vendredi 18 mai 2018

Suggestions

Je lis, lentement, lettre après lettre, la correspondance d'Albert Camus et Maria Casares, en parallèle d'autres livres que voici :

Elena Ferrante L'enfant perdue
Voilà la suite de "l'amitié" entre Lila et Elena. Elles se retrouvent à Naples, se déchirent, semblent revivre une sorte de complicité. Mais ce qui en ressort est plus proche de la haine que de l'amour. J'apprends qu'Elena Ferrante n'existerait pas, tout comme Romain Gary, il semble que l'auteur ait pris un pseudonyme et qu'il s'agirait d'un homme. Cela expliquerait la personnalité d'Elena qui est très masculine dans sa façon de penser. J'ai trouvé le livre long, sombre, triste. C'est toutefois bien de tirer un trait sur cette histoire, mais ce n'est pas indispensable.

Gabriel Tallent My absolute darling Avant de commencer ce livre, j'avais évité de lire les critiques trop détaillées et c'est tant mieux. Ne rien en savoir et entrer dans ces paysages encore verdoyants et sauvages m'a plongée immédiatement dans l'univers de cette famille. Un petite fille que son père nomme croquette, qui grandit dans cette maison presque seule avec lui qui l'aime d'un amour absolu. Elle va à l'école, grandit, il faut la suivre dans sa découverte, trembler et espérer. Oui je conseille ce livre qui est beau, terrible mais vraiment beau.

Je suis allée déposer quelques livres dans la petite bibliothèque de rue, et deux livres semblaient intéressants. J'en ai vaguement parcouru quelques feuilles et je les ai emporter prévoyant le long week end du premier mai. Les deux m'ont plu, deux histoires de secrets de famille :

Dörte Hansen A l'ombre des cerisiers, raconte l'histoire d'une petite fille arrivée avec sa mère en 1945 dans un village allemand. Elles sont deux réfugiées, et sont recueillies par une des villageoises. La cohabitation n'est pas merveilleuse, la mère partira un jour laissant sa fille Véra, pour refaire sa vie avec un homme dont elle aura deux enfants. Véra restera dans cette maison, une fois tous les autres habitants disparus, et un jour sa nièce débarquera, comme elle, trouver refuge alors que son couple vient d'exploser. C'est une jolie histoire, bien écrite, pleine de poésie.

Maggie O'Farell Cette main qui a pris la mienne, raconte deux histoires parallèles qui se rencontreront à la fin. L'une se passe au tout début des années soixante, l'autre est contemporaine. Alexandra vit avec ses parents et ne rêve que d'une chose, quitter sa campagne et découvrir Londres. Elle rencontre un homme, par hasard, qui lui donne le courage de partir. A Londres elle s'installe dans une pension de femmes seules, travaille dans un grand magasin, avant de retrouver le journaliste qui lui mettra le pied à l'étrier. L'autre femme Elina, qui vient d'accoucher, se débat dans ce nouveau rôle de mère, arrête de peindre, trop épuisée, et surtout, voit son couple se désagréger sans qu'elle en comprenne la raison. Je n'avais pas réalisé que cette auteur était celle qui avant écrit l'étrange disparition d'Esme Lennox que j'avais beaucoup aimé. Ce livre là m'a laissé une tristesse lancinante, qui ne m'a quittée que quelques heures après avoir fini le livre. C'est une jolie histoire.

Camilla Grebe Un cri sous la glace Très bon polar jusqu'au bout ! L'histoire est découpée par personnages, les trois principaux acteurs, Emma, une jeune femme fiancée en secret à son patron dirigeant d'un grand groupe de mode type HetM, Peter le policier chargé de l'enquête n'ayant évidemment pas une vie privée simple, et Hanne profileuse qui s'est mis à la retraite parce qu'atteinte d'une maladie qui lui fait perdre la mémoire. L'histoire se passe à Stockholm, au début de l'hiver, une femme a été trouvée la gorge tranchée dans la maison du fiancé d'Emma, et celle-ci a disparu. Je n'en dis pas plus, pour qui aime ce type de livre, je vous le conseille.

