jeudi 18 mars 2010

Dix huit

Si je n'avais pas eu peur qu'il lise à l'intérieur de ma tête, assis sur son nuage, je crois bien que j'aurais pensé que "franchement ça gâchait quand même un peu le week-end !"
Parce qu'au début de ma vie, non seulement on ne pouvait y aller que le dimanche, mais en plus il fallait avoir le ventre vide, tout ça pour être assis des heures sur un banc qui faisait mal aux fesses tellement il était dur.
En famille, sagement, on suivait papa, et nos pas résonnaient sur le sol. L'un derrière l'autre, dans l'allée centrale sauf si l'on était en retard, alors là on marchait tous sur la pointe des pieds, le dos un peu courbé pour qu'ils ne nous repère pas. Papa aimait bien être devant, moi plus j'étais près de la grosse porte en bois sculptée, plus j'avais l'impression que l'on pourrait filer dès la fin de la torture.
Hop hop hop hop on se glissait sur le banc et l'attente commençait.
Regarder en l'air les voutes dont les pierres se rejoignaient au centre donnant le vertige, ou juste dessous, le chemin de croix, avec ce pauvre Jésus que sa mère pleurait, serrant si fort les mains, brrrr des frissons de tristesse pendant que le soleil faisait jouer sur les bancs et les colonnes les couleurs des vitraux.
Enfin le prêtre arrivait et tous le monde se levait en faisait craquer fort le bois dur.
Lever, assis, lever, assis ! Parfois l'engourdissement me faisait somnoler et je me levais en retard, oups vite ! On répétait sagement des trucs incompréhensibles mais aussi, nous chantions ! Et là, brusquement j'oubliais mon ennui, je me levais bien droite, sentant les frissons lentement m'envahir, je chantais. Même les tout petits bouts de chansons, les amen, les et avec votre (ou notre ?) esprit, les petits trucs pour répondre au bargouilli du prêtre, tout me sortait de ma léthargie.
Il y en avait un que j'aimais par dessus tout, qui me donnait envie de pleurer de bonheur, me transportait au delà de tout, qui me faisait aimer la messe, les hommes, la vie...
La quintessence du chant religieux !



J'y mettais toute mon âme... J'aurais tant voulu retenir le temps...

10 commentaires:

Pablo a dit…

Et l'odeur des cierges (et eventuellement de l'encens) ? Avec ces odeurs, les chants et le son de l'orgue deviennent sublimes (enfin, dans mes souvenirs d'enfance).

Jipes a dit…

"Kirie eleisson" ca ca m'a marqué je fais partie des "vieux" qui ont connu la messe en latin, c'est vrai que la Messe avait quelque chose de fascinant surtout les chants en effet même si les prêtres n'etaient pas toujours de très bons interprètes ;o).

Hermione a dit…

Je ne te connais pas mais je te lis depuis longtemps. C'est marrant, j'ai l'impression que ton enfance un peu bcbg ne te ressemble pas. Mais je me trompe sûrement...

Madeleine a dit…

La très bonne acoustique dans les églises donne toujours des frissons quelque soit la musique ! Je me souviens d'un concert de jazz ... mieux que des cantiques :)

Unknown a dit…

Comme ils sont bons, tes souvenirs! Et comme ils sont bien racontés, décidemment...
J'aime toujours autant chanter lors des mariages ou des baptèmes (les seules messes souvent, auxquelles je participe encore...).
Et la messe de minuit...haaa, les chants de la messe de minuit!!! Que du bonheur :-)

Beo a dit…

Dire que moi j'ai renoué avec les messes justement en faisant partie de la chorale du village que j'ai habité durant 17 ans avant de traverser l'Atlantique.

Pour ce qui est des messes de mon enfance, elles furent en latin au début et ensuite je pense avoir aimé pouvoir comprendre ce qui se disait :)

Normalement on dit: avec Ton esprit non?

Mathis Liar a dit…

Les chants religieux m'ont toujours laissé de marbre. Par contre ce qui m'a toujours marqué ce sont les messes de noël dans les petits villages. On y sent le vrai esprit de noël, à mon sens, entre deux embrassades.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Pablo; ah oui l'odeur d'encens maintenant que tu me le rappelles, quelle odeur délicieuse.

Jipes, non seulement en latin, mais au fin fond du Sundgau, les femmes à gauche les hommes à droite et le tout en alsacien :)

Hermione, j'ai des parents très bcbg (mon chic mon genre disait ma fille petite qui adorait cela)- J'étais noyée là dedans, mais née rebelle. Je merdois donc très facilement :)

Madeleine, plus tard j'ai chanté dans des chorales, et chanter du Mozart, du Bach (dont ce chant est en fait une adaptation d'un choral)dans des église baroques,me rendait presque mystique de bonheur.

Caroline, à la messe de minuit c'est plus la crèche qui me faisait rêver, et j'aurais voulu devenir plus petite pour pouvoir entrer dans la grotte et caresser les moutons :)

Béo de mon temps de petite fille on voussoyait le seigneur, ce n'est que bien plus tard, alors que j'avais désertée depuis longtemps les messes, que l'on s'est mis à le tutoyer (honte à nous jusqu'à la fin des temps moi je dis !)

Mathias l'indécis, pourtant les chorals de Bach, le requiem de Mozart ou de Vivaldi, sont de pures merveilles à chanter, d'autant plus si c'est dans une église à l'acoustique incomparable.

Dr. CaSo a dit…

Je sais que j'ai souvent chanté ce cantique quand j'étais petite, mais je ne sais plus ni quand ni pourquoi ni où. Mais comme toi, chanter dans une chorale ou une église, tout simplement, m'est une expérience unique et ... sublime.
Il faut absolument que je retrouve une chorale où chanter, ça me manque beaucoup trop!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui moi aussi Dr CaSo, j'ai envie de chanter à nouveau dans une chorale. Cela me manque vraiment.