dimanche 26 février 2017

les livres du week end

Allongée dans le bain, après une nuit réparatrice, je lis, je suis au milieu du livre même, l'instant où la mère une dernière fois apprend à sa fille la vie, l'avenir. Elles vont se quitter... à jamais.
Jenny parle, Geneviève écoute, rien qu'en écrivant cela les larmes débordent de mes yeux. Bientôt les parents seront jetés dans un train, vers ce néant que les nazis ont si bien échafaudé. Sur un bout de papier, le père écrira une lettre d'amour à ses enfants, qu'il a laissés en accord avec leur mère, partir vers la vie, qui les a sauvés. Petit bout de papier glissé dehors, tombé sur les rails. Vivez et espérez.
Je pose le livre, je suis submergée par la tristesse. Plus tard en le refermant, je me dis qu'il faudrait faire lire aux enfants, ce livre magnifique, pour que plus jamais cela n'arrive. Geneviève Brisac - Vie de la voisine

Errant entre les allées du nouveau Leclerc gigantesque que je découvre, je trouve le rayon livres. Une multitude de livres colorés, brillants, qui suivent cette mode des nuances de grey et qui ne me tentent absolument pas, des polars, les derniers politiques et esseulé, Philippe Besson - Arrête avec tes mensonges. Je l'ai aperçu dans une de ces émissions de début de soirée, je ne sais pas pourquoi, mais j'aime bien cet homme, je pose son livre à côté du jus de pomme et des petites boites de thon pour Chamade. Je trouve toujours incongru d'acheter un livre dans un super marché, et surtout ce mélange au fond du caddie. A la caisse tout de même, une fois le livre enregistré, je le range dans mon sac à main.

C'est un très beau livre, un roman d'amour, d'un amour si fort qu'il est ancré dans toute l'oeuvre de Philippe Besson. A 17 ans, au lycée, alors qu'il est brillant mais isolé, il est fasciné par un jeune homme sombre, beau, malheureusement en section D alors que lui est en S. La rencontre semble impossible, mais elle se fera et en suivra un amour profond.

Je n'aime pas raconter les livres que j'aime, j'ai tant envie que vous les découvriez et soyez pris comme moi dans l'histoire, que les images que vous créerez soient les vôtres et non celles que j'aurai malheureusement imprimées dans votre mémoire.

J'aimerais vous donner envie de les ouvrir, de les lire, de les aimer. 

mardi 21 février 2017

rendez-vous

Je suis arrivée un peu en avance, vélo cadenassé au poteau électrique, visage tourné vers le soleil, sans aucune appréhension, j'attends.
Vous êtes Monsieur Descages ? Eh non encore un que j'alpague et qui me regarde un peu étonné, non ce n'est pas lui et il est un peu en retard mon fameux locataire.
Hurlement de freinage, gros crash sous mes yeux, une jeune fille a brûlé le feu rouge et le fourgon d'un électricien vient d'envoyer valdinguer sa petite voiture quelques mètres en avant. J'attends et j'ai en plus de l'animation. Elle penaude, lui désolé, rien que de la tôle. Normal me dit un passant qui n'est toujours pas mon locataire, cela arrive tous les jours.
Et puis, au moment où j'empoigne mon téléphone, il arrive marchant vite et sourire penaud. S'excuse et vite nous démarrons l'état des lieux. Cave, Garage, Boite aux lettres visités, nous montons à l'appartement. C'est propre, les vitres sont nettoyées, les murs blancs mat où chaque trace reste visible quoique l'on fasse, de pièce en pièce je note et lui est aimable, j'oublie totalement notre histoire commune, mécaniquement je fais mon travail, le plus objectivement possible.
Il y a bien cette vitre oubliée, ces aérations un peu noires de poussière, les deux filtres de la hotte gras, très gras, rien de très notable. Il rouspète quand je lui explique qu'il va falloir revenir nettoyer sinon nous ferons intervenir une entreprise, il part au ski tout à l'heure. Deux heures ensemble.
Il faut encore compter les clefs, relever les compteurs, tester les télécommandes.
Enfin tout est terminé, il a signé sans rechigner, face à face nous allons nous quitter.
Vous savez que nous nous connaissons ?
Il me regarde stupéfait, creuse ses méninges. Vous êtes mon conseillé bancaire.
Mais, comment vous appelez vous déjà ?
Je le lui dis en souriant et je vois bien qu'il n'a plus aucun souvenir de nos griefs. Il me parle de son travail, de ce qu'il souhaiterait, de ses espoirs, il est si gentil que je sais que j'effacerai son mail menaçant, il ne me servirait plus, aucune envie de lui porter tort. Il m'explique sa colère, je lui dis la mienne et d'un coup s'envole tout ce qui restait encore de notre échange houleux.
Je lui souhaite vraiment de continuer joliment sa vie, il ne sera plus mon conseiller, il déménage.
En pédalant vers mon nouveau rendez-vous je me sens légère, légère...

