mardi 25 mai 2021

faire le tour d'une main

 Ce nouveau défi relayé par Dr CaSo me rend assez dubitative.

Je ne suis pas sujette aux attaques de panique, même si bien sûr j'ai eu dans ma vie des moments terrifiants liés à la situation dans laquelle je me trouvais, le viol, l'annonce de la maladie de G. puis de celle de JP, mais là, comme ça, dans ma vie habituelle, je suis assez capable de calmer mes coups de stress.

Parce que des coups de stress j'en ai régulièrement. Systématiquement  avant d'aller faire un état des lieux de sortie, j'ai toujours horreur d'en faire, et cela je pense jusqu'à la fin de ma vie pro. Lorsque je reçois une lettre recommandée, des résultats d'examens sanguins, parfois sur mon vélo, des trucs qui me donne un petit coup au coeur que je calme très vite, en général en respirant lentement et profondément. Mais des trucs qui feraient effondrer mon système je n'ai eu cela qu'une fois, et je ne me serai pas vu dessiner ma main comme le suggère le NYT à ce moment là.

Je rentrais seule après avoir laissé JP et deux amis finir leur soirée au bistrot place de la mairie. Je travaillais le lendemain tôt, eux étaient en week-end et voulaient encore boire une bière. Il faisait nuit, en janvier, la neige tombait doucement. Nous habitions au foyer des jeunes travailleurs, aucun logement n'étant à louer à l'époque, la pénurie sévère qui fait que maintenant la ville est recouverte d'immeubles sans charmes, mais que l'on peut enfin s'y loger sans problème. J'avais traversé la place de la mairie où quelques promeneurs se dépêchaient de rentrer, puis les deux parkings vident, je m'étais enfilée dans la rue de l'école maternelle, et là j'avais dépassé un homme vêtu d'une veste en mouton qui brillait sous la lune, j'avais trouvé cela si joli. Au bout de la rue, petite rue, je l'avais entendu courir, et brusquement il était face à moi, une cagoule noire sur le visage, un pistolet dans sa main droite. Eh bien là oui, j'ai eu une véritable attaque de panique. Mon coeur s'est arrêté, relancé immédiatement pas une énorme décharge d'adrénaline, et je n'ai plus quitté durant des semaines, cette sensation de panique absolue. Je crois que c'est la seule attaque de panique que j'ai eu. Le coup des doigts dessinant le contour de ma main n'aurait hélas pas pu me faire reprendre pieds. (*)

Par contre, tout à l'heure, lorsque je partirai pour faire la sortie d'un locataire qui n'est même pas le mien, mais dont la gestionnaire est en vacances, je testerai, tout en respirant lentement, calmement, de faire ce petit exercice. Je verrai si cela me rend le trajet en vélo plus serein.


(*) oui oui je sais je l'ai déjà raconté plusieurs fois, mais c'est le moment de ma vie qui m'a irrémédiablement changée.

4 commentaires:

Valvita a dit…

Je n'ose même pas imaginer ce que tu as dû ressentir cette nuit-là et les jours qui ont suivi. L'horreur absolue.
Bises

Valérie de Haute Savoie a dit…

Valvita heureusement que cela fait maintenant si longtemps que ce n'est que ma mémoire qui s'en souvient. Je n'ai plus d'angoisse en me promenant, même s'il a fallu quelques années pour ne plus tressaillir lorsque quelqu'un se mettait à courir derrière moi ;)

Dr. CaSo a dit…

Je pense qu'il y a panique et panique :) Ce que tu as ressenti lors de cet événement horrible était effectivement bien pire que la peur et panique qu'on peut ressentir lorsqu'on va chez son dentiste pour se faire arracher une dent, par exemple. Je ne pense pas que le NYT parlait d'événement comme ce que tu as vécu, mais peut-être plutôt les suites de ce que tu as vécu, chaque fois que tu as ensuit ressenti cette peur après l'événement-même. Ceci-dit, je suis bien contente que tu ne ressentes pas ce genre d'angoisse tous les jours :) (moi non plus, Dieu merci.)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Dr CaSo alors, je pense que je n'ai donc jamais de stress s'apparentant à de la panique. Mais hier avant mon état des lieux, j'ai fait le petit exercice :)