dimanche 10 janvier 2010

l'oubli

Le réveil a sonné deux fois avant que je n'émerge, pas un bruit, dehors la neige qui recouvre encore la route, assourdit les rares passages de voiture, la luminosité est éclatante.
Debout devant la machine à café, je laisse flotter mes pensées, ce n'est pas encore aujourd'hui que je pondrai un billet, peut être va t-il falloir vous dire que pour l'instant cela m'est difficile, pas d'endroit où me poser, pas vraiment le temps. Je suis là, tranquille, des corneilles se chamaillent...
Ma pensée vagabonde... Hier soir, regardant avec C. je ne sais quel feuilleton inutile, sirotant nos tisanes nous bavardions, les garçons partis au cinéma. Sur l'écran, les enquêteurs se questionnaient, cherchant à comprendre pourquoi le mort se trouvait là, et je faisais alors la remarque que cela avait été une de mes grandes angoisses durant cette longue nuit, que jamais l'on ne sache ce qui avait fait que ce soir là je sois morte ici, sans que rien ne l'explique. Nous étions alors partis dans une grande discussion, évoquant la jeune fille de Budapest retrouvée noyée, ces chemins que l'on prend un soir, pour changer, et qui peut être seront les derniers... rien de morbide, simplement cette vie qui brusquement prend un virage parfois trop serré.
Est-ce cette date anniversaire qui réveille les souvenirs ?... le viol, la greffe... et brusquement je réalise stupéfaite ! Vendredi, huit janvier, toute la journée je me suis interrogée. Huit janvier, cette date semblait importante. Plusieurs fois j'ai posé la question à mes collègues, mais que s'est-il passé un huit janvier ? Rien ! Rien ? Pourquoi donc avais-je cette alerte constante qui ne m'a pas quittée de la journée ?

Samedi, C. s'interroge
- Il n'y a pas un truc qui s'est passé le neuf janvier ?
Tiens, lui dis-je, hier il me semblait aussi qu'il y avait un anniversaire particulier, peut être est-ce celui de la mort de Mitterrand?
- Ah ? dit-elle peu convaincue.

Et là, à l'instant, devant ce café qui coule, je réalise avec effroi, que pour la première fois depuis le huit janvier 1993, nous avons oublié de fêter l'anniversaire de greffe de G !

Je suis si triste d'avoir laissé ces parents seuls dans leur deuil ce jour là...

10 commentaires:

Lancelot a dit…

On ne peut pas toujours penser à tous les anniversaires, même ceux qui sont tristes, même ceux qui ont marqué notre vie. La vie passe, et il faut s'habituer à rater les trains...

Personnellement, j'en ai tellement raté que j'ai décidé de cesser de culpabiliser, sinon je n'en finirais jamais. Arriver en retard ce jour-là, ou le lendemain, ou plusieurs jours après, ce n'est pas grave. l'essentiel, c'est de ne pas oublier.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui sans doute Lancelot. Peut être aussi est ce parce que G. déplie ses ailes et vole amoureux :)que moi aussi je prends doucement mon indépendance vis à vis de son histoire.

Fauvette a dit…

Tu l'accompagnes dans sa vie de jeune homme, et c'est vrai c'est une nouvelle étape pour toi...
Bonne soirée Valérie.

Dr. CaSo a dit…

C'est triste, mais en même temps c'est plutôt bon signe, non?

J'ai longtemps compté les années après certains événements très importants (positifs et négatifs) de ma vie, et puis je me suis sentie soulagée (comme libérée) de me rendre compte, parfois, que je ne comptais plus, que je n'y pensais même plus...

Tili a dit…

Cela me semble une bonne chose, le signe que la vie évolue :-)
Bises à tous

Anne a dit…

Moi aussi, il me semble que c'est signe que la vie a repris tous ses droits, même si je ne doute pas que ce jour-là, c'était un jour de joie intense...

meerkat a dit…

Je crois que tu as des pensées pour ces parents bien souvent, qu'ils restent présents en toi et que c'est une bonne chose que les dates s'estompent dans le temps. Et puis ce parallèle entre la part de hasard bénéfique ou pas dans nos choix de vie et la date de la greffe, c'est aussi une façon de penser à eux, chacune des familles d'un côté du chemin et se tendant la main.

Floh a dit…

Comme la plupart de tes lecteurs, c'est pour moi bon signe, signe que la vie a repris ses droits :)
Tu as eu de la neige, alors, finalement? ;)

jipes a dit…

LE temps et la bonne santé de G ont fait leur oeuvre sur ta mémoire et c'est tant mieux encore plein de très nombreux non-anniversaires et une santé de fer pour ton fils !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci à tous pour m'avoir mis du baume sur le coeur et relativiser cet oubli plutôt que relativiser, je devrais dire anoblir :).
G. à qui je l'avouais, m'a dit tout d'abord "mais ce n'est pas grave maman voyons !" Puis dans la soirée est revenu souriant "Mais tout de même, on devrait le fêter non ?" - Pour avoir ton cadeau lui répondis-je en riant. "Ben oui !"
Ce sera chose faite dans la semaine alors !