lundi 20 février 2017

Dimanche en province

Chic chic me suis-je dit, un auteur de polar que je ne connais pas. J'ai un peu tiqué sur la présentation en super marché, bandeau vantant ce nouveau Stieg Larsson, toute la collection bien alignée, prix d'appel et surtout, honte à moi, un peu rebutée par son ancien métier de footballeur. Mais bon, allez, un polar qui aura une suite, j'ai flanché et l'ai mis dans mon caddie.
L'homme chauve-souris de Jo Nesbo que j'ai entamé en milieu de semaine, vraiment très perturbée par l'idée que je lisais un livre de footballeur. Mais, après avoir relu la couverture, il s'avère qu'il est également musicien, auteur interprète et économiste, et puis et puis certains footballeurs ont même un cerveau c'est vrai...
Donc ce premier livre de l'inspecteur Harry Hole qu'en dire. Il est évidemment ancien alcoolique fragile du côté de la bouteille, comme la majorité des inspecteurs de police si j'en crois tous les polars lus, seul mais attiré fortement par les nanas, histoire sans suite etc. Je ne l'ai pas trouvé haletant, pas mal tout de même et je lirai la suite par curiosité, même si je n'ai pas été emballée.

Hier le soleil était si printanier que je suis allée faire un tour sur mes balcons et j'ai préparé mes jardinières, coupant les tiges mortes et par la même occasion m'entaillant joliment le majeur de ma main gauche au sécateur. C'est chiant de taper sur un clavier avec un gros pansement qui me fait sans cesse revenir effacer des caractères ajoutés. Je tape sur le "e" et paf j'ai au r ou un z qui se rajoute, c'est pénible et me force à regarder mes touches.

J'ai ressorti mon tapis de mousse, fait du yoga au grand plaisir de Chamade qui s'est installée confortablement sur la planche à repasser pour me voir faire. Remis à jour ma comptabilité, apporté à une de mes toutes jeunes locataires les nouveaux badges permettant de rentrer dans son immeuble, qu'elle n'avait pu récupérer à temps étant en voyage. Et rien que son sourire et ses remerciements ont suffit à rendre mon geste utile et justifié.

Cette semaine sera plus agitée, et tout à l'heure je rencontre mon conseiller bancaire...

