lundi 18 janvier 2010

dimanche soir...

Vingt heures trente, le téléphone sonne, je suis entrain d'écrire ma vingt huitième carte de vœux, JP décroche. A ses mots je comprends que c'est un de mes parents, à sa voix je sais que tout va bien, mon stylo suspendu, j'attends qu'il me passe la communication. Cela tombe bien, tout à l'heure en visitant le blog de Dr CaSo, j'ai eu envie de me joindre à la rencontre qui aura lieu le 13 février à Paris, pour son bref passage en France.
Quelques mots, et il vient vers moi "Oui, elle est là... tu peux prendre ta mère ?... Elle peut !"

Ils sont à Oléron, reviennent de la plage, mon père lit, elle avait envie de bavarder. Nous voilà parties pour une bonne heure, tranquilles, moi l'écoutant, elle racontant. Ma mère adore se raconter, depuis longtemps j'ai abandonné l'idée de lui parler de ma vie, je l'écoute, rebondis, m'amuse...
Ils passent le mois de janvier au bord de la mer, elle me dit le sable qui craque d'être gelé, l'île blanche de neige, et puis aujourd'hui le soleil sur la Brée, l'impression d'être vraiment en vacances. En février ils feront l'état des lieux de leur nouvel appartement. Ils déménagent cette année, quittent Mulhouse, s'installent complètement à Paris. A quatre vingt un ans mon père va prendre sa retraite, ma mère continuera, si elle trouve un atelier, à créer ses papiers de reliure, et puis ils se baladeront... Oui oui me dit-elle, le studio sera libre le 13 février.
Elle m'accueillera vendredi soir, nous irons dîner ensemble, elle repartira le lendemain matin. L'idée de cette rencontre entre blogueurs lui plait infiniment, tout doucement l'envie de se connecter devient une évidence "Dès que nous serons installés nous achèterons un ordinateur, prendrons des cours. Toutes mes copines s'exaspèrent de ne pouvoir m'envoyer des mails, et puis à notre époque, ne pas en avoir c'est être un dinosaure !".
Elle s'inquiète pour mon petit frère, espère qu'il se trouvera un nouvel amour. Me dit combien elle a trouvé le regard de G. beau et plein de bonté, s'extasie de ses petits enfants tous si agréables, intelligents, intéressants. Je l'écoute et me dis que j'ai de la chance d'avoir ces parents, indépendants, dynamiques, heureux.
Comme toujours, nous devons raccrocher mais il faut encore qu'elle me dise que "Tante Marie" est morte le 10 janvier à quatre vingt seize ans. La sœur de mon grand père, dernier témoin de cette génération. Elle ne pourra se rendre aux obsèques, elle culpabilise "Mais la vie va si vite, si vite, je n'ai pas eu le temps d'aller la voir ... "

La vie va si vite, si vite !

14 commentaires:

Anne a dit…

Elle se raconte, certes, mais elle a l'air tout en générosité quand même, non ?

(Ma grand-mère se racontait des heures aussi, mais sur un mode totalement médisant, d'où, contraste qui semble me sauter aux yeux !)

Catherine a dit…

On aimerait parfois pouvoir mettre la vie sur pause un instant.

Floh a dit…

C'est si simple et si beau, et j'y vois tant de paix :)
Que cela dure encore longtemps :)

Anonyme a dit…

Oui en effet que cela dure encore longtemps. Tu as beaucoup de chance d'avoir des parents encore si autonomes à 80 ans. Ça t'enlève certainement une grosse part d'inquiétude. Je t'envie...

Fabulous Fabs a dit…

Tiens c'est bizarre le commentaire précédent c'est moi. J'avais oublié que j'avais ouvert un compte Google...

lanfeust55 a dit…

Cela donne envie de l'écouter...

Dr. CaSo a dit…

Désolée pour votre Tante Marie, et youpi pour le 13 :) Est-ce que Chamade sera de la partie? ;)

Olivier Autissier a dit…

Telle mère, telle fille...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Je n'aurais jamais imaginé pouvoir avoir un jour des rapports détendus avec mes parents. Deux ans sans nous adresser une parole, suivant des années proches de la haine.
Il a fallu dix ans d'analyse pour pouvoir être entendue, qu'ils acceptent que je ne sois pas celle qu'ils rêvaient, et que de mon côté je supporte ce rôle de vilain petit canard un peu imbécile puisque n'ayant pas fait d'études.
J'ai vraiment du plaisir à les écouter, et c'est vrai aussi que leur indépendance est une bénédiction pour nous tous. Les savoir ainsi plein de vie, d'énergie, est terriblement rassurant.

Lancelot a dit…

Moi, là où je t'envie, c'est d'avoir pu, d'avoir su, remettrre en marche une situation figée : "Deux ans sans nous adresser une parole, suivant des années proches de la haine."

C'est super. je t'embrasse !

Pablo a dit…

Vite, oui, mais pourvu qu'elle aille, la vie... Et moi aussi je t'envie, et t'embrasse :-)

dieudeschats a dit…

N'empêche qu'elle et toi semblez partager le fait de voir et apprécier ce que la vie apporte de positif ! (non, ce n'est pas donné à tout le monde ;-)

Erin a dit…

Comme j'aimerais avoir de telles relations avec ma mère... Mais, malheureusement pour moi, elle est comme la grand-mère d'Anne...

Je suis aussi le vilain petit canard de la famille n'ayant pas fait d'études... Mais je ne peux y ajouter "un peu imbécile" car cela ne se "mesure" pas au niveau scolaire...

Cela fait plusieurs fois que tu dis ne pas avoir fait d'étude (ici et chez moi), et cela me gêne car j'y sens quelque chose d'un peu négatif...

Pour en revenir à moi... je suis toujours, dans son esprit (et dans ceux des autres membres de la famille) ce vilain petit canard n'ayant pas fait d'étude... quel ironie non ? :-)

J'envie Dr Caso... j'aimerai bien te voir autour d'un café moi aussi (soupir)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ah oui mais Lancelot, entre temps j'avais découvert que j'étais mortelle, et je ne voulais pas une nouvelle fois,refermer une porte sans avoir dit que je les aimais comme cela a été le cas avec mon frère...
Pablo c'est très agréable ;)
DDC, c'est étonnant d'ailleurs combien nous nous ressemblons dans notre façon de voir la vie.
Erin, dans notre famille, ne pas avoir fait d'études dans ma famille équivaut à ne rien avoir fait du tout. Alors forcément, c'est assez difficile de se faire une place dans un milieu qui considère (même inconsciemment) que pas d'études égal inexistant et inintéressant.
Ce que tu dis de ta famille te considérant ad vitam eternam comme n'ayant pas fait d'étude alors que tu es en plein dedans, montre bien que l'on nous colle une étiquette qu'il est très difficile ensuite de retirer.

Et puis... rien que de lire ces exemples de langues de vipères me fait horreur réellement horreur ! Pourvu que l'on ne soit JAMAIS comme cela !