes coups de cœur cinématographiques sont des films qui m'ont pris par surprise. Celui là reste un de ces films dont je garde encore la marque ancrée profondément alors qu'il me semble que je serais incapable d'en raconter l'histoire.
Hier soir j'ai eu ce même émerveillement en découvrant "La vie des autres". Bien sûr je savais ce film particulièrement encensé, primé, adoré... mais je m'étais faite une idée de l'histoire très sommaire, juste axée sur les écoutes et la privation de liberté, et pour moi la privation de liberté est tout simplement insupportable, destructrice. Aussi me préparais-je à passer un moment angoissant. Est ce pour cela que ce film m'a semblé être une merveilleuse ode à la rédemption par l'art ?
Toujours est-il que ce film m'a redonné un grand élan de vie - non pas que j'ai des idées suicidaires mais j'avoue que cette période de "chômage" n'est pas faite pour m'exalter, et je garderais longtemps l'image de Ulrich Mühe écoutant Georg Dreyman au piano alors qu'il vient d'apprendre le suicide de son ami. Cet instant précis où l'âme s'ouvre à l'art faisant flancher les certitudes.

mardi 25 mars 2008

retour

Nous sommes rentrés hier soir sous une tempête de neige incessante durant six heures. Regardant les nombreuses voitures bloquées sur le côté de l'autoroute, je me suis félicitée de ne pas m'être écoutée la semaine dernière, et d'avoir gardé les pneus neige. L'optimisme de notre charmante GPS (oui oui c'est une femme) nous prévoyant un retour aux alentours de vingt et une heure trente s'est légèrement assombri, au fur et à mesure que nous roulions. Il est vrai que le deux à l'heure que nous avons maintenu pendant presque deux heures nous à fait terminer notre voyage au milieu de la nuit. Mais j'aime la neige et tout en serrant les fesses lorsque la voiture partait en glissade, je regardais fascinée le ballet des flocons illuminés par les phares.
A l'arrière Chamade baguenaudait d'une vitre à l'autre, manifestant son impatience mais avec des miaulements tout à fait civilisés, et exceptionnellement s'est gardée de la moindre crotte.
Aujourd'hui plus une trace de neige, il fait juste froid, les forsythias sont toujours jaunes et le lilas muri ses fleurs.

jeudi 20 mars 2008

devinette

Qui peut bien se cacher sous la Tribune ?

Un petit truc noir qui sait parfaitement qu'elle n'a pas le droit d'être sur la table !

mercredi 19 mars 2008

faire un don


Il n'a pas eu le temps de connaître ses jumeaux, mais d'autres comme Johanne attendent.

légumes, poissons

J'ai dû lire des dizaines d'articles et livres, écouté et regardé des heures d'émissions consacrées au poids, aux régimes, aux addictions, admiré Zermati et consorts et pris des résolutions à la pelle. Depuis presque deux ans j'ai lâché la bride, je me suis autorisé à manger ce que j'aimais, j'ai appris à aimer mes rondeurs.... mais il faut me rendre à l'évidence, mes presque quarante ans de troubles alimentaires m'ont détraqué le corps et sans garde fou stricte il a pris ses aises à tel point que j'ai largement dépassé la côte d'alerte.
Je m'aime bien mais là réellement je sens que si je continue je vais perdre totalement confiance en moi.
Je connais par cœur les règles de diététique, je sais exactement ce qu'il faut faire pour perdre lentement et sûrement du poids, je sais aussi les dangers des régimes... mais je suis incapable, absolument incapable, d'être raisonnable. Je ne connais pas la satiété, si je n'ai pas des barrières infranchissables, j'engloutis sans contrôle comme si c'était mon dernier repas.
Lorsque j'ai décidé de suivre les préceptes de Zermati, je savais qu'il faudrait du temps, je pensais que petit à petit je retrouverais une alimentation équilibrée. J'ai rapidement pris des kilos, je me disais qu'à un moment cela s'arrêterait... j'ai tenu deux ans... j'ai pris deux tailles de pantalons... je continue à prendre du poids... régulièrement.
Mon tout premier régime j'avais douze, treize ans. Nous étions en vacances au bord du lac Léman. J'ai acheté un cahier sur lequel j'ai noté mes repas, jour après jour. Je comptais les cerises, les tranches de pain, les verres d'eau... je suivais les traces de ma mère. Je n'ai plus jamais arrêté d'être en conflit avec les aliments.
Lorsque j'ai entendu parlé de Zermati, je me suis dit qu'enfin j'allais trouver la paix. J'ai lu plusieurs de ses livres, j'étais pleinement d'accord avec lui. Enthousiaste, j'ai abandonné mes règles draconiennes, j'ai croqué avec délices dans les aliments interdits, j'ai jeté toutes les pilules magiques censées détruire le gras, le laid, de mon corps. J'étais libre, j'allais sans aucun doute retrouver l'équilibre, apaisée. Mais je n'ai jamais trouvé l'équilibre, et aujourd'hui je déborde, je suis lourde et il me semble même que mon cerveau s'est empâté.