samedi 18 février 2017

samedi ensoleillé

Il faudrait que je fasse un peu le ménage dans mon blog me dis-je parfois en voyant des impérissables qui ont disparu, ne mène plus à rien, morts de n'être plus visités.
Il manque ceux que j'ai découvert depuis.
Je me prévois une semaine de farniente pour mon anniversaire, j'en profiterais peut être pour dépoussiérer tout ça.
Avant il faudra que j'abandonne mon portable chez Apple pour qu'ils lessivent enfin sous les touches le Pineau des Charentes malencontreusement renversé il y a.. euh... deux, trois ans ? et qui colle encore malgré les années passées. L'abandonner, et ne plus pianoter quelques jours ?
Hier j'ai savouré le vent dans mes cheveux, sans bonnet, pédalant sans ressentir un instant le froid de l'hiver. Il fait beau, très très beau. Il y a même, si l'on se penche un peu, des bourgeons qui gonflent doucement.
Et ce matin, allongée sans bouger, je regardais Chamade, abandonnée, si confiante, la tête renversée, crâne posé sur le drap, les pattes tendues détendues, le sourire paisible et les yeux fermés, dormant contre moi. Instant de bonheur qui passe en laissant un souffle de douceur pour cette journée qui commence.

mardi 14 février 2017

un plat froid


Nina prend une semaine de vacances, il lui reste deux états des lieux à caser et comme il est d'usage, lorsqu'une de nous est absente, une autre se charge de faire une partie de son travail.
J'hérite de Monsieur Mathieu Descages. en milieu de semaine prochaine, mais je préfère, puisque j'ai le temps, préparer le dossier en avance.
Descages, c'est pas un type un peu chiant lui ? J'associe immédiatement ce nom à emmerdeur, mais pas de trace de mail incendiaire, en remontant le fil de la location rien de particulier à noter. Je confonds sans doute.
Merde par d'état des lieux d'entrée, c'est une gérance qui a été prise en route. Il y a le bail, un dossier un peu succinct, mais pas d'état des lieux, zut ! La règle est que sans état des lieux d'entrée, tout est considéré comme avoir été en bon état, mais c'est la règle et c'est délicat à appliquer sans aucun support.
J'appelle Monsieur Descages, lui laisse un message pour qu'il me rappelle afin qu'il me dise s'il en a une copie. Pour plus de sûreté je lui écris un mail avec la même demande et au moment de l'envoyer, j'ai un doute sur l'adresse mail.
Alors, je me plonge dans son dossier pour vérifier si c'est bien la sienne et non celle de son ancien coloc parti depuis peu. Je trie le dossier, d'un côté l'ancien coloc, de l'autre Mathieu, ses fiches de paies, la photocopie de la carte d'identité, le contrat de travail, LE CONTRAT DE TRAVAIL JUSTE CIEL, MAIS C'EST MON CONSEILLER BANCAIRE !!!!!!
J'éclate de rire, mes collègues me regardent stupéfaites, qu'est ce que tu as encore fait Valérie !
Mathieu Descages, c'est celui qui m'a menacée de ne plus me laisser passer le moindre centime en retard après un échange par mail un peu musclé.
Nous avions déposé le salaire en espèces de JP un 5 du mois et celui ci n'avait été pris en compte que le lendemain, une fois d'autres écritures enregistrées qui nous mettaient à découvert de 50 euros. Bim ! 32 euros de frais. Je lui avais fait remarqué qu'avec les autres comptes que nous avions dans sa banque, il aurait dû être rassuré. Rencontrons nous m'avait il dit pour que je vous conseille. Me conseiller de vendre mes actions EDF contre du Natixis si sûr, comme l'avait fait votre prédécesseur ?? Natixis achetée 100 euros et valant à ce moment là à peine 4 euros et encore... Non merci.
Et depuis l'on s'ignore royalement.
Vais-je moi aussi le menacer de ne rien lui laisser passer ?

lundi 13 février 2017

là haut

Traverser les nuages, retrouver des amis dans leur chalet loué pour les vacances, dans la neige. Boire une coupe de champagne assis sur la terrasse surplombant La Clusaz bondée de vacanciers, baignés par le soleil.

Et puis monter encore, et marcher dans la neige, en bavardant,


tranquillement, jusqu'à la chèvrerie.


Où le matin même venaient de naître des petits chevreaux encore tremblotants sur leurs pattes.


