Bon sang que ça pue, quelle idée d'avoir les poubelles à l'entrée, toute la cage d'escalier pue, quelle horreur. Je vais faire un état des lieux de sortie, et franchement, je plains les locataires qui subissent cette odeur. On est en juin, on aborde la canicule, qu'est ce que ça va être cet été.
C'est la mère de la locataire qui est là pour l'état des lieux, l'appartement est identique à son entrée, on bavarde, je vais sur le palier, les gaines techniques sont au fond, je relève les compteurs, c'est bientôt fini, plus qu'à compter les clefs, prendre la nouvelle adresse et on quitte l'immeuble. En descendant on rencontre l'homme de ménage "Pfffou c'est une bonne chose que vous soyez là, ça va un peu effacer l'odeur". Il sortira les poubelles tout à l'heure.
C'est marrant comme j'associe cet immeuble à l'odeur de cadavre L'année dernière un de mes locataires est mort dans son fauteuil, et il n'a été retrouvé qu'une semaine après. Quand j'étais allée sur place, après l'appel d'un locataire se plaignant de l'odeur, j'avais été prise à la gorge, avant même d'entrer dans le hall. Les flics reprenant leur souffle à la fenêtre grande ouverte, m'avaient confirmé que mon locataire était mort, très mort même. Et depuis, chaque fois que je vais là, j'ai cette odeur qui m'accompagne.
Quinze jours passent, mon nouveau locataire qui a remplacer la petite locataire partie dans l'immeuble qui pue m'appelle. Euh, je suis entrain d'emménager, et mon père me dit de vous appeler parce que franchement l'odeur sur le palier est pestilentiel. Bing l'évidence explose dans ma tête, je ne me suis pas imaginé l'odeur de cadavre, ce n'étaient pas les poubelles, sur les 6 studios de l'étage, j'en gère 5. A tous les coups c'est pour moi. Je regarde qui n'a pas payé son loyer, ils sont tous à jour. Je fonce chez ma collègue du syndic. Je crois qu'un de mes locataires est mort, il faudrait appeler les pompiers.
Ok elle appelle une propriétaire qui habite l'entrée d'immeuble juste à côté. Elle y va, fait tous les étages, revient et dit que oui certes cela ne sent pas bon, mais elle ne peut rien affirmer. Dans le doute, c'est vendredi soir, appelons les pompiers. Je rentre profiter de mon week end.
Lundi matin, aucune nouvelle, fausse alerte. Je lis mes mails, rien de particulier, chauffe eau en panne, voisins qui font trop de bruit, cafards qui se baladent, pas de mort.
A tous hasard vers dix heures, je descend voir ma collègue au syndic. Si si on a bien trouvé un mort. Enfin un ou une, on ne sait pas trop, sans doute mort depuis un bon mois, mais ce n'est pas un de tes locataires, c'est apparemment Monsieur Barteaud. MAIS SI C'EST MON LOCATAIRE !!! Eh merde !
Alors commence pour moi un long long chemin pour tenter de récupérer l'appartement et qui à ce jour n'est de loin pas encore terminé. Appeler le commissariat pour savoir si on peut chercher les clefs pour faire une décontamination, arriver au bout de plusieurs heures à avoir enfin l'inspecteur en charge de l'affaire. Impossible pour l'instant, on ne sait pas de quoi est mort Monsieur Barteaud, on ne sait pas si c'est Monsieur Barteaud, le studio est une infection, les appartements autour sont envahis par des mouches depuis que la porte a été ouverte. Je dois pendant une semaine, harceler le commissariat pour qu'au moins je puisse faire faire un nettoyage, et le magistrat donne enfin l'autorisation pour bomber l'appartement et nettoyer la salle de bain. J'ai rendez-vous avec l'inspecteur et une collègue, ils sont à la recherche d'un dentier me disent-ils, toujours dans l'espoir d'identifier le mort. Je coupe les vannes d'eau, je récupère les clefs pour le nettoyage. L'odeur est bien moins forte, et une fois l'appartement traité, le calme revient dans l'immeuble.
Depuis, j'appelle régulièrement le commissariat, et mardi, enfin, j'ai le feu vert, enfin presque, il manque encore la confirmation écrite du magistrat.
Ensuite, je pourrai faire faire un inventaire par huissier puis faire vider et entièrement nettoyer ce studio.
Monsieur Barteaud avait 18 ans lorsqu'il a emménagé, soixante cinq lorsqu'il est mort (enfin si c'est bien lui, parce qu'à ce jour, on le suppose, mais on a aucune certitude). Chaque mois, nous recevons encore son loyer, par virement.
8 commentaires:
Oupsss, décidément, c'est un immeuble maudit !`
Le plus triste, c'est qu'on peut disparaître plusieurs jours, semaine, mois ou année, sans que personne ne se soucie de ne plus avoir de nouvelles ! Triste sort de la banalité de la solitude !
Je suis en train de lire un bouquin qui parle d'une femme (réelle) qui fait ce genre de nettoyages, après les suicides, les morts non découverts, les malades mentaux et personnes qui ont vécu des traumas terribles qui vivent dans des conditions attroces... C'est effarant! Et très triste aussi.
Gilsoub, j'ai appris que ces deux locataires étaient très gravement malade. Le premier que j'aimais bien, avait un tuteur, mais pas de famille proche, ce qui explique qu'il a fallu quelques jours pour qu'on le découvre, le second était assez particulier. Il a toujours refusé de me répondre, durant quatorze ans, malgré plusieurs tentatives. Il avait eu un propriétaire au début avec qui il s'entendait bien et il n'a pas supporté qu'une fois ce propriétaire mort, son fils nous confie la gérance. Il nous ignorait et s'était mis à dos toute sa famille. Il était très seul et cela explique qu'il a fallu un bon mois pour le découvrir.
Dr CaSo, c'est un travail assez dur je pense, si ce n'est déjà l'odeur, et devoir nettoyer des appartements très dégradés par les fluides, je n'aurais aucune envie de faire cela.
Je suis enfin rassuré : vu le temps passé sans un seul article de toi, j'ai cru qu'il t'était arrivé la même chose ! 👨 J'avais même tenté de poster un commentaire. Sans succès !
Ton intuition était la bonne :-(
Gros bisous Valérie, et ne m'en veux pas mais je crois que je vais rester sur l'histoire du lave-vaisselle !
Calyste, non pour l'instant je suis bien en vie :D
DDC, je mentirai en disant que cela m'a fait de la peine. Je ne l'ai jamais eu au téléphone, il a toujours refusé de s'adresser au qui que ce soit de l'agence, il était apparemment assez particulier. C'est triste de mourir seul, il s'était coupé de tous.
Bon alors tu re-blogue et personne pour m'indiquer que tu re-blogues 'tain j'te jure !!
Premier réflexe le gonze il est locataire du même appart' depuis ses 18 ans... il y a propriétaires un peu chouinards quand même et pas un seul retard de loyer je parie, pas une seule réclamation...
Bleck
ah rebloguer est un peu excessif, j'essaie de reprendre le chemin. Et pour ce locataire, effectivement, il règle toujours régulièrement même si supposé mort depuis début juin. Il était (est ?) très casanier, sans aucune relation, famille qui ne veut pas entendre parler de lui. Histoire de vie triste
Enregistrer un commentaire