Alors, après un rêve douloureux où j'expliquais à un serveur qui me tendait une assiette pleine de beurre, que je ne m'aimais plus, j'ai abandonné Zermati, j'ai retrouvé mes règles à moi... légumes, poissons, flotte...

... le tout va être de ne pas retomber dans l'excès parce que je sais que la frontière est fragile.

dimanche 16 mars 2008

La vie en rose

poupoupidou...

Hier

Il faisait si beau hier... nous avons ouvert les fenêtres de la voiture, le plaisir d'aérer l'intérieur, de sentir le vent tourbillonner. Nous allions chercher l'alarme qui me rendrait ma liberté.
Nous avons traversé le début de la zone d'activité, la ZA, étonnés de voir tant de gens pressés autour des grands magasins. Ahuris de voir le nouveau garage R*nault gigantesque où là aussi la foule s'agglutinait devant les nouveaux modèles, nous, nous allions juste chercher une alarme, tout en haut de cette zone si fréquentée.
Au second carrefour, il y avait tant de voitures qu'un bouchon s'était formé. Pas grave, nous patientons et bavardons, c'est rare que nous fassions des courses ensemble JP et moi. Je parle... il écoute... comme d'habitude. On avance lentement... zut j'aurais dû prendre l'autre route, contourner pour arriver par derrière. Ah mais au détour du carrefour je vois un véhicule des pompiers, un malaise peut être ? On roule doucement, on avance, il y a un petit groupe à côté du fourgon, un homme règle la circulation. Les voitures avancent lentement, il fait si beau.
Alors je vois la moto, couchée au milieu, seule. Un gros 4X4 garé en biais sur le trottoir, les pompiers sont derrière leur véhicule, ils sont penchés au dessus du blessé, allongé sur une civière, un bandeau ceint autour de sa tête pour le maintenir... nous roulons lentement, nous sommes à la hauteur du blessé... le pompier lui parle, et j'entends, nous entendons très clairement sa voix...
Vous sentez que je vous touche la main monsieur ?
...
Vous ne sentez pas quand je la touche ?

Il faisait si beau...

samedi 15 mars 2008

printemps

J'aime tant lorsque sortent les premières feuilles, leur vert si doux, si clair.
J'aime le printemps, peut être parce que j'y suis née.

Hier, alors que le soleil me réchauffait, que je regardais avec ravissement les fleurs printanières qui tapissaient la moindre parcelle d'herbe, que les oiseaux s'égosillaient, me venait une sensation de légèreté revigorante.

Ah oui décidément j'aime le printemps !

