mercredi 18 novembre 2020

Les gens qu'on aime #15

 quelqu'un qui nous a donné quelque chose de précieux


J'avais tout pour être heureuse, une jolie et toute nouvelle petite fille, un compagnon beau et drôle, un boulot qui me plaisait, et là PAF ! l'angoisse qui brusquement s'était mis à grandir, me pétrifiant au point que même sortir dans la rue me devenait quasi impossible.

Je le savais, je n'avais d'autres issus que celle d'aller voir quelqu'un pour m'aider à sortir de là, ne pas reporter toute cette angoisse sur cette petite fille qui me comblait. 
Alors j'ai ouvert l'annuaire, j'ai laissé courir mon doigts sur les noms et choisi au hasard un psy qui exerçait juste en face de chez moi. 

De hasard il n'y a pas, surtout lorsque l'on décide enfin de s'en sortir. Chaque semaine je le retrouvais, parfois en ressortant je me disais Pfff un coup dans l'eau. Mais sans que je le réalise vraiment, petit à petit je n'ai plus tremblé en sortant dans la rue, petit à petit je n'ai plus eu l'impression que les passants me jugeaient, moi l'obèse* que je m'étais persuadée être. Ma tête s'est libérée des freins qui m'empêchaient d'avancer. Mon corps s'est dénoué, bien sûr je ne suis pas devenue svelte, mais le poids de ma tête s'est allégé, j'ai appris à relativiser, à accepter et avancer. 

Sans lui je ne sais ce que je serai devenue, un autre chemin qui aurait été vraiment casse gueule. 


* j'ai commencé mon premier régime à 12 ans, j'étais énorme, difforme, laide à faire peur. Depuis toujours. Et puis, je regarde les photos de mon enfance, je me vois telle que j'étais, je ne sais d'où venait cette idée. Je suis restée grosse dans ma tête, mais ce n'est plus handicapant, c'est comme ça et malgré tout maintenant je m'aime bien. 

10 commentaires:

Matoo a dit…

Je lis drôlement souvent des rencontres avec des psys qui sont aussi considérées comme des moments charnières, et aussi des choses qui ont "sauvé la vie". C'est important les psys !!! :DD

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui sans lui je ne serai pas arrivée là. Il m'a permis de reprendre ma vie, après l'agression et tout ce qui m'est arrivé. J'ai pu redevenir vivante :)

Dr. CaSo a dit…

La confiance en soit est définitivement très précieuse! Tu as eu de la chance de tomber sur quelqu'un de si bien :)

Anthom a dit…

C'est la psychologue que j'ai consultée après le décès de mon mari qui a largement contribué à ma reconstruction!

Chantal a dit…

Il y a des rencontres si importantes pour notre santé, notre vie. De mon côté, elle a eu lieu beaucoup plus tardivement, je devais avoir 49 ans. Cela a été long, pas toujours facile et puis, petit à petit, je vis, choisis, décide et arrête de douter de moi pour tout et rien, je ne crois plus à ma supposée nullité. Ces dernières années, je suis en paix avec moi -et plus en paix avec les autres par conséquent-, je trouve la vie belle dans le quotidien et dans ce qui l'est moins, je m'éloigne de ce et ceux qui ne me conviennent pas.

Anonyme a dit…

Une belle rencontre, et un grand courage de ta part. Heureuse pour toi de ce retour à la vie !

Anita

Calyste a dit…

Quand j'avais une dizaine d'années, j'avais dit à ma mère que j'étais le plus moche de ses enfants (à cause de mes yeux rêveurs). J'ai mis très longtemps à assumer mes jambes arquées et mes grandes oreilles. Ça ne m'a pas empêché de connaître de très belles histoires d'amour (qui m'ont rassuré) !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Dr CaSo oui, on fait du coup moins chier les autres :D

Anthom, l'écoute réparatrice est tellement importante lorsque l'on perd celui qu'on aime

Chantal, mon père dit toujours qu'il n'y a pas d'âge pour cela. Etre en paix n'a pas de prix

Anita, je ne parlerais pas de courage, une prise de conscience

Calyste, se sentir moche est une façade qui cache le véritable malaise. Maintenant je ne me sens pas belle, je crois simplement que je m'aime bien et qu'importe si les autres me trouvent moche. Le regard de l'autre ne me tue plus sur place :)

virginie a dit…

A la naissance de a première fille, une pulsion m'a envoyée prendre RDV avec le 1er psy trouvé dans l'annuaire... il n'était pas question que je prenne le risque de reproduire quoi que ce soit de toxique avec ma fille. L'analyse a duré 7 ans. J'ai toujours du lutter pour aller à chaque séance et je suis toujours rentrées mieux, soulagée, apaisée. Et pourtant toujours aussi dur à chaque fois. Cela m'a énormément appris, apporté. La peur de l'abandon, la confiance, le droit à être aimée, la nécessaire imperfection... Là avec le décès de ma moitié je sens tout au fond de moi que j'ai besoin d'aide, d'en parler à quelqu'un. Mais c'est dur. Mais je vais le faire. Mais c'est dur....

Merci pour ces magnifiques portraits, extraits de vie, qui parlent tellement vrai, juste, qui sont très personnels et pourtant qui résonnent en chacun de nous... Belle démarche

Valérie de Haute Savoie a dit…

Virginie, il y a des moments dans nos vies où nous ne pouvons rester seuls face à notre mal être et heureusement que nous pouvons avoir une écoute neutre qui nous laisse le champs libre pour évacuer ce qui nous ronge. Je me pose aussi parfois la question de refaire une petite tranche d'analyse, même si mon psy n'exerce plus, et qu'il va falloir chercher quelqu'un d'autre qui serait aussi bien que le premier...