Bonnnn, ok ! Je file en vélo. L'immeuble est assez cossu, si des odeurs pestilentielles se dégagent d'un appartement, sûr que l'on serait prévenu. Je grimpe les étages, sonne à la porte, aucun bruit, aucune odeur non plus. Je relève les compteurs, ne rencontre personne, repars sur mon vélo et me mets un rendez-vous pour dans quinze jours. J'essaye une ou deux fois de l'appeler, ce n'est tellement pas dans ses habitudes de ne pas nous prévenir, même si elle était partie en vacances, si elle avait déménagé en Ehpad, chez un de ses enfants ? Tiens je vais chercher sur internet s'il y a dans la région d'autres Brunembert, je les appellerai pour voir s'ils sont de sa famille, s'ils peuvent me donner des nouvelles.
A peine ai-je taper son nom, que je trouve un avis de décès, Madame Bertille Brunembert. Merde ! Elle est morte, cet été, un peu après nous avoir réglé le loyer du mois.
Alors je téléphone à la mairie de la ville où elle a été déclarée décédée. On me conseille d'appeler les Pompes Funèbres qui pourront sans doute me donner les coordonnées d'un membre de sa famille. Effectivement la nièce s'est occupée de tout, et j'ai son numéro de téléphone auquel elle répond, tombant des nues que nous n'ayons pas été avertis. Mais !?! son compagnon devait déménager les affaires et vous rapporter les clefs s'étonne t'elle. Là malheureusement il est hospitalisé, je vais essayer de le contacter et lui demander de vous rappeler.
Dix jours passent, pas d'appel, serait-il mort lui aussi ? Je rappelle la nièce, elle est gênée, ce compagnon elle ne le connait pas vraiment, elle n'a pas son numéro de téléphone, s'il l'appelle elle lui dira qu'il faut nous appeler. Dix minutes plus tard il m'appelle, furieux, je n'ai pas à me mêler de ça, je ne dois plus appeler la nièce, il est dans son droit, il ne quittera pas l'appartement, l'association lui a dit qu'il pouvait y rester et qu'il y avait la trêve hivernale et qu'il était un clochard qui n'avait jamais travaillé et qu'il ne travaillerait jamais et et et ... il raccroche, on est mal barré.
J'ai fait mon boulot, je laisse le service contentieux prendre la relève. Nous changeons d'année.
La semaine dernière l'accueil me tend une petite enveloppe, remplie de clefs, sur laquelle est noté Madame Brunembert, 17 rue des cailles, Vetraz Monthoux. INCROYABLE, moi qui pensais que je n'entendrai plus parlé de cet appartement jusqu'à ma retraite, voilà que le compagnon nous avait laissé les clefs, qu'il avait quitté le logement.
Alors j'ai fait coulé un peu d'eau dans les pots, dit au revoir à Bertille dont une petite photo maton trainait sur une commode, j'ai refermé la porte doucement.
6 commentaires:
Vraiment, j'aime vos histoires qui racontent la vie des un.es et des autres dont la vôtre, parfois liées -ou pas- à votre métier. Je m'en veux lorsque je ne commente pas, je tiens à vous encourager à poursuivre. Et puis, je pense que c'est chouette de laisser une trace de ce qui nous occupe, nous a occupé.es, de ce qui va et de ce qui va moins bien. La vie, rien que la vie, passionnante suivant notre regard, pas de côté, humour...
Bon vendredi suivi d'un bon weekend.
Touchante histoire !
La question qui m'est venue : as-tu embarqué les plantes ?
Chantal, oui, lorsque l'on écrit régulièrement sur son blog, ce sont des petits moments dont on parle. Alors que quand je passe un long moment sans écrire, il me semble que je dois attendre un truc sortant de l'ordinaire pour en parler.
Ginou 🙂
Valvita, Non, je n'ai évidemment pas le droit de prendre quoique ce soit. Je suis allée voir l'appartement, une fois que j'en ai eu l'autorisation par une de ses descendante, mais je ne prends rien. Les rares fois où je suis revenue avec quelque chose, ce sont les locataires qui me les ont données, et cela se cantonnait à des tisanes, une fois des verres, et un plat à gratin. En quinze ans 😅
Quelqu'un qui aime les plantes ne peut pas être tout à fait mauvais. ;)
C'est exactement ce que je me suis dit Pastelle 🙂
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