vendredi 28 mai 2010

Sainte Sarah, vierge noire.

Sous un parasol, nous dégustons notre petit déjeuner. Je lis un polar, JP envoie des photos de notre séjour sur sa page Facebook, il fait tellement beau, des mouettes s'énervent contre une sorte de gros poussin gris, perché en haut du toit, qui piaille. Où irons-nous aujourd'hui ? Je lève le nez de mon livre - Pourquoi pas Les Saintes Marie de la mer ?
Nous avons rendu les clefs après un bref ménage, il est dix heures, nous quittons le Grau du Roi.

Nous prenons les petites routes, croisons quelques belges, arrivés au bac du sauvage une dizaine de voitures patientent devant les barrières fermées, l'attente est d'au moins une heure, nous faisons demi-tour. Aux Saintes Marie il y a foule, inutile de s'obstiner, nous sortons de la ville, c'est tout au bout d'une longue longue file de voitures garées contre les étangs que nous laissons l'Insight, et traversons des champs piétinés par une multitude de sabots qui ont laissé leurs empreintes gravées dans la terre sèche, bordés par des buissons de salicorne. J'en croque une, le soleil brûle nos épaules.

En arrivant aux portes de la ville, nous croisons des gitanes aux cheveux noirs jais, relevés par de grosses fleurs rouge, rose, jaune, habillées de robes à volants, de hauts très hauts talons, traînant des petites filles clones des grandes. Des groupes chantent, frappent dans les mains, faisant danser en riant ces volants qui deviennent corolles, certes j'associais les Saintes Marie aux gitans, mais n'imaginais pas atterrir dans un folklore aussi caricatural. Est-ce pour contenter les touristes demandai-je à JP ? Coincés, serrés dans la marée de robes, de guitares, de glaces italiennes et de vendeur de souvenirs, nous nous laissons séduire.
Le nez en l'air, admirant la magnifique église de pierre blanche, je n'ai pas vu venir la gitane qui m'accroche sur le haut de la robe, une petite médaille en métal où une sainte vierge bleue prie, le visage tourné vers le ciel. Inutile de me battre, elle en veut dix euros je n'en ai que quatre que je lui abandonne après avoir été bénie. Nous entrons dans cette si belle église, une foule bruyante arpente les allées, dans les vitrines des cadeaux sont rangés, couronnes de pacotille empilées les unes sur les autres, vierges dorées, blanches et bleutées, médailles et ex-voto en pagaille. Au milieu, la crypte où se presse une foule recueillie, nous descendons et sommes brutalement jetés dans une fournaise. Des centaines de bougies allumées rendent quasiment l'air irrespirable, malgré la chaleur étouffante, dans un murmure sourd et continu, la foule lentement avance vers une vierge noire surchargée de tissus dont chacun caresse tendrement le visage avant de se signer et ressortir. Je meurs de chaud, vite je veux de l'air !
Nous nous asseyons au café du poète, le coca est glacé, je regarde ces petites filles chaussées de ballerines à pois et talons, qui tiennent les robes de leurs mères pour ne pas les perdre dans la foule. Pourquoi y a-t-il tant de photographes armés d'énormes objectifs qui mitraillent constamment les si jeunes et si belles gitanes qui n'en ont que faire. Dans l'église déjà, une estrade portait un panneau indiquant qu'elle était réservée à la télévision.
Nous croquons un Kebab, arpentons encore une heure les pavés, allons tremper nos pieds dans la mer, puis reprenons la route, direction Arles.

Je t'assure, me dit JP, la gitane parlait d'un pèlerinage. Il conduit, je pianote sur l'iPhone "pèlerinage, Saintes Marie de la mer" et Google me répond 24 mai... aujourd'hui !

C'était donc cela !

5 commentaires:

Pablo*NSN a dit…

Ah, alors vous avez eu de la chance ! Remarque, vous pouvez y retourner en ctobre ! ;-)

Olivier Autissier a dit…

Déjà qu'il y a foule hors pèlerinage, alors j'imagine quand il bat son plein.
J'avais été stupéfait aussi par la chaleur que provoquent ces bougies.
Enfin, pour le Bac du Sauvage, tu n'as pas eu de bol. Je l'ai pris des dizaines de fois et jamais n'y ai attendu plus d'un quart d'heure.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Pablo, contente de te revoir ici :) A vrai dire, je reconnais avoir regretté ne pas savoir que nous étions effectivement là un jour exceptionnel. J'aurais goûté le plaisir d'y participer un peu plutôt que de penser avoir été juste mêlée à une grande foire touristique.

Olivier, la chaleur n'était pas estivale, il y avait un air doux venu de la mer, mais j'imagine aisément l'été combien cela peut être étouffant.
Pour le bac, si nous n'étions pas là que pour quelques heures, nous aurions attendu tranquillement, mais là, nous étions la dixième voiture de la file, et le bas n'arrivait qu'une demie heure plus tard. On n'aurait pu le prendre là et aurions encore attendu. Du coup nous avons préféré reprendre la route dans l'autre sens. J'ai regardé une petite vidéo sur internet pour me donner une idée :)

Jipes a dit…

Etape incontournable, j'aime bien ta facon de raconter ces moments on s'y imagine sans peine ;o) Nous y étions un jour de temête de sable (pas moyen de se tenir debout près des plages) Jolie petite ville !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Il faudrait que l'on y retourne un jour sans pèlerinage pour pouvoir voir la ville, là je t'avoue que nous n'en avons quasiment rien vue tant il y avait de monde.