Andrea Maria Schenkel Le Bracelet Carl Schwarz quitte l'Allemagne avec sa mère, sa sœur et son père, pour se réfugier à Shangaï, le sort des juifs devenant de plus en plus incertain. Au dernier moment le père, ne pouvant imaginer que l'Allemagne à qui il a tellement donné, puisse le trahir, refuse de monter dans le bateau et retourne chez lui. Parallèlement, une jeune fille, ayant fauté avant le mariage, est envoyée chez une de ses tantes, à Munich. Chargée d'aider cette tante, elle apprend les bonnes manières et découvre ses activités pas vraiment légales. Il y a la longue traversée sur le bateau où la famille Schwartz fait le connaissance d'autres juifs qui émigrent. Et l'on suit les premiers pas d'Erna dans la société munichoise en plein guerre. Très vite l'on sait ce qu'est devenu Carl, marié à Emmi, vivant aux Etat Unis. Petit à petit l'histoire se construit. J'ai bien aimé ce livre, très agréable à lire.

Philippe Lançon Le Lambeau J'ai depuis longtemps un grand plaisir à lire Philippe Lançon, essentiellement comme journaliste à Libé, puis Charlie Hebdo. Lorsque l'attentat qui a décimé l'équipe de Charlie est arrivé, j'était effondrée. Perdre d'un coup tant de dessinateurs qui me faisaient rire, cette violence insupportable, cette haine misérable, m'a réellement bouleversée. Alors comme beaucoup, pour affirmer mon soutien, je me suis abonnée à Charlie Hebdo, moi qui aime tant aller dans un kiosque acheter des journaux. Je recevais mon Charlie, bien protégé par l'enveloppe argenté qui ne laissait rien deviner. Et mon tout premier plaisir était de lire la chronique de Philippe Lançon. Lorsque son livre est sorti, je l'ai acheté et profitant de ces longs week-end, je l'ai dévoré. Il n'y a rien à dire, si ce n'est qu'il faut le lire.

9 commentaires:

Bellzouzou a dit…

Le lambeau est sur ma table de chevet.

DoMi a dit…

Je pense souvent à Charb, que je continue de voir, ses yeux tellement agrandis par ses verres. Les samedis où il ne passait pas au cassetin pour tailler un brin de causette, parce qu'en vacances ou pour cause de rv extérieur, il manquait quelque chose... Durant un temps je l'ai régulièrement croisé, rue des Pyrénées,et parfois il me semble revoir sa silhouette.

Chantal a dit…

Je lis Le lambeau, il me paraît être un livre vrai, fort, sensible, intelligent, posant des questions, avec un style et une écriture. Je suis touchée et émue lorsque je l'ouvre. L'impression (ce n'en est pas vraiment une) d'avoir affaire à un survivant, je dois ajouter qu'il ne nous entraîne pas du tout dans le sensationnel, le voyeurisme, le pathos... Une certaine forme de mise à nu, sincérité que je trouve passionnante.
Bon long week-end

Dr. CaSo a dit…

Il y a très longtemps, j'ai passé tout un été à scanner/corriger les Carnets de Camus et j'en ai profité pour les lire, c'était passionnant :)

Sylvie a dit…

Les Carnets de Camus ?!
Vous m'impressionnez Dr CaSo!

Sylvie a dit…

Je n'ai toujours pas lu Elena Ferrante.
J'ai pourtant depuis longtemps les deux premiers tomes, mais je n'arrive pas à m'y mettre!

Mel a dit…

C'était plutôt une bonne moisson, alors ! J'ai lu il y a quelques années le Maggie O'Farrell qui m'avait un peu déçue (parce que j'avais lu tant d'éloges sur son compte, comme quoi...).

Calyste a dit…

Tu me diras ce que tu as pensé de la correspondance Camus/Casares. Ça m'intéresse bigrement.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Belzouzou, je suis incapable de lire au lit, je m'endors tout de suite. Mes livres en attente, sont sur mon bureau :D

DoMi, ah Charb, j'adorais ses dessins.

Chantal, oui c'est déjà ce qui me plaisait dans ses billets écrits dans Charlie Hebdo

Dr CaSo, je n'ai pas lu grand chose de camus, du moins j'ai lu des livres lorsque j'étais très jeune, il faudrait que je relise un ou deux livres lorsque j'aurai fini la correspondance (énorme pavé)

Sylvie, j'ai bien aimé les premiers, mais celui-ci m'a semblé vraiment trop noir

Mel, c'est souvent le cas, j'ai été déçue plusieurs fois en lisant un livre qui m'avait été présenté comme exceptionnel, et je suis tombée sous le charme de livre dont je n'avais jamais entendu parlé. C'est pour cela que je lis le moins possible de critique d'un livre qui me tente, pour le découvrir sans trop de préjugés. Et c'est aussi pour cela que mes billets lectures sont très succincts pour ne rien déflorer.

Calyste, j'en ai pour un moment tu sais. Le livre est énorme et entre temps je lis d'autres livres.