Parfois mon coeur se serre à la lecture des lettres qu'ils écrivent pour plaider leur cause. Ils se sont appliqués, ont pris du papier ligné, les mots sont tremblés, du tremblement de leur vieillesse ou hésitants de ceux qui découvrent une langue nouvellement adoptée. Ils expliquent leur vie basculée, le compagnon qui les a abandonné, l'emploi qu'ils ont perdu, la mort qui les laisse seul, toutes ces vies fêlées.
Elle m'avait prévenue, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça, si tu les écoutes tu n'en finiras plus. Elle m'avait montré comment les faire taire, c'est vrai on n'a pas de temps à perdre, on a déjà assez de travail comme çà, et puis ils ont qu'à se débrouiller, ils sont propriétaires quand même.
- Je décroche le téléphone, il faut que je les appelle, ils n'ont pas payé leurs charges depuis longtemps. Les prévenir que s'ils ne versent rien on demande l'assignation. Ah que je n'aime pas cela, je sens dans sa voix qu'elle a peur, elle explique le chômage, ils essayent, dès qu'ils touchent quelque chose ils nous versent une partie mais pas avant le 23 peut être le 24.
Je regarde mon calendrier, le 24 un jeudi... Je lui fais promettre que le 28, 29 au plus tard nous aurons un versement... Je vais me faire taper sur les doigts, c'est vrai, j'oubliais, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça.
Je raccroche d'un geste triste. Pas sûr que je m'endurcisse.
Elle m'avait prévenue, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça, si tu les écoutes tu n'en finiras plus. Elle m'avait montré comment les faire taire, c'est vrai on n'a pas de temps à perdre, on a déjà assez de travail comme çà, et puis ils ont qu'à se débrouiller, ils sont propriétaires quand même.
- Je décroche le téléphone, il faut que je les appelle, ils n'ont pas payé leurs charges depuis longtemps. Les prévenir que s'ils ne versent rien on demande l'assignation. Ah que je n'aime pas cela, je sens dans sa voix qu'elle a peur, elle explique le chômage, ils essayent, dès qu'ils touchent quelque chose ils nous versent une partie mais pas avant le 23 peut être le 24.
Je regarde mon calendrier, le 24 un jeudi... Je lui fais promettre que le 28, 29 au plus tard nous aurons un versement... Je vais me faire taper sur les doigts, c'est vrai, j'oubliais, ne pas se laisser attendrir, ils font tous ça.
Je raccroche d'un geste triste. Pas sûr que je m'endurcisse.
9 commentaires:
oui, je te comprends, en plus l'assignation, ça coûte et s'ils ne payent pas, c'est qu'ils ne peuvent pas...
On fait parfois un sale boulot. Il importe alors de ne pas le faire salement.
Parole de Sage Marcus!
Je crois bien qu'en Aurélie; on peut avoir confiance quitte à se faire taper sur les doigts.
C'est bien beau de s'endurcir: rien n'empêche de demeurer humain.
Il y a les fourbes qui enquiquinnent les régies et les vrais pauvres qui tentent de se dépatouiller dans les méandres de la froideur administrative sans coeur :(
Dur métier (comme tant d'autres) qui touchent la réalité de la pauvreté, l'oubli, la solitude... triste réalité que celle-là... Essayer tout de même de rester "propre", de pouvoir continuer à se regarder le matin dans sa glace... surement pas évident.
nous passons souvent par ces métiers qui nous demande d'être différent, plus dur, de correspondre à la demande Marcus a raison il est souvent possible de rester digne. Je suis aussi en contacte avec des personnes en situation extrémement précaire.
J'étais contente aujourd'hui, puisque mon gestionnaire a approuvé ma décision concernant le délai donné.
J'ai tout de même de la chance de travailler dans une boite humaine.
Le chef d'AàG lui a dit à peu près la même chose : "Tu écoutes trop les gens. Il faut juste les entendre."
(ils sont quand même sensés être au service de la population !!)
Bon courage à toi... et à ces gens.
Un vrai dilemne faire son job en gardant sa conscience dure réalité surtout lorsque l'on a connu le chômage.... Que faire victime du système on est bien coincé
Jipes, en fait j'ai décidé de faire comme je le sens. Et la personne à qui j'avais de mon chef donnée un peu plus de temps, a respecté ma demande. J'étais contente, parce que mon responsable du coup me laisse plus de marge de manoeuvre.
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