mardi 17 novembre 2020

Les gens qu'on aime #16

 quelqu'un qui a les cheveux noirs


Eh bien moi me suis-je dit, j'avais les cheveux noirs, et oui je m'aime bien, même si évidemment, si j'en avais le pouvoir, je corrigerais bien des choses. 
Alors j'ai ressorti un album couvert de tissus écossais, et j'ai lentement tourné les page, cherchant une photo de moi à la naissance.
J'ai choisi une de celles prisent à mon baptême, à Strasbourg. Je suis enveloppée dans cette robe qui a vue tant et tant de baptêmes dans notre famille. J'ai les cheveux noirs, noirs jais, je suis dans les bras de mon parrain, Philippe, qui me regarde tendrement, arborant une magnifique tignasse elle aussi bien sombre. 

Philippe était mon parrain, que je n'ai pas connu aussi bien que ma marraine, mais qui était très original. Il était peut être schizophrène d'après papa, il était c'est sûr très original, et m'apportait une folie douce qui m'étonnait, me faisait du bien. 
Lorsque j'ai pris mon indépendance, du moins juste avant de claquer la porte, j'allais à Strasbourg seule, et parfois je débarquais chez lui. Il y avait Brigitte son épouse, qui me recevait toujours avec tendresse, m'invitant à déjeuner. Elle restait un peu en retrait, elle aimait son Philippe et du coup aimait ceux qui l'aimaient. 

Lui adorait, tout comme papa, le jazz. Il avait des piles de disques, et amusé de ma fascination pour les 78 tours qui trainaient sur un meuble, m'en avait donné une pile que j'ai encore dans un coin de la cave, ou au fond d'un placard.
Un jour, s'étonnant que je ne connaisse pas Nougaro, mais chez nous ce qui était de la variété n'avait pas de place, il m'avait fait écouter religieusement "Cécile", parce que m'avait-il dit, ce morceau était le plus beau, celui qu'il préférait entre tous, sa fille dont il était en adoration, portant ce prénom. 
Et depuis, chaque fois que j'entends cette chanson, je pense à lui, ce parrain si ténébreux, si tendre, disparu depuis longtemps.

Il me restent encore quelques cheveux noirs, qui, grâce au confinement, reprennent lentement leur place dans la masse grise qui pousse doucement. 

7 commentaires:

Calyste a dit…

Blond et lisse à la naissance, je suis devenu brun et très frisé à l'âge adulte. Aujourd'hui, blanc de blanc, comme mon père, avec juste trois cheveux gris vers la nuque. Je pense que ça va s'arrêter là !

Calyste a dit…

PS : ces photos jaunies ont un de ces charmes (plus que les cheveux qui suivraient le même chemin !) !

MALO a dit…

Ce Philippe, grâce à vous, on aurait aimé le connaître ...

Dr. CaSo a dit…

La photo est adorable :) Ces histoires me rendent un peu nostalgique...

DoMi a dit…

J'aime toujours autant vous lire…

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, j'aimerais devenir tout à fait blanche, mais là, plus l'hiver s'installe, plus mes cheveux deviennent sombres. Un peu de soleil estival va éclaircir tout ça l'année prochaine si on est déconfiné d'ici là :D
Et je trouve assez sympa de photographier mes photos de vieil album, sans recadrer ni retoucher :)

MALO moi aussi j'aimerais le retrouver, je l'apprécierais sans doute à sa juste valeur

Dr CaSo, oui nostalgique mais pas triste

DoMi c'est toujours si gentil de me dire ça 🧡

Anonyme a dit…

Alors ça, je t’ai vue blonde ou je rêve ? ! Et châtain clair au naturel. Mais pas brune ainsi !
Des bises
Anita