Il revenait de la pâtisserie tenant délicatement par la ficelle le carton blanc. D'un mouvement d'épaule il dégageait sa manche droite puis la gauche, la ficelle et le carton changeant alors de main. Le pardessus accroché au grand porte-manteaux, il allait cacher notre dessert tout au fond du réfrigérateur.
Il avait l'air gourmand de celui qui vient de faire une farce, et nous adorions quand tout à coup, il laissait percer un éclat d'enfance dans son regard si plein de force.
Lorsqu'arrivait la fin du repas, les deux aînés se chargeaient de la préparation de ces exceptionnelles gâteries, et nous débarrassions la table afin de la rendre accueillante et propre. Nous enlevions les miettes, lissions le tissu de la nappe, plus de sel ni de poivre, c'est tout juste si nous ne repliions pas les serviettes à côté des assiettes à dessert.
H. criait du fond de l'appartement, "Vous êtes prêts ?"
Tenant haut le plat de porcelaine, ils arrivaient lentement, l'air gourmand, le posaient au milieu de cette table presque neuve.
Ah mon dieu que cela avait l'air bon, que le choix serait difficile.
Il y avait là des torches aux marrons, des tartelettes à la noix ou au citron, des mille feuilles recouverts de leur manteaux de sucre mou, zébré, si délicieux, des choux à la crème... frémissants nous attendions que nous soit donné l'autorisation de plonger nos mains dans cette caverne d'Ali baba.
J'aimais tout ! Décalotter le choux pour y plonger le doigt dans la crème fouettée épaisse et sucrée, dépiauter feuille à feuille - Y en avait-il réellement mille ? - le parallélépipède qui longtemps eu mes préférences, ou tenter de défaire la délicieuse bobine enchevêtrée de vermicelle que papa aimait tant. Et pourquoi pas, croquer dans la couche jaune d'or un peu ferme, sentir l'amertume du citron fondre sur la langue. Seul la tartelette aux noix me laissait de marbre, elle n'avait aucun charme, agaçait les dents, collait au palais.
Le choix fait, chacun ayant mesuré le désir de l'autre, l'un après l'autre nous emparions de nos dessert avec gourmandise, et savourions en silence religieux ce moment rare chargé d'interdit.
Maman nous regardait, son assiette vide... Elle était au régime !
Il avait l'air gourmand de celui qui vient de faire une farce, et nous adorions quand tout à coup, il laissait percer un éclat d'enfance dans son regard si plein de force.
Lorsqu'arrivait la fin du repas, les deux aînés se chargeaient de la préparation de ces exceptionnelles gâteries, et nous débarrassions la table afin de la rendre accueillante et propre. Nous enlevions les miettes, lissions le tissu de la nappe, plus de sel ni de poivre, c'est tout juste si nous ne repliions pas les serviettes à côté des assiettes à dessert.
H. criait du fond de l'appartement, "Vous êtes prêts ?"
Tenant haut le plat de porcelaine, ils arrivaient lentement, l'air gourmand, le posaient au milieu de cette table presque neuve.
Ah mon dieu que cela avait l'air bon, que le choix serait difficile.
Il y avait là des torches aux marrons, des tartelettes à la noix ou au citron, des mille feuilles recouverts de leur manteaux de sucre mou, zébré, si délicieux, des choux à la crème... frémissants nous attendions que nous soit donné l'autorisation de plonger nos mains dans cette caverne d'Ali baba.
J'aimais tout ! Décalotter le choux pour y plonger le doigt dans la crème fouettée épaisse et sucrée, dépiauter feuille à feuille - Y en avait-il réellement mille ? - le parallélépipède qui longtemps eu mes préférences, ou tenter de défaire la délicieuse bobine enchevêtrée de vermicelle que papa aimait tant. Et pourquoi pas, croquer dans la couche jaune d'or un peu ferme, sentir l'amertume du citron fondre sur la langue. Seul la tartelette aux noix me laissait de marbre, elle n'avait aucun charme, agaçait les dents, collait au palais.
Le choix fait, chacun ayant mesuré le désir de l'autre, l'un après l'autre nous emparions de nos dessert avec gourmandise, et savourions en silence religieux ce moment rare chargé d'interdit.
