dimanche 12 février 2017

insondable tristesse


Toujours aussi craquant, il est venu avec sa fille qui va fêter ses deux ans dans quelques jours.
Quel plaisir de retrouver Antoine, avec qui j'ai tant ri pendant tous le temps où il officiait à côté de moi. J'ai pour lui une tendresse particulière, ce grand garçon au cheveux long retenus par un élastique et qui maintenant s'éclate dans son bistrot de montagne.
On bavarde, il me demande comment je vais, super bien lui dis-je, je suis super cool depuis quinze jours.
La petite fille ravissante triture sa robe en laine légèrement pailletée, pas un mot, très sage, elle attend qu'enfin son père se décide à partir. Il est descendu de sa montagne pour faire deux trois trucs en ville, voir aussi les voitures, il veut s'acheter une familiale. Pour trimballer les affaires de ta petite ? Je pense à mes parents qui longtemps, malgré leurs quatre enfants, se déplaçaient en deux chevaux, les temps changent.
Ben... c'est qu'on attend le deuxième. Waouhhh super je souris, pour bientôt ? Il hésite puis lâche, en fait, on attend des jumeaux. WHOUUUUU Antoine, mais c'est dingue !
Quel courage ! Sa compagne en a déjà deux de son précédent mariage, cinq gamins ! On bavarde et soudain je sens derrière moi une tristesse oppressante. Ma nouvelle collègue se mord les lèvres, cache son visage derrière son écran, elle aussi a eu des jumeaux, et seul un des deux est encore là.
Elle voudrait tant devenir transparente, qu'on puisse encore rire et se réjouir.
Il est des douleurs qui jamais ne guérissent, et lorsque nous nous retrouvons plus tard, toutes les deux seules, je lui parle de mon amie L., de sa fille Jeanne dont j'aurais été la marraine, mais qui n'a vécu que le temps de naitre.
Puisqu'elle a besoin de lire ce que les autres ont souffert, je lui prêterai lundi Philippe de Camille Laurens que j'ai relu hier, et puis aussi celui de L. qui résonnera je le sais, dans l'accord de sa tristesse.

Les livres souvent nous consolent...



6 commentaires:

looloo a dit…

Quelle tristesse pour ta collègue, et pour tous ceux qui ont perdu un enfant! Je n'ai pas perdu d'enfant, mais ça a toujours été ma plus grande crainte. Je crois que je me sentirais amputée à vie. Nous avons un couple d'amis dont le fils s'est suicidé à l'âge de 20 ans. L'horreur, quoi!

Courage à ta collègue!

Bisous,
lulu

Lapunaise a dit…

J'ai perdu un petit garçon. Il y a 15 ans. Juste un souffle d'ange. Et puis sa soeur est venue. Et j'ai appris a vivre avec juste un souffle d'ange.
J'embrasse ta collègue bien fort.

L azimutée a dit…

Mon mari a eu une collègue qui a perdu ses deux jumeaux in utero. Quelques mois plus tard, elle est retombée enceinte d'un petit garçon, qui est né un mois avant le mien. Durant cette grossesse, on lui a découvert un cancer du sein. Elle en est morte l'an dernier, d'une récidive. Son fils a 7 ans.

La vie est d'une abominable cruauté, parfois.

Des pensées pour ta collègue et pour tous les parents et enfants en deuil.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Lapunaise, on n'oublie jamais, on vit autrement...

Looloo, quelque soit l'âge où l'on perd son enfant, on est amputé à vie oui.

L'azimutée, quelle tristesse...

laurence a dit…

Merci Valérie. Jeanne est une tristesse intense, d'autres se traversent, je t'en parlerai un jour. Comme ma jumelle singulière, la vie est singulière...
Je n'étais pas revenue lire tes notes périssables depuis des années. Et cette nuit de travail, j'ai eu envie. Tu écris toujours aussi bien. J'espère que tu publieras tout ça un jour. J'ai eu envie, quelques jours après que tu parles de Jeanne, c'est bizarre la vie...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tu sais Laurence, je parle souvent de Jeanne que j'ai aimée instantanément et qui reste dans mon coeur à jamais.