vendredi 14 mars 2008

la rue R-U-E


C'est le printemps à n'en pas douter, les arbres brusquement se sont couverts de fleurs, chaque jour les buissons verdissent et me vient une envie de planter mes balcons.
Je pars donc, à pied, pour une bonne heure de marche vers Botanic. Au loin les Alpes sont encore très blanches, mais au fur et à mesure je déboutonne mon gilet, il fait vraiment chaud. Je prends les petites rues tranquilles, où, dans les jardins, des vieilles dames s'activent en bichonnant leurs carrés de verdure. Les conducteurs klaxonnent en arrivant à ma hauteur et je me fais même inviter par un charmant jeune homme à boire un verre... pas de doute c'est le printemps.
Arrivée à destination, je me promène au milieu des étalages de fleurs. Des groupes de très jeunes enfants, accompagnés par leurs maîtresses, suivent des animateurs qui leur parlent des plantes. D'une oreille distraite j'entends une jeune femme expliquer, un pot à la main :
- Cette plante s'appelle la rue... R-U-E comme la rue. Elle était autrefois utilisée pour éloigner les chats des jardins, pour qu'ils ne viennent pas déterrer les plantes, faire leurs besoins dans les salades... D'un coup cela m'intéresse fortement et je m'arrête tout ouille.
Elle continue
Voyez-vous les chats aiment beaucoup farfouiller la terre, surtout lorsqu'elle vient d'être remuée, ce qui arrive au moment des semis. Alors vos grands pères et vos grands mères plantaient de la rue, parce que les chats ont horreur de son odeur.
Tiens tiens me dis-je in petto, voilà qui serait formidable pour enfin dissuader mon adorable farfouilleuse. Parce que cette charmante petite bestiole n'aime rien tant que faire ses crottes dans mes bacs à fleurs, ce qui à la longue sature un tantinet la terre et fait dépérir mon minuscule jardin.
Ni une ni deux je m'empare d'un pot afin de tester l'efficacité de ce remède de grand'mère.

Sur le chemin du retour je suis nimbée d'une odeur limite pestilentielle.
La rue ça pue !
Dès la porte de l'appartement passée, je déballe cette infestation et la fait sentir à Chamade qui loin de s'enfuir hume avec intérêt la plante !
Bien bien bien c'est pas gagné c't'histoire !
Je vais la planter et surveiller l'efficacité de la chose ce week end !

Et je vous tiendrai au courant.
Parce qu'il me semble que je ne dois pas être la seule à avoir un chat jardinier non ?

mercredi 12 mars 2008

une courbe

Gilsoub et Jathenais nous invitent à suivre Gina, la grande gagnante du concours photo précédent avec sa si belle photo de fleur à la goutte d'eau. Elle nous propose de photographier des courbes, voici la mienne.

mardi 11 mars 2008

interprétation

J'aimais bien ces visites qui nous sortaient de l'ordinaire, et pour G. cela lui donnait à voir, à travers les vitres des ambulances, ce monde qu'il devinait du haut de sa chambre.
Je bénissais les feux rouges, les embouteillages, les piétons qui d'un pas lent immobilisaient un instant notre conducteur. G. regardait d'un oeil curieux toute cette agitation lumineuse et l'on pouvait presque croire que nous étions des touristes visitant Paris.

Cette fois là nous partions faire des radios dans un hôpital, des radios des poumons. Cela arrivait de temps en temps, tel hôpital était spécialiste des reins, tel autre du coeur, celui là c'était les poumons. Nous partions accompagnés d'une infirmière qui tenait précieusement contre son coeur le gros dossier débordant de G., et nous suivions sagement, bien heureux de cette parenthèse.
Mais aujourd'hui nous serions seuls - Vous saurez vous débrouiller ? Les ambulanciers vous déposeront dans le service et reviendront vous chercher. C'est souvent un peu long, cela nous arrangerait, il manque des infirmières et depuis le temps... vous saurez vous débrouiller !
Oh oui ! Oui, quel plaisir que cette liberté octroyée, cette confiance accordée. Etre de simples patients venant juste passer un radio sans chaperon, bien sûr que l'on se débrouillera. Au revoir tout le monde, grand sourire, nous partons en vadrouille.