Maman nous regardait, son assiette vide... Elle était au régime !
13 commentaires:
C'était le dimanche, non ? Mon père faisait la même chose. Religieuse au chocolat pour moi, ça me faisait penser à une bonne grosse mamie avec un chignon sur la tête. J'adore toujours !
De très (trop, beaucoup trop) rares Dimanche. Peut être deux, ou trois fois l'an... pas plus :)
Rhooo, oui, les mille-feuilles!!!
Mais le pire c'est qu'aujourd'hui, quand d'aventure mon beau-père passe à la patisserie, ça me fait exactement le même effet que quand j'avais 8 ans :-)
J'adore les religieuses et les souvenirs que tu distilles si bien tous les jours.
Chez nous pas de patisserie achetées, mais de la faite maison très souvent le dimanche midi.
Par contre, lorsque nous étions invités (dans la famille principalement), c'est ma mère qui apportait le dessert... acheté ! Et là, il me fallait attendre que chacun se soit servi... car nous amenions, mais nous nous servions en dernier... et à moi le reste puisque je suis la plus jeune... Immanquablement je tombais sur le gâteau au café (je déteste le café), sur le baba au rhum (le préféré de mon père mais que ma mère empêchait de déguster)...
Aussi, lorsque j'eu une certaine autonomie financière (à savoir lorsque j'eu quelques francs pour manger le midi au lycée), c'est avec délice et gourmandise que j'allais à la patisserie... et que le choix était difficile...
Aujourd'hui, je suis une fondue des éclairs au chocolat (bien plus facile à manger que les religieuses) et autres friandises patissières... mes hanches en témoignent !
Et il y en avait combien pour chacun, vous les comptiez je suppose ? mais ton père les achetait au poids, je suppose aussi, il devait y y en avoir (les aînés ?) qui avaient droit à plus que d'autres... ?
Caroline, moi aussi j'ai toujours beaucoup de plaisir devant des pâtisseries individuelles :D
Merci Bricol-girl. Je préfère les choux à la crème que les religieuses moi :)
Erin, nous avions d'âpres négociations afin que personne ne se sente floué et comme toi les trucs au café je n'aimais pas mais heureusement mon père n'en achetait pas !!
Pablo, une pâtisserie par personne un point c'est tout. Ma mère veillait au grain, tremblant que nous grossissions (ce que je me suis empressée de faire par esprit de contradiction bien sûr )Et chez nous le partage était toujours très équitable, ma mère était championne pour couper huit parts de la même taille lorsqu'il s'agissait de découper une tarte ;)
C'est amusant, j'aime beaucoup, moi aussi, les gâteaux individuels... Avoir du choix...
Et les petits fours aussi !
J'aime beaucoup tes petits souvenirs d'enfance, c'est amusants, ils ramèrent à des souvenirs sur des situations plus ou moins similaires, où, bien évidemment, la nourriture a toute sa place ;-)
Ha et puis voilà que j'ai envie de choux à la crème, moi...
Ha ben non, mais vraiment, merci, hein!! :-)
Fauvette et les petits gâteaux libanais :) un délice. Je préfère nettement les portions individuelles qui donnent l'impression d'avoir un choix de roi !
Gilsoub, certains souvenirs sont intemporels. Et je le redis, cela me fait du bien que l'on me dise que l'on aime bien mes 1IMPTS, parce que chaque jour je me dis OUahh qu'est ce que je vais raconter demain !
Caroline, et moi donc !
Nous avions ces petits plaisirs aussi, au Sénégal :-)
Et maintenant, devenue Maman, je fais pareil, pas très souvent, car c'est l'exception qui fait de ces moments un si grand plaisir ;-)
Et puis nous aimons cuisiner et faire de la pâtisserie ;-)
Maman faisait beaucoup de tartes ou des gâteaux à la noisette, mais ces petites pâtisseries aussi très rares étaient sans doute mes préférées :) Et au Sénégal Tilli, étaient-ce des pâtisseries occidentales à la crème aussi ??
Enregistrer un commentaire