samedi 4 novembre 2023

mes petits riens


J'ai regardé le journal télévisé au lendemain de la tempête bretonne, je voulais voir les vagues déchainées sans doute. Pour quelles autres raisons sinon ? Je n'aurai pas dû, les photos sont bien plus faciles à trier, ne pas voir d'arbres couchés, déracinés, symbole de la tristesse qui envahit le monde. Il y avait en bandeau les étoiles de David, les immeubles fracassés, les enfants ensanglantés. J'ai éteint le téléviseur mais ma nuit a été peuplée de cauchemars.

Que puis-je faire pour stopper cette folie ? Si peu. 

Alors je lis. Cette semaine Triste Tigre qui est loin d'un livre qui donne le moral, terrible, noir, mais qui comme à chaque fois que je lis un tel témoignage, me remue, m'interroge. Comment peut-on passer à côté d'une telle souffrance, ne pas sentir ce que vit son enfant ? Loin de jeter la pierre à cette mère, je m'interroge sur moi, suis-je restée un jour à côté sans comprendre ? 

La semaine a passé encore plus vite depuis que je sais que je quitte la vie professionnelle fin juin. Il y a ça, il y a aussi que les locataires ne quittent guère leurs appartements, le serpent qui se mord la queue. Pas de logements libres, trop de risque de donner son préavis et se retrouver à la rue donc pas de préavis ou si peu. Et puis, avec l'indice de révision des loyers qui explose le plafond, les loyers ici deviennent totalement indécents. Ce qui se louait lorsque j'ai démarré dans l'immobilier en 2008 aux environs de trois cent euros, se loue tranquille à 600, 700 euros, sans compter les charges qui explosent. Evidemment nous sommes juste à côté de Genève où les salaires n'ont rien à voir avec les salaires français. L'offre, la demande...
Heureusement il reste le démarrage du chauffage qui occupe une bonne partie de la journée, ça chauffe pas, ça chauffe pas assez, parfois trop. Quelques fois c'est juste qu'ils ont oublié d'ouvrir les vannes des radiateurs.

Et il pleut, il pleut tous les jours, parfois énormément. Mettre son pantalon plastique, son ciré tout neuf, ses bottes en cuir pour ne pas avoir les pieds trempés. Pédaler en essayant d'éviter les petits lacs qui se forment sur la route, se faire rincer par les voitures qui frôlent avec un malin plaisir, avoir les pistes vélos quasi vides, les trottinettes et vélos électriques restant sagement à la maison. Mais aussi croiser quelques cyclistes en short et t-shirt tête-nue, bravant le temps, alors que depuis hier les Voirons ont leurs crêtes blanchies par les premières neiges. 

8 commentaires:

AlainX a dit…

Des petits riens qui sont beaucoup quand même quant à l'impact qu'ils ont sur toi.
C'est quand même très difficile de trouver la bonne distance avec l'actualité mondiale que nous connaissons tous. Entre être submergé et indifférent, chez moi aussi j'ai du mal à me positionner. Se laisser atteindre mais ne pas sombrer. Difficile navigation…
Ta perspective de quitter la vie professionnelle me fait repenser à mon vécu lorsque (il y a des années avant d'être à la retraite) j'ai complètement changé mon orientation professionnelle. Pour diverses raisons, après ma décision je suis encore resté plusieurs mois dans mon ancien boulot. Je pensais que ça allait être très pénible. En fait j'étais déjà « dans l'ailleurs » et ça me rendais plutôt détendu pour terminer valablement ce que j'avais encore à faire. Et puis mon narcissisme gonflait sans problème, tant on me disait qu'on regrettait mon départ. Et même je croyais que c'était sincère. Je l'ai réalisé vu la manière dont on a si festivement fêté mon départ. À moins que ce fut la manifestation de la joie de se débarrasser de moi !…

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui très difficile, déjà se désintoxiquer de X très toxique, ne pas regarder les nouvelles, sélectionner celles que je lis uniquement sur les deux journaux dont je suis abonnée. Et oui, même si j'ai encore de très gros coups de stress, cette perspective de quitter la vie professionnelle est pour l'instant plutôt agréable :)

Anonyme a dit…

Cette distance est terriblement difficile à obtenir. Sans culpabiliser ensuite… J’y travaille depuis des années, celles de la vie professionnelle incluses…
Alors c’est décidé tu t’achemines vers une autre vie… Tu es déjà équipée pour de belles randonnées cyclistes !
Anita

Valérie de Haute Savoie a dit…

Anita, oui la dead line est fixée pour la fin juin. Depuis ce week end j'ai atterri du Bluesky grâce à Laurent des Fraises et de la tendresse, et je ne sais si cela y contribue, mais je dors bien mieux depuis que j'ai quitté X :D

Bleck a dit…

Disons que, dans cette période mal-nommée appelée retraite, notre vie est peut être pavée de gros riens...

Bleck

AlainX a dit…

«Je dors bien mieux depuis que j'ai quitté X :D » (VdeHS)
Enfin je comprends pourquoi je dors plutôt bien, je n'ai ni X, ni Facebook ni autre chose du genre…
je dors du sommeil du juste internaute ! :-D

Calyste a dit…

Un gros coup de blues. Protège-toi.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Bleck je vais en faire des gros rien intéressants :)

AlainX juste après avoir lu ton commentaire, et sans être retournée sur X, j'ai eu une des nuits les plus courtes de cette année :D

Calyste, je me sèvre de presque toutes actualités et ça va mieux :) Merci 🧡