Les rues défilent, G. écarquille les yeux et déjà nous y sommes, prendre la rampe, se placer devant les urgences, suivre les couloirs derrière l'ambulancier qui dépose à l'accueil le dossier, ils l'appelleront dès que nous aurons fini, merci, au revoir et voilà nous sommes juste une maman et un petit garçon venus en C'est un très vieux bâtiment, les lambeaux de peintures pendouillent le long des hauts murs de la salle d'attente. C'est plus un immense hall qu'une salle réellement, un hall qui résonne des cris d'enfants, des pas de médecins pressés, qui traversent l'air soucieux cet espace, sans regarder le peuple qui attend. Seule une table recouverte de vestiges de magazines triturés depuis plusieurs années, évoque l'idée d'une salle d'attente. G. sagement assis dans la poussette prêtée par le service, regarde l'agitation d'un air concentré.
C'est à nous. Je dois restée à l'extérieur de la salle radio le temps des clichés puis je récupère G. et nous retournons nous asseoir dans le hall. Nous attendons.
Le temps passe, je n'ai pas de montre, le temps passe toujours lentement à l'hôpital. J'ai fouillé dans la pile des feuilles posées sur la table dans l'espoir de trouver quelque chose à lire, j'ai reposé un semblant d'article dont il manquait un bout, déchiré, je regarde passer les gens. G. somnole, tout à l'heure il a grignoté un boudoir. C'est long... lentement l'angoisse, légère encore, se faufile dans cette attente bourdonnante. De la fenêtre qui surplombe tout là haut notre salle, j'aperçois les nuages qui défilent rapidement, un pigeon perché regarde à travers le grillage... j'attends, je sens bien que cette attente n'est plus normale... nous a t-on oubliés ?
G. dort profondément, la tête posée sur son épaule, une miette accrochée à sa lèvre, détendu.
Je le vois qui cherche du regard quelqu'un, instinctivement je sais qu'il nous cherche, il s'approche du bureau de l'entrée, parle, suit des yeux le doigt qui nous désigne, il hésite une seconde et d'un pas mesuré nous rejoint. Madame B ? Vous êtes la maman de G.?
Résignée j'attends. Il se présente Professeur P., je dirige ce service. Je suis embêté, pouvons-nous discuter un instant ?
Nous allons dans son bureau, G. ne se réveille pas. Fataliste je me prépare.
Voilà... nous avons un problème pour l'interprétation... il y a quelque chose que nous ne comprenons pas...
Il parle lentement, regarde G. avec douceur, il cherche ses mots.
Cela fait un moment que nous essayons de comprendre... Il semble que... Mais... il y a une chose... mon infirmière me dit qu'elle croit avoir vu une cicatrice sur le ventre de votre fils ?
Oui bien sûr, puisqu'il est greffé du foie.
Mais... greffé ? s'exclame t-il l'air réjouit. C'est donc cela... !


Le secrétariat avait simplement omis de préciser ce détail sur la fiche de transmission... Détail qui expliquait cette curieuse tuyauterie interne !
Rassuré il pourrait maintenant s'atteler à l'interprétation des clichés et nous, rentrer à temps pour le repas du soir!

lundi 10 mars 2008

soirée d'élections

Hier pour la deuxième fois nous avons tenté "Bienvenue chez les Cht'is" mais cette fois-ci nous l'avons joué plus finement. Nous avions envisagé une possibilité de repli... Bien joué ! Les ch'tis complet une demie-heure avant la séance, mais There will be blood largement accessible.
En plus nous avons eu le choix des places, au milieu, loin des seaux de pop-corn... , juste avant que le film ne commence, un couple s'est installé devant nous. Lui a enlevé sa veste, et une odeur pestilentielle de d'sous d'bras nous a littéralement suffoqué, mais dieu merci il n'a plus bougé de tout le film !
Malgré une envie épouvantable de faire pipi une heure après le début de séance, je me suis retenue jusqu'au bout, j'ai été totalement embarquée par ce film et surtout ne voulais pas perdre une seconde de l'histoire. Daniel Day Lewis est époustouflant tout comme la musique créée par Jonny Greenwood de Radio Head, une des raisons de l'envoutement que l'on ressent.
Tout compte fait nous avons eu de la chance que l'autre film soit complet.
Nous avions choisi d'y aller en fin de journée pour ne pas stresser en attendant les résultats, je me doutais que le fameux raz de marée n'aurait pas lieu. En sortant nous avons allumé la radio et puis zut, marre de cette auto satisfaction de la droite, tourner le bouton et rester encore un peu dans le pétrole.
La semaine prochaine nous ne voterons que pour les cantonales, notre maire de gauche étant largement élu à plus de cinquante deux pour cent. Et peut être que cette fois-ci il restera des places pour le film de D. Boon, mais de toute façon nous irons nous réfugier dans une salle obscure, c'est la seule façon de ne pas être tenté d'écouter les infos.

dimanche 9 mars 2008

Nadir

Un soir elle n'est pas rentrée, j'ai laissé la fenêtre ouverte, guettant les ombres... elle n'est jamais rentrée.
Longtemps je l'ai attendue, longtemps mes yeux n'espéraient rien d'autre que de croiser sa grâce féline au coin d'une rue, et redoutaient follement apercevoir son corps mollement étalé dans le ruisseau du caniveau.
Elle m'avait suivie dans mes déménagements, m'avait consolée de mes soirées d'écrasante solitude.
Nous étions une. Sans elle je perdais mon âme.

