mardi 26 février 2019

L'étage de moins

Ma tablette sous le bras, je vais préparer un état des lieux d'un nouvel appartement que je viens d'avoir en gérance. L'immeuble est en finition, pas d'espaces verts encore, des ouvriers assis sur le béton au soleil posent des gros clous sur le sol pour baliser un passage piétons, d'autres installent les interrupteurs des communs, au sol du plâtre, des bouts de tuyaux, pas de numéro de bâtiment.
L'ascenseur n'est pas fonctionnel, je grimpe les marches et enfonce la clef dans la porte, mais immédiatement un ouvrier me l'ouvre et dans un français hésitant me dit être là pour une fuite de la chasse d'eau.
On fait un petit tour de l'appartement puis il file vers d'autres réparations demandées et je m'attaque à l'état des lieux.
D'abord l'entrée, puis la chambre, salle de bain, séjour-cuisine et enfin le balcon. Il y a des malfaçons, plein de traces sur les murs, une grosse reprise au plafond, des cylindres qui ne tournent pas, je note très précisément, les appliques murales tiennent tout juste. Je vais je crois, envoyer l'état des lieux avec photos aux propriétaires. Je ne sais si les réserves sont faites, cela leur permettra de voir l'état actuel du logement. J'y reste une bonne heure, un peu plus même, il est seize heures vingt lorsqu'enfin je peux m'en aller.
Mais ! Impossible de refermer la porte, la clef ne tourne pas. Délicatement je tente de faire tourner le cylindre, peut être que le plombier avait une clef de chantier ?
Je redescends les escaliers et cherche un ouvrier pour lui signaler d'aller refermer la porte. Le risque qu'un squatteur s'installe, même le temps d'une nuit, est grand, et je ne voudrai pas être responsable de dégradations. Le plombier a disparu, en partant m'étonnant qu'il avait la clef de l'appartement, il m'avait dit qu'il y avait un local dans lequel on trouvait tous les doubles. L'électricien qui ne travaille que dans les parties communes ne voit pas de quoi je parle.
Nous sommes sur le parking, devant l'immeuble, le soleil illumine la façade "Quel est le numéro de l'appartement ? me demande t-il. Aucune idée, mais je lui montre le panneau de l'agence accroché sur le balcon, mhmmm le balcon... dont le garde-corps n'a rien à voir avec celui de l'appartement dont je viens de faire consciencieusement l'état des lieux. Celui sur lequel est posé le panneau est en acier noir, juste au dessus, malheur, de celui, le seul d'ailleurs, qui à un garde corps avec des plaques de verre blanc mat... comme je viens de le noter sur ma tablette...
Eh merde, je viens de faire l'état des lieux d'un autre appartement. Je peste intérieurement, remonte les escaliers, ouvre sans aucune difficulté le bon appartement, fais un tour rapide, prends des photos, c'est exactement la même composition, mieux fini, avec des faïences un peu différentes, une cuisine plus complète et mieux installée. Je ne peux corriger l'état des lieux fait sur tablette, je n'ai ni le temps ni le courage.
Je repars, pestant de ce temps perdu. Sur la route, en retournant à l'agence, je pense soudain que ma collègue a eu elle aussi une nouvelle gérance dans cet immeuble, et après vérifications il se trouve que c'est justement l'état des lieux que je viens de faire. La voilà avancée, il suffit juste, grâce à une manip un peu sioux, de placer  mon état des lieux sur son lot.
Pour ma part, il me faudra corriger sur place les différences de couleur, de traces, de matériel.

Comment faire une BA à l'insu de son plein gré !

6 commentaires:

Calyste a dit…

Quand j'étais ado et encore chez mes parents, je me suis trompé d'étage et je suis entré chez les voisins du dessous. En me déchaussant, j'ai été surpris de voir qu'il y avait une moquette à la place du parquet. Je n'étais pourtant sorti que quelques minutes ! Comment mes parents avaient-ils fait aussi vite pour l'installer ? En relevant la tête, j'ai vu apparaître la voisine, hilare.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, cela me rappelle la fois où un voisin âgé avait débarqué chez nous et fait un scandale disant qu'il allait appeler les flics parce qu'on était chez lui. J'ai eu un mal fou à lui faire prendre conscience qu'il s'était trompé d'étage :D

Anonyme a dit…

Voilà une dizaine d'années, il était aux environs de 19 h 30 je vois un type que je ne connais pas descendre tranquillement l'escalier commun de notre immeuble suivi deux minutes plus tard par Robert mon voisin/copain du dessus... Robert est nu, une (petite) serviette de toilette ceinturant sa taille Robert est trempé et les cheveux mousseux de shampoing, calme très calme... alors que je regarde interloqué les bras m'en tombant, j'entends encore Robert me dire "ce Monsieur sort de chez moi !"
Lorsque j'entends une altercation sur le trottoir, je sors et vois mes deux types s'expliquer. Il s'agissait d'un autre voisin qui était complétement saoul (sa femme venait de le quitter) il rentrait simplement chez lui c'était bien le bon étage du bon immeuble, le bon numéro d 'appartement mais il s'était trompé d'entrée d'immeuble !
On en a ri pendant des années, Robert et moi, des années !!

Bleck

Valérie de Haute Savoie a dit…

Bleck, l'alcool ou la vieillesse :) Heureusement que pour moi il s'agissait d'une erreur en raison de la prise en compte d'un étage en sous-sol :) Mais j'avoue que cela me contrarie puisque je dois faire le vrai état de lieux tout à l'heure et que du coup celui que j'ai n'ai pas exacte.

Dr. CaSo a dit…

Huhuh, tout à fait un truc que je pourrais faire, moi aussi :)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Dr CaSo, la chance que j'ai eu, c'est que les deux appartements se ressemblent tellement, que vendredi j'ai fait l'état des lieux du bon logement, avec la nouvelle locataire, et que je n'ai eu à rectifier que les meubles et enlever les malfaçons, celui-ci étant en bien meilleur état :)