samedi 29 janvier 2022

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A qui as-tu pensé lorsque tu as décidé de nous quitter, nous tous qui t'aimions tant ?

Je t'imagine là bas, seul dans ta maison que nous ne connaitrons jamais, cette maison que tu reconstruisais si joliment, que nous découvrions au fil de tes messages, photos ensoleillées, et dans laquelle nous nous réjouissions de venir passer un week-end, au printemps sans doute.

La toute première fois que nous nous sommes rencontrés, c'était un soir dans ce foyer de jeunes travailleurs à Annemasse où nous avions créé une communauté joyeuse. Nous étions attablés, quelques potes, et picolions tranquillement. Tu nous avais abordés et après quelques phrases lancées avec cet accent qui ne t'a jamais quitté, je t'avais demandé d'où tu venais. D'un endroit où le vin est le meilleur du monde avais-tu répondu. Bordeaux ? Côte du Rhône ? Mais non avais-tu rugis, d'Alsace ! Et moi l'alsacienne revendiquée, j'avais été effarée de ne pas avoir reconnu cet accent strasbourgeois si typique. Nous étions tombés dans les bras l'un de l'autre et depuis nous nous aimions avec force, comme un frère et une soeur.

Tu étais la vie, pleine, folle, charnelle. Tu étais immortel, jusqu'à hier. Mais pourquoi, pourquoi ne m'as-tu pas appelé ? Pourquoi ?

J'écoute tes deux derniers messages de ce début d'année, j'écoute ta voix, je cherche une faille, comment n'avons nous pas entendu cette détresse ?

Me dire que plus jamais tu ne m'appelleras pour me dire que tu viens tout à l'heure, chargé de vin, de victuailles, parce que tu es remonté de ton Ardèche, que nous avons tant de choses à nous raconter, rire, écouter ta voix de stentor. Que plus jamais tu ne t'effondreras dans nos fauteuils qui craquaient lorsqu'ils te recevaient, toi qui avait tenté tant de fois de perdre du poids. Nous avions aussi cela en commun, la gourmandise. Toi tu aimais surtout le sucré, moi le salé, nous nous complétions, la voix forte, les douleurs cachées.

Oh Dominique, comment as-tu pu vouloir quitter cette vie, toi qui l'aimais tant.

17 commentaires:

Chantal a dit…

Oh comme je suis désolée et triste de lire ce billet hommage à Dominique, ami, frère ! Inconnu de moi bien sûr, un humain en souffrance au milieu de tant d'autres n'ayant pas su, pu, voulu appeler au secours, demander de l'aide. La perte est si douloureuse.
Je souhaite à tous, lui, vous, les lecteurs et lectrices de ce blog, la paix, la joie, la lumière, tout ce dont chacun d'entre nous a besoin au plus profond du coeur.
Je vous embrasse

Dr. CaSo a dit…

Je suis désolée et je t'envoie un gros hug, même si ça n'effacera pas ta peine.

Gilsoub a dit…

Grosses pensées...

Bleck a dit…

Toutes ces questions... ça doit être assez terrible.

Bleck

dieudeschats a dit…

Je ne sais pas quoi te dire Valérie, c'est tellement triste et violent... Je pense fort à toi et t'envoie de la douceur pour panser ta peine.

Valvita a dit…

La souffrance mentale est tellement puissante, la personne se sent si désespérée qu'elle ne veut pas faire souffrir les autres alors elle s'en va... Pour nous qui allons bien, c'est souvent incompréhensible.
Pensées pour toi.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je vous remercie pour vos mots...

Calyste a dit…

Moi aussi, j'ai eu un ami d'enfance, Yvon, un plus que frère (puisque nous avions quasiment été élevés ensemble)qui s'est suicidé, à mon nez et à ma barbe. C'est moi qui l'ai trouvé, pendu derrière sa porte. Je n'ai jamais oublié, si ce n'est la culpabilité. Je t'en souhaite autant. Où s'arrête la liberté des autres ? Bises.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, heureusement ce ne sont ni ses enfants, ni son ex compagne qui l'on retrouvé pendu, mais un voisin appelé par eux parce qu'il ne répondait pas au téléphone. Il y a toujours, toujours, un sentiment de culpabilité, plus ou moins fort. Moi, c'est que je ne prenais personne au téléphone après mon opération, j'avais tellement de mal à parler, et lors son dernier coup de fil où il a laissé un message, j'ai répondu par sms. Son fils m'a dit que la veille des amis l'ont vu, et qu'il semblait aller tout à fait bien. Je ne lui en veux pas, je suis juste très triste qu'il ait été seul ce soir là.

Ginou a dit…

Tellement désolée pour toi, c'est une épreuve doublement difficile à supporter; je sais.
Très affectueuses pensées.

Marie-Odile a dit…

Je pense à vous

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ginou et Marie Odile, merci 💔

Gilda a dit…

Je lis avec retard, mais n'en soutiens pas moins. Ai aussi connu ça, l'ami qui choisit de tout arrêter, sans aucun signes avant-coureurs et la culpabilité qu'on récupère malgré tout. Plus récemment : le très gravement malade, se sachant condamné, qui n'en avait rien dit et dont l'éloignement géographique protégeait le silence.
On ne peut pas grand chose face à ce qu'ils ont souhaité.
Merci d'avoir écrit ce délicat billet.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Gilda, nous l'avons enterré et étions nombreux. Nous avons évidemment parlé de lui et j'ai découvert un autre Dominique, il avait plusieurs facettes, et plusieurs savaient combien il allait mal. Il devait nous protéger de ses douleurs. Merci d'être passée là.

Anonyme a dit…

Je suis sincèrement très triste pour vous, cet acte n’est pas toujours prévisible hélas. Vous retrouver nombreux à ses obsèques a dû vous aider tous, pouvoir partager son chagrin c’est important.
Je t’embrasse bien fort Valérie, amicalement.

Anita

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci Anita 💕

manoudanslaforet a dit…

Douces pensées....