C'était une chatte de gouttière, née au printemps peu de temps avant que je ne quitte le nid, et nous avions en quelque sorte pris ensemble notre indépendance.

Il y a si longtemps maintenant qu'elle est partie qu'il ne me reste d'elle que des souvenirs épars.

La fois où, alors qu'elle ne mangeait plus depuis quelques jours et que je m'inquiétais, envisageant même de la faire examiner par un vétérinaire, la voisine m'avait arrêtée sur le palier, furieuse - Ecoutez, cela ne peut plus durer, à chaque fois que je fais un repas, dès que j'ai le dos tourné, votre chat vient voler les morceaux de viande dans les plats... Interdite de balcon - exit l'anorexie féline !

Un jour, rentrant fatiguée de mon travail, je trouvai le réfrigérateur ouvert, un litre de lait renversé, et posés au milieu de la flaque de lait, ses trois chatons découvrant ce self-service, Nadir assise à côté, tranquille et innocente.

A St Etienne, nous étions en tournée, le voisin chargé de la nourrir l'avait, sans faire exprès, laissée s'enfuir. Nous étions rentrées une semaine plus tard à la nuit tombée et avions parcouru la ville l'appelant, éperdues. Elle avait déboulée du haut d'une rue, sale, affreusement sale, sentant tellement mauvais qu'elle n'avait plus le courage de se nettoyer. Je l'avais douchée et elle s'était laissée faire, maigre et tremblante. Puis après avoir dévoré son repas s'était glissé dans les draps si contente de retrouver le confort citadin.

Il y avait eu aussi cette soirée où elle avait accueilli un ami, le compagnon d'Anne, en crachant et feulant, refusant de se laisser approcher par lui. Elle qui adorait se coucher sur ses genoux, ronronnant sous ses caresses garda ses distances, menaçante. La soirée s'était écoulée tranquillement, Anne et son compagnon était repartis, je m'étais couchée. Au milieu de la nuit Anne était revenue, terrifiée, le visage en sang, son ami était devenu brusquement fou, violent !

Je la vois encore, découvrant l'immense couloir chez mes parents à qui j'étais allée la présenter. Elle n'avait que quelques semaines, et toute excitée par ce boulevard, avait pris son élan et, trompée par le miroir qui couvrait le mur n'avait pas eu le temps de freiner, s'écrasant sur son reflet. Etourdie elle était repartie dans l'autre sens comme une furie.

Et puis un jour elle m'a quittée... j'ai tant pleuré, tant pleuré !

vendredi 7 mars 2008

blog papier



mercredi 5 mars 2008

la porte

Il me dit
Tiens, tout à l'heure quand je suis sorti, y'a deux bouts d'bois d'la porte qui sont tombés !
Tombés ??? Mais tu les as arrachés avec ton vélo ?
Non, ils sont tombés quand j'ai ouvert la porte.
Je m'approche, il tient entre ses mains deux bouts de bois effectivement... arrachés.
Je me penche et je vois, là, nettement, les marques d'un pied de biche.
Il(s) est(sont) passé(s) pendant que je pataugeais dans mes défauts et qualités !

Et maintenant ? Faut-il que je le signale à la police ?
Mais première chose, téléphoner à l'agence pour qu'enfin ils se décident à renforcer cette foutue porte.
Je sens que ce prochains temps je vais perdre ma sérénité lorsque je serais hors de l'appartement !

mardi 4 mars 2008

les questions

Alors... donnez moi trois défauts et trois qualités !

