vendredi 6 novembre 2020

Les gens qu'on aime #2


 quelqu'un avec qui on a voyagé

Elle avait reçu à Noël un cadeau un peu empoisonné. L'homme qu'elle allait quitter lui avait offert un voyage pour deux personnes, avion-hôtel, pour la Guadeloupe. Un voyage de la dernière chance pour lui, une occasion pour le faire rager en y emmenant une copine à sa place pour elle. Elle m'avait donc choisie, et j'en avais été ébahie.

Une quinzaine de jours sur une île que je ne connaissais pas, alors que le printemps encore frais sévissait en haute Savoie. Laisser seul JP avec G., partir alors que financièrement nous étions un peu juste, la tentation était trop grande, quinze jours avec celle qui était devenue une amie, bien plus qu'une collègue, je n'avais pas mis longtemps à lui dire oui. 

Nous étions devenues amies très rapidement après nous être rencontrées dans l'agence où je travaillais. Elle était formatrice, je m'occupais de toute l'administration et la comptabilité. Elle avait un nom à particule, respirait cette facilité de ceux qui sont nés au bon endroit, entourés de légèreté, sûre d'elle, avec un port altier assumé. Mais elle avait ce grain de folie que seul la sécurité d'une enfance entourée permettait, et qui lui donnait un charme certain. Nous étions devenues très complices. Elle faisait partie de notre vie, nous passions les week-end ensemble, Nouvel-an, les anniversaires, nous étions amies tout simplement.

Alors partir ensemble toutes les deux me réjouissait. Nous avions déjà programmé ces quinze jours de fêtes, de découvertes, de farniente à bronzer sur la plage, sirotant des Ti Punch en nous racontant nos vies.

Et c'est ce que nous avons fait, trois jours durant, jusqu'à ce qu'un matin elle me prévienne que son ex arrivait et qu'il l'embarquait pour Saint Martin. Bien sûr je pouvais rester, profiter de l'hôtel, tout était réglé déjà, elle reviendrait normalement deux jours avant notre retour, salut, amuse-toi bien. 

J'avais servi sans doute à pimenter leur histoire d'amour finissante, je n'allais pas me laisser abattre, et j'ai parcouru l'île en bus et à pied avec un charmant jeune homme rencontré dans l'hôtel. Je garde un très bon souvenir de ce voyage. Deux jours avant le départ, Barbara est revenue, râlant contre ce Saint Martin si insipide, si cher, si peu exotique, cet amant jaloux, ces vacances ratées. 

Nous sommes restées amies, mais cela a malgré tout laissé une fêlure, et je n'ai guère été étonnée lorsqu'un jour, alors qu'elle avait juré ses grands dieux que jamais, jamais elle ne trahirait une promesse qu'elle m'avait faite, je me suis retrouvée dans une situation infecte à cause d'elle. 

Alors j'ai refermé la porte de cette amitié, gardant les bons moments dont ce voyage fait partie. 

7 commentaires:

Mariedézalpes a dit…

Mais comme tu racontes bien Valérie !
Merci !

Dr. CaSo a dit…

J'ai l'impression qu'il y a des gens qu'on rencontre à certains moments de notre vie parce qu'on a besoin d'eux (ou ils ont besoin de nous) à ce moment particulier... et puis ça se termine.

Valvita a dit…

C'est joli comme tu conclus. Ces amitiés qui sont un poil toxique mais que l'on cultive quand même...

Anonyme a dit…

Quelle expérience. Avec le recul, tu peux paraître détachée, mais je pense qu’elle t’a blessée. Tant pis pour elle !

Anita

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci Mariedézalpes 💙

Dr CaSo oui, c'est un peu triste, mais les chemins ne peuvent rester parallèles.

Valvita, toxiques je n'en suis pas sûre, seulement éphémères

Anita, "çé la vie 🙃"

Cara a dit…

Quelle drôle de manière d'agir elle a eue...
Heureusement que tu as su profiter, malgré tout.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Cara, je dirai qu'elle était assez égocentrique, et qu'elle n'a pas dû voir combien elle me laissait dépourvue.