dimanche 28 mars 2010

vingt huit...

Le Zoo de Mulhouse était un peu notre jardin, aux premiers beaux jours, maman nous cueillait à la sortie de l'école et nous partions pic-niquer en famille à l'ombre des flamands roses. A l'entrée, nous présentions notre "carte familiale" et dès le portillon passé, courrions à travers les allées de dahlias. Nous choisissions le banc où l'on poserait le panier rempli de sandwichs, en attrapions un, et filions voir les macaques. Ils étaient en semi liberté dans une grande fosse à ciel ouvert, et tout en mordant dans le pain frais, nous régalions de leurs jeux, leurs bagarres et leurs acrobaties.

Nous connaissions le moindre recoin, avions chacun nos animaux favoris. T. par exemple aimait les antilopes naines, H. rêvait devant les bisons, j'adorais les singes bien qu'il me fallait me boucher le nez avant d'entrer dans certains bâtiments. J. aimait les ours, mais les craignait, alors que notre petit frère était fasciné par les loups qui hurlaient en tendant leurs cous vers le ciel.

C'était notre zoo... Et le papa d'Hélène en était le directeur !

Certains jeudis, elle m'invitait, chez elle, dans mon zoo. Il me fallait grimper le boulevard Léon Gambetta, tout en haut, presque jusqu'au premier parking devant l'entrée principale. Un peu avant, cachée par les hauts arbres, se trouvait une grille, où je pouvais entrer, privilège des privilèges, sans présenter ma carte d'abonnement familial.
Elle venait m'ouvrir et nous nous enfoncions dans une sorte de jungle protégeant du regard des passants, sa maison.

La toute première fois, je me l'étais imaginée, vivant au milieu des chimpanzés et des oiseaux, un peu déçue de voir que sa maison ressemblait à n'importe quelle autre maison. Mais tout de même, y vivait là un tout petit fennec, orphelin. Il déboulait dans le séjour, ses immenses oreilles en éventail, malicieux, se jetait sur le biberon tendu, tétait goulûment et repartait dans ses folles galopades, libre comme l'air. Il y avait aussi, un perroquet se remettant d'une chute, qui loin de raconter sa vie, poussait de grands cris qui nous faisaient sursauter et rire.

Nous restions dans cette partie du zoo, interdite au public, loin des hululements des gibbons et feulements de fauve. Nous jouions simplement à l'école ou à la poupée.

J'aimais les deux côtés, celui des animaux et des grands espaces, et celui-là, intime, où vivaient protégés, quelques convalescents ou trop petit pour se débrouiller seuls.

Et le soir, lorsqu'à table je racontais les folles cabrioles du renard des sables, je voyais briller les yeux envieux, de tous mes frères et sœur, me gardant bien de dire que nous n'avions rien fait de plus que jouer simplement.


13 commentaires:

Hermione a dit…

Le zoo de Mulhouse... on y a fait un voyage de fin d'année quand je devais être en 5ème. Le dos de ma veste en jean que j'adorais a craqué dans le bus du retour !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Aïe dommage pour ta veste en jean. Mais qu'est ce qui l'a fait craquer ?
De toute façon cela devait être bien après l'époque où j'allais chez mon amie, parce que je situerais cela aux alentours des années 66 à 68 maxi ;)

Hermione a dit…

C'est ma copine Evelyne, plus large d'épaules que moi, qui l'avait essayée ! Sinon ça devait être vers 74 ou 75, c'est pour ça qu'on ne s'est pas croisées ;)

Oxygène a dit…

Cela fait très longtemps que je ne suis pas allée visiter un ZOO et je crois bien que ma dernière visite a été pour le Parc de la Tête d'Or.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Hermione, c'est amusant de penser que tu es passée à Mulhouse alors que j'y étais encore :)

Oxygène, le parc de la tête d'Or est plus un très beau parc qu'un Zoo non ? Il faut dire que la dernière fois que j'y étais il était lui en rénovation et les animaux pour la plupart absents.

Tili a dit…

Ca devait être vraiment merveilleux :-)

Eperra a dit…

J'ai un souvenir d'enfance lié à un jeune fennec que mon parrain avait eu l'idée saugrenue de ramener du Sahara pour l'offrir à ses parents au Pays Basque. Bien sûr, ceux-ci n'en voulaient pas et mon père s'est dévoué pour le ramener avec nous à La Flèche à notre retour de vacances. Je te laisse imaginer la traversée de toute la France (sans autoroutes) dans les années 65/66, à 4 dans une Ondine Renault (non climatisée) en plein été ! La bestiole est charmante mais pue ... le fennec ! Nous n'en pouvions plus à la fin. Mais heureusement, à notre arrivée, le directeur du Tertre Rouge, le fameux zoo de La Flèche, a bien voulu se charger de notre protégé.

Valérie de Haute Savoie a dit…

C'est vrai que l'on a du mal à imaginer combien ces si ravissants petits animaux peuvent sentir mauvais Ppn :D Mais je trouve ton histoire incroyable. Y es-tu retourner pour le revoir, dans ce zoo ?

Tili, en Afrique tu as dû en voir non ?

Pablo a dit…

Je comprends bien la jalousie de tes frères et soeur : si j'avais eu un copain ou une copine comme Hélène, j'aurais imaginé plein d'aventures dans un zoo rien que pour nous deux...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tu aurais imaginé, et peut être que tout comme moi tu serais resté à jouer tranquillement dans la maison, sans faire d'excursion dans le Zoo ;)

Jipes a dit…

Toujours aussi évocatrice tes notes Valérie tu as le don pour ca !

Le Zoo a bien changé mais plutôt en mieux avec une nouvelle entrée avec boutique, plus d'espace pour les animaux (ils attaquent la rénovation des enclos des Ours) et puis de jolis espaces de fleurs et plantes aromatiques !

Floh a dit…

Je veux le mêêêêêêmeeeeeee!! (avec le raton laveur que je réclamais tant à mes parents quand j'étais petite! :) )

Valérie de Haute Savoie a dit…

Jipes, j'y suis retournée en passant par la nouvelle entrée (supérieure non ?) Évidemment j'étais légèrement nostalgique de l'ancienne ;)

Floh, après avoir lu le commentaire de la Petite Poule noire, es-tu sûre de toi ? :D
Mais ce petit air de Jumbo est plus que charmant je l'avoue ;)