A l'intérieur les chèvres, bien au chaud, se reposaient, alors que certains jeunes excités,


Profitaient du dos de leur mère pour apprendre l'escalade.


Je saute sur le dos, je redescend, je remonte...


Il faut bien que jeunesse se passe semblait penser la mère.



Alors que le soleil quittait les cimes, nous sommes repartis dans la vallée, non sans avoir acheté quelques chèvres bien frais.

dimanche 12 février 2017

insondable tristesse


Toujours aussi craquant, il est venu avec sa fille qui va fêter ses deux ans dans quelques jours.
Quel plaisir de retrouver Antoine, avec qui j'ai tant ri pendant tous le temps où il officiait à côté de moi. J'ai pour lui une tendresse particulière, ce grand garçon au cheveux long retenus par un élastique et qui maintenant s'éclate dans son bistrot de montagne.
On bavarde, il me demande comment je vais, super bien lui dis-je, je suis super cool depuis quinze jours.
La petite fille ravissante triture sa robe en laine légèrement pailletée, pas un mot, très sage, elle attend qu'enfin son père se décide à partir. Il est descendu de sa montagne pour faire deux trois trucs en ville, voir aussi les voitures, il veut s'acheter une familiale. Pour trimballer les affaires de ta petite ? Je pense à mes parents qui longtemps, malgré leurs quatre enfants, se déplaçaient en deux chevaux, les temps changent.
Ben... c'est qu'on attend le deuxième. Waouhhh super je souris, pour bientôt ? Il hésite puis lâche, en fait, on attend des jumeaux. WHOUUUUU Antoine, mais c'est dingue !
Quel courage ! Sa compagne en a déjà deux de son précédent mariage, cinq gamins ! On bavarde et soudain je sens derrière moi une tristesse oppressante. Ma nouvelle collègue se mord les lèvres, cache son visage derrière son écran, elle aussi a eu des jumeaux, et seul un des deux est encore là.
Elle voudrait tant devenir transparente, qu'on puisse encore rire et se réjouir.
Il est des douleurs qui jamais ne guérissent, et lorsque nous nous retrouvons plus tard, toutes les deux seules, je lui parle de mon amie L., de sa fille Jeanne dont j'aurais été la marraine, mais qui n'a vécu que le temps de naitre.
Puisqu'elle a besoin de lire ce que les autres ont souffert, je lui prêterai lundi Philippe de Camille Laurens que j'ai relu hier, et puis aussi celui de L. qui résonnera je le sais, dans l'accord de sa tristesse.

Les livres souvent nous consolent...



samedi 11 février 2017

10 ans


Mille quatre cent quarante et un billets, depuis le 11 Février 2007.

C'est "Déjeuner en paix" qui arrive en tête. Garance allait encore vivre un peu plus de deux ans.  Je pense souvent à elle, je retrouve son écriture sur certains dossiers que je consulte. Je me souviens si bien de ce jour là où nous avions déjeuné sur le pouce, en bavardant simplement.
Je suis contente que ce billet soit lu, elle revient un instant sur cette terre qu'elle a tant aimée.

Mes lecteurs me lisent de France en majorité, loin derrière les Etats Unis et l'Allemagne. Le Canada, la Suisse, l'Ukraine et la Russie, il y a eu deux ans une lectrice fidèle de Rodrigues (ma fille chérie). Je suis toujours étonnée que l'on vienne me lire, si régulièrement. Parfois j'ai un peu honte de l'indigence du billet que je publie, parfois je suis heureuse de ce que j'ai écrit. C'est mon espace que j'aime, qui m'appartient tout entier.

Il arrive que des amis me trouvent par hasard, à chaque fois j'ai un moment d'angoisse, et puis je respire un grand coup, laisse quelques jours passer sans billet, tente d'oublier que certains lecteurs me connaissent et doucement je reprends le chemin de mon blog aimé.