C'est pas vrai ! Elle me fait le coup des défauts et qualités... TROIS, il me faut trois défauts. je me giflerais, pas une seconde je n'ai révisé cet entretien, du moins pas ce truc là insensé. Trois défauts ? Mais il faut franchement être con pour avoir envie de dire en entretien ses défauts. J'ai passé huit ans de ma vie à travailler avec mes jeunes diplômés sur cette question de merde, chercher des défauts qui peuvent être considérés aussi comme des qualités et je suis là comme une andouille, le trou, le vide intersidéral ! Trois défauts, je la fixe de mes yeux de poisson mort, et dans ma tête c'est l'affolement... mes petites cellules s'agitent en désordre pour dépoussiérer mes souvenirs de défauts travaillés. Elles me ramènent une image de tablette de chocolat, MAIS NON je ne peux quand même pas ressortir ce vieux truc éculé de la gourmandise et... mes lèvres articulent Ben ch'uis gourmande... je rattrape la chose en tentant le sourire de celle qui sait qu'elle a fait une blague nulle pouf pouf je reprends... je vais vous en trouver un bon un vrai un personnel... trafique trafique, c'est pas vrai je n'ai que des qualités, mais c'est dingue ! Je patauge sec, promis ce soir je m'y attaque, je me fais un pense bête. Je suis terriblement optimiste, est-ce un défaut ? Elle ne trouve pas, j'essaye péniblement de le lui vendre quand même. Elle l'accepte, et me dit bon encore deux. Oui oui je sais je cherche, voyons, j'aime bien que l'on reconnaisse mon travail... oui j'aime que l'on me le dise deux fois pas an... Ah mais je voudrais aussi que l'on me dise si quelque chose ne va pas. Voilà j'ai beaucoup de mal à vivre dans le doute Ais-je fait une boulette ? Bref j'aime les rapports francs. Mais est ce que je peux le classer dans les défauts ? Peut être puisque cela me déstabilise. Oui mais si je dis que cela me déstabilise cela risque d'être interprété comme le fait que je doute de mes compétences. Ah mais qu'est ce que je déteste ce truc c'est pas croyable. Inventer des défauts ? Histoire de contourner le problème ? Je suis trop prise au dépourvu !
Peut être y suis-je arrivée ? Elle veut mes qualités maintenant ! Pour ce poste voyons voir. Donner ses qualités c'est aussi crétin que ses défauts voilà tout ! Je crois que je suis définitivement nulle pour passer mes entretiens.
Il y a bien ma science infuse du rangement, ma mémoire d'éléphant, mon plaisir de faire aimer l'entreprise... comment le faire passer sans paraître présomptueuse ?

S'il ne tenait qu'à moi je crois bien que je m'embaucherais sans entretien, ce serait un bon coup de stress et de rides en moins !

Et dire que ces prochains temps je vais y avoir droit régulièrement...

dimanche 2 mars 2008

fin de week end

Nous voulions voir le film de Dany Boon, mais bien avant l'heure il était complet. Celui avec D.Day lewis avait commencé, le reste franchement ne nous tentait pas. Nous sommes revenus à la maison pour nous vautrer devant la télévision voir le film de dix huit heures - Flicka-. Et je me suis souvenue qu'il y a très longtemps, mais vraiment très longtemps, peut être dans les années soixante six, j'ai adoré cette histoire. Je me souviens de jours entiers où je ne quittais Flicka que pour aller manger et dormir. C'était trois gros livres; un vert - L'herbe verte du Wyoming - un bleu - Mon amie Flicka et le troisième dont je ne me rappelle plus la couleur - le fils de Flicka. Je ne me souvenais plus du tout de l'histoire, et apparemment l'adaptation était assez libre. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, juste de très beaux paysages, de très beaux chevaux mais moins drôle que les fameux ch'tis.

Cet après-midi je me suis assise dans un fauteuil sur le balcon, au soleil avec un café, et j'ai terminé Le destin miraculeux d'Edgar Mint. Si j'y arrive je ferais une note pour le blog des filles qui aiment lire, mais j'ai peur de ne pas trouver les mots justes pour parler de ce livre que j'ai vraiment beaucoup aimé.

Une amie que nous avions invité vendredi à diner m'a offert des jonquilles qui se sont ouvertes dimanche. Même si l'on reparle de neige, ici c'est tout à fait le printemps. Les Forsythias ont fleuri, il fait doux et Chamade retourne sur le balcon pour épier les oiseaux.

Demain finies les vacances et les grasses matinées !