samedi 7 novembre 2020

Les gens qu'on aime #3

 quelqu'un qui nous fait rire


Nous nous étions retrouvés un soir, Nadia et ses potes qui sortaient de cours et moi qui venait de rentrer en Alsace. Nous avions écumé tous les troquets du centre en buvant nos bières, l'une derrière l'autre. C'était le début du week-end, et puisqu'à la fin nos porte-monnaies étaient vides, nous avions atterri chez Jean, dans son antre de célibataire, fringues jetées au sol, poubelles amoncelées dans le couloir, canettes vides autour du lit et cette odeur si particulière d'un manque certain d'aération. Il habitait dans une petite rue du centre, près de la mairie.  

Je revois encore ce grand lit où tous nous nous étions vautrés, et lui, au fond du couloir, pissant debout cette bière, décontracté, la tête dépassant l'encadrement, lancé dans une sombre histoire de cellule dont le rapport avec les prisons m'échappe aujourd'hui, mais qui nous paraissait alors tenir du génie, de l'évidence, et qui nous faisait rire, rire à en pleurer, hoquetant suppliant qu'il arrête pour qu'au moins nous puissions reprendre notre souffle. Avais-je déjà autant ri ? 

Je l'avais rencontré aux Beaux Arts, il s'était assis à côté de moi, nous avions passé quelques mois l'un à côté de l'autre et puis j'étais partie, à la comédie de St Etienne, laissant ma vie mulhousienne loin derrière moi. Ce soir là je retrouvais la petite bande, et lui qui tenait à peine debout tant il était saoul. 

Est-ce là que je suis tombée follement amoureuse ? Certes il était d'une beauté qui faisait rêver toutes les filles alentours, mais son humour lui seul m'aurait fait succomber. Mon manque de confiance en moi, ma timidité extrême cachée sous une gouaille éclatante, faisait que je n'aurai jamais imaginé qu'il puisse me regarder. Achevés par la bière, le rire, nous nous étions écroulés, Jean, lui et moi, sur ce lit immense. Nadia était rentrée chez elle, je ne sais plus si j'ai réussi à fermer les yeux. 

Le lendemain, à peine réveillé, la tête embrumée, buvant un café noir dans des tasses ébréchées, il nous avait à nouveau embarqué dans cet humour qui ne l'a jamais quitté.

Et cela fait 39 ans que JP me fait rire.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Une très belle histoire d'amour. Bon week-end à vous deux

Odile

Anthom a dit…

Une pépite ce texte!
Mon homme à moi aussi savait me faire rire et son rire était si bon!

Marie a dit…

Jolie histoire et bel happe end!
Bon week-end

C a dit…

❤️

Ginou a dit…

Quelle belle histoire ! Bon week-end à vous deux !

Cathclaire a dit…

C'est bien joli comme histoire. Ça fait longtemps que mon mari ne me fait plus rire, c'est dommage.

Calyste a dit…

Si tout ça a eu lieu un 07 novembre, c'est bon signe (je sais de quoi je parle !).
Je ne savais pas que tu étais allée à la Comédie de Saint-Etienne. Décidément, je m'étonne encore une fois que nos chemins ne se soient jamais croisés !

Dr. CaSo a dit…

39 ans? Ouah, félicitations :) (Mes histoires ont souvent des conclusions un peu tristes alors je suis contente que les tiennent finissent mieux!)

dany a dit…

jolie histoire d'amour !!!

Bleck a dit…

Trés beau billet, jolie histoire.

Bleck

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci Odile 💚

Anthom, cela efface tant de choses

Merci Marie 💛

C. il est beau ton père hein 😉

Ginou merci 🧡

Cathclaire oh oui vraiment dommage !

Calyste, non je ne pense pas que c'était un 7 novembre, avant le 14/02/81 c'est sûr, mais la date précise aucune idée.

Dr CaSo 39 ans oui mais pas sans mal évidemment 😉

dany et Bleck merci 😊

Mariedézalpes a dit…

Oh c'est tellement bien raconté ! J'aime beaucoup cette série, et tu écris divinement bien ! Merci Valérie

Valérie de Haute Savoie a dit…

C'est gentil Mariedézalpes

Cara a dit…

Quelle magnifique histoire, si bien racontée.

C'est beau de tomber amoureuse, et d'être encore bien avec cette personne si longtemps après.

Valérie de Haute Savoie a dit…

ah tu sais parfois ça pète grave entre nous :D