J'aime écrire,

Et je continuerai...




mercredi 8 février 2017

renouveau

Vers cinq heures et demi, alors que le jour n'a même pas encore éclairci le ciel d'encre, le pépiement des oiseaux donnent l'espoir qu'un printemps prochain s'annonce doucement.
Et les jours où le soleil caresse la ville, dans les parcs que je traverse, sac au dos et pédalant, je souris d'entendre les cris et les rires des enfants courant sur la pelouse un peu râpée.
Sur les trottoirs les hommes laissent leurs regards suivre les jeunes filles dansantes, le pas se fait moins lourd, le regard s'élève pour regarder le ciel bleu, la vie vraiment se réveille avec le jour qui se rallonge.
Chamade assise devant la fenêtre serait bien tentée de sortir faire un tour sur le balcon, mais il fait encore un peu froid pour la chochotte, il lui suffit d'étirer son cou, d'humer l'air, pour ne pas se risquer à poser ses coussinets sur le carrelage glacé. Bientôt, bientôt, mais pour l'instant la couette est tout de même plus douillette.
Ma semaine est si tranquille que je m'ennuierais presque au bureau. Je visite des appartements, je traite des dossiers qui traînent depuis un mois sur mon bureau faute de temps, je réponds aux lettres en attente, je vais me chercher un café et prends le temps de discuter calmement des sinistres en cours. Cette parenthèse avant le gros rush de la fin du mois m'apaise, me rassure. Elle restera dans ma mémoire lorsque j'aurai à nouveau l'impression de me noyer.
Je sais maintenant qu'il y aura toujours un moment de respiration, qu'il est inutile de vouloir à tous prix partir le soir, boite mail vide et bureau impeccable.
Demain est un nouveau jour...

lundi 6 février 2017

livre, télé et résosocios

Après Le Supplication, je me suis attaquée à - La guerre n'a pas un visage de femme - de Svetlana Alexievitch. Mais, pour souffler un peu, j'ai vite lu le dernier livre de Claude Sarraute - Encore un instant. Edité chez Flammarion, la photo n'est pas récente, 180 pages, du pur Sarraute.
J'ai éclaté de rire plusieurs fois tant sa parole est désinhibée, mais je garde l'impression qu'elle a bâclé vite fait ce livre. Elle ne serait pas Sarraute, ce livre n'aurait pas franchi la porte des sélections.
Je vais l'envoyer à ma mère qui sera ravie de voir qu'elle est bien plus coquette et tonique, tout en portant le même prénom pour la même raison d'ailleurs, celle de parents ayant rêver d'avoir un garçon plutôt qu'une fille. Il est vrai qu'elles ont 4 ans de différence, toutes les deux de juillet.

J'ai depuis le début de l'année, une moyenne d'un livre tous les quatre jours et demi. Je suis encore trop souvent scotchée sur mon fil Twitter, lisant et relisant les mêmes infos retwettées constamment et entrecoupées de pubs toutes plus mal ciblées les unes que les autres. Il semble si difficile de se sevrer de ces réseaux sociaux, alors que j'ai longtemps vécu sans.

Nous avons écouté Benoit Hamon hier, puis toute seule, à la demande de mon fils, Mélenchon que j'ai trouvé moins grandiloquent qu'à son habitude. Le soir, j'ai aperçu Macron semblant très satisfait de lui même, et la vociférante et vulgaire marinelepen.
Dieu que ces élections ne me font pas rêver !

