Au Birkenhof il y avait un grenier, un grenier dans lequel nous avions aménagé une sorte de monde parallèle, paré de tentures faites avec les grands tapis que nous avions déniché en fouillant dans le fatras amassé depuis sans doute plusieurs décennies. Nous y montions les jours où la pluie rendait trop désagréable nos aventures campagnardes, nous nous y déguisions avec les robes et vieux clac laissés là, jouions aux cartes et nous chamaillions. Mais un jour, montée seule à la recherche d'un trésor oublié, je trouvais une radio posée sur une table, cachée par une armoire, dans un coin que nous n'avions pas encore exploré.
Elle était énorme, lourde, en bois, une sorte de tissu cachant les hauts parleurs, deux gros boutons de part et d'autre, une vieille radio oubliée là : Le trésor ! Elle était à moi, sans doute aucun je m'en emparai et descendis l'installer dans ma chambre. Pas une seconde je n'imaginai qu'elle ne fonctionnerait pas et branchai sans attendre la fiche dans la prise. Je tournai le bouton sur marche, un crachotement sortit de l'antique objet, fébrilement tournant l'autre, des modulations stridentes me transportèrent au delà des mers, tournant encore, les paroles se firent compréhensibles. Non seulement elle fonctionnait, mais j'avais ouvert une porte qui ne se refermerait plus.
A partir de ce jour je passais des heures assise devant ma radio, écoutant le hit parade avec ravissement. Suivais avec passion les ascensions et les chutes de chanteurs inconnus jusqu'alors. Connaissant chaque parole, chantant avec le vibrato, les respirations, les légers soupirs de ceux qui devenaient un temps mes chéris, pour la semaine suivante, tomber dans l'oubli de mon inconstance. Ah Gérard Lenorman et Palaprat, que de Il et Fin du monde j'ai fredonné cet été !
Il y avait la musique, mais aussi les nouvelles qui chaque heure venaient consacrer mon adoré, Marc Spitz, que chaque soir avant de m'endormir je transformais en prince charmant éploré par mon indifférence.
Les drames et menaces rythmaient mes journées, et je savais tout des amours de vedettes éphémères. Je découvrais ce monde et me sentais reine en devenir, m'éloignant un peu plus de ma famille affligée !
Elle était énorme, lourde, en bois, une sorte de tissu cachant les hauts parleurs, deux gros boutons de part et d'autre, une vieille radio oubliée là : Le trésor ! Elle était à moi, sans doute aucun je m'en emparai et descendis l'installer dans ma chambre. Pas une seconde je n'imaginai qu'elle ne fonctionnerait pas et branchai sans attendre la fiche dans la prise. Je tournai le bouton sur marche, un crachotement sortit de l'antique objet, fébrilement tournant l'autre, des modulations stridentes me transportèrent au delà des mers, tournant encore, les paroles se firent compréhensibles. Non seulement elle fonctionnait, mais j'avais ouvert une porte qui ne se refermerait plus.
A partir de ce jour je passais des heures assise devant ma radio, écoutant le hit parade avec ravissement. Suivais avec passion les ascensions et les chutes de chanteurs inconnus jusqu'alors. Connaissant chaque parole, chantant avec le vibrato, les respirations, les légers soupirs de ceux qui devenaient un temps mes chéris, pour la semaine suivante, tomber dans l'oubli de mon inconstance. Ah Gérard Lenorman et Palaprat, que de Il et Fin du monde j'ai fredonné cet été !
Il y avait la musique, mais aussi les nouvelles qui chaque heure venaient consacrer mon adoré, Marc Spitz, que chaque soir avant de m'endormir je transformais en prince charmant éploré par mon indifférence.
Les drames et menaces rythmaient mes journées, et je savais tout des amours de vedettes éphémères. Je découvrais ce monde et me sentais reine en devenir, m'éloignant un peu plus de ma famille affligée !
7 commentaires:
Ta note me fait sourire : elle me rappelle le poste de radio que mes parents m'avaient autorisée à récupérer et qui devait dater du début des années 60. Il était complètement rétro mais j'ai passé des heures à écouter le Hit-Parade avec ...
C'est mon parrain qui m'avait acheté un petit poste de radio. J'avais trouvé que c'etait un drole de cadeau mais j'ai ensuite découvert la musique moi aussi l'apres-midi mais surtout les émissions de la nuit de France Inter et Europe 1. La radio m'a ensuite accompagné la nuit et le jour et c'est toujours d'actualité. Aujourd'hui ce n'est plus la musique que j'écoute ... il faut que ça parle! Et le hasard a voulu que j'habite en face de Radio France ...
Marc Spitz : c'était l'été 1972, donc...
Marrant de jouer à "Et moi où étais-je à cette époque?" : en vacances dans les Alpes, près de Barcelonette ; un petit garçon turbulent qui faisait dix mille bêtises par jour, genre sonner aux portes des gens de la résidence et s'enfuir...
J'en ai profité pour "remonter" jusqu'à ta note écrite il y a plus d'un an, sur le Birkenhof : dis donc qu'est-ce que ça avait l'air sympa, comme vacances....
Lancelot, ces vacances étaient non seulement formidables, mais en plus ont été une véritable école de vie.
Little blue, France inter la nuit est venue plus tard, pas tellement plus d'ailleurs et j'ai des souvenirs de nuits entières à écouter les émissions se succédant.
Fransoiz, alors toi aussi tu écoutais le Hit parade et SLC peut être ? ou bien es-tu trop jeune :)
Ça doit être générationnel. Qu'est-ce que j'ai pu rester pendant des heures interminables à côté du poste de radio.
Peut-être parce que la télé était rare et souvent interdite.
Je le savais ! c'est pour ça que j'avais hâte de la suite de ces billets musique... Pallaprat, que j'avais complètement oublié, ressurgit grâce à toi et me ramène illico avec mes amis du collège, les boums ou j'amenais mon tourne disque...
Bien du talent pour évoquer ces années d'adolescence, on t'y voit presque auprès de cette "boîte à musique" Chez nous on écoutait la radio avant l'arrivée de le télé et surtout les émissions de Pierre Dac et Francis Blanche et puis une grande institution "Au théatre ce soir" retransmis à la radio presque la "messe"
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