Sinon, il pleut, à verse, à seaux, sans discontinuer. M'étonnerais que je prenne mon vélo ce matin.



vendredi 3 février 2017

Et pourquoi pas le plaisir


Je lui ai donnée rendez-vous devant l'immeuble. Je la vois de loin, toute droite, plantée devant la porte et avant de descendre de mon beau vélo, bonnet à pompon sur la tête et soleil dans le ciel, je me présente, cadenasse ma monture à l'arbre entouré de crottes de chien. Le peintre est en retard, on échange quelques phrases, c'est la première fois que je la rencontre, son appartement vient de se libérer, nous sommes là pour réfléchir à sa rénovation.
Au bout de cinq minutes, lasses d'attendre, nous montons dans le vieil ascenseur jusqu'au cinquième étage. La dernière fois que j'ai vu l'appartement, il était encore encombré de meubles et de cartons. Il est lumineux, les peintures sont défraîchies, les fenêtres en très mauvais état, mais j'aime sa disposition, les plafonds hauts, les placards aux lourdes portes en bois.
Elle a, dans l'ascenseur, parlé à mi-mots de ses problèmes financiers. A moi de voir comment faire pour rendre cet appartement attractif sans la ruiner.
Elle ne coupera pas au changement des fenêtres, la peinture de toutes les pièces sans devoir arracher le papier peint est faisable, reste la cuisine et la salle de bain.
J'aime le grand lavabo en émail hexagonal, j'adore ces anciens lavabos, je crains dis-je à la propriétaire, que je ne sois pas représentative des futurs locataires. Allez on tente le coup, on le garde et on mettra en dessous un petit meuble blanc.
A la cuisine le carrelage bariolé ne m'a pas choqué, mais là aussi j'entends déjà les visiteurs râler devant ces carreaux qui n'ont plus rien de conventionnels. Changer le sol chargera la facture sans que je sois sûre que cela apporte un plus. Je préfère lui demander de remplacer l'immonde évier en faïence orange marron et la plaque de cuisson de la même couleur. Un évier blanc ou inox mat, une plaque vitro ou induction, un petit four et une hotte. rajouter un bloc haut et bas de meubles de rangement. Je suis sûre que cela sera nettement plus attractif que de remplacer le carrelage.
On passe d'une pièce à l'autre, le peintre ne viendra pas, j'imagine les travaux finis, tout est blanc, un peu trop blanc... Et si lui demandé-je, on faisait deux pans gris clair, très clair là et là. Elle est à côté de moi, elle m'écoute, opine du chef. Du hall d'entrée cela donnerait une certaine continuité avec la cuisine sans changer le budget.
L'une et l'autre, debout dans le hall, chacune voit l'appartement tel qu'il sera sans doute, rêvant de celle ou celui qui un jour installera un bout de sa vie là.

Je crois que c'est à ce moment là que j'ai compris le plaisir que je pourrai trouver dans ce poste que j'élabore lentement.

mercredi 1 février 2017

le futile et le magnifique

D'habitude je jette un oeil sur la feuille de salaire et la classe dans le joli dossier rose dédié aux documents concernant mes années dans l'agence.
Mais cette fois-ci, curieuse de voir combien valait ma nouvelle fonction qui raccourcit mes nuits et bloque mon fameux plexus de moins en moins solaire, j'ai ressorti celle du mois d'avant et fait un très très rapide calcul, moins 9 euros Youhou !! joie et bonheur, je paierai moins d'impôt !
Quelle nouvelle taxe me suis-je dit, fait que contrairement aux prévisions, je perds un peu d'oseille ?
Stupeur, c'est mon taux horaire qui a baissé ! Arghhh mais c'est permis ça ?
Comme toujours, il m'a fallu quelques minutes pour digérer, me ressaisir, réfléchir et me dire qu'il y avait sans doute une boulette quelque part.
Effectivement m'a dit ma supérieure, il y a eu erreur sur un chiffre et cela sera réparé très vite.

Neuf euros, est ce que Pénélope aurait remarqué un tel écart ?

Je suis plongée depuis dimanche dans La Supplication de Svetlana Alexievitch, terribles témoignages de ceux qui ont vécu la catastrophe de Tchernobyl. C'est bouleversant, je n'ai pas de mots pour dire combien ce livre est essentiel, magnifique et terrifiant.
Il faut absolument le lire, absolument !


Polac lui avait trouvé les mots...