lundi 21 avril 2008

douceur

Dernièrement au moment ou j'allais passer la porte d'un magasin une femme se fige, me regarde, s'illumine
- Valérie ? Tu es bien Valérie ?
- Oui ? Je la regarde, son visage ne m'évoque rien, absolument rien - quelques secondes... elle se trompe !... mais quelle coïncidence que ce prénom commun à celle qu'elle croit reconnaître et le mien !
- Tu te rappelles, on a fait ensemble un stage il y a quinze ans... au Greta ?
Ah non ! elle ne se trompe pas ! je suis la Valérie dont elle se souvient. C'est invraisemblable, je fouille fouille ma mémoire, rien, rien le vide intersidéral... Lui sourire, sourire tout en cherchant à tout allure dans le tréfond des souvenirs... vide
- Ah mais oui bien sûr, oui oui en 1987, un peu plus de vingt ans...
- C'est incroyable tu n'as pas changé, mais pas du tout me dit-elle, je t'ai tout de suite reconnue !
Je n'ai pas changé ? J'ai pris vingt ans, j'ai traversé quelques tempêtes et je n'ai pas changé ?
Elle me fait tant de bien, j'ai envie de la croire et malgré l'absence totale de souvenirs la concernant j'ai envie de l'embrasser, la remercier surtout de ne pas voir l'état dans lequel je suis, ce jour là.
- Tu as quel âge maintenant ?
Je lui dis que la semaine prochaine je fêterais mes cinquante et un ans, elle s'exclame que c'est fou, j'ai l'air d'en avoir dix de moins... Me demande si je travaille toujours à Reignier dans cette boîte d'informatique, puis me dit que nous nous sommes rencontrées un jour au restaurant. Et moi... moi je ne me rappelle de rien, c'est extrêmement troublant. Moi et ma mémoire d'éléphant !
Sa fille s'impatiente, veut rentrer faire ses devoirs et nous, nous avons tant de mal maintenant à nous quitter, elle accrochée à son caddie et moi si pleine du plaisir qu'elle m'a donné en me reconnaissant, en me redonnant une identité sociale. Elle fait du théâtre, elle a l'air d'être assez rigolote, elle veut me donner son numéro de téléphone, me propose de l'enregistrer dans mon portable.
Je ne connais pas son nom, pas son prénom... mmhm rappelle moi ton nom ? Oh tu n'as qu'à écrire Corinne ! et même maintenant que je sais son prénom aucun souvenir n'émerge, c'est terriblement déstabilisant, comment peut-on perdre comme cela tout un pan de sa vie ?
Elle, en quelques phrases m'a dit tant de choses qu'elle sait de moi, l'agression qui à l'époque était encore si vive, ma petite fille qui débutait sa vie, mon premier vrai emploi... et moi, même en cherchant désespérément, je n'ai même pas l'ombre d'un souvenir.
Elle est repartie, pressée par sa fille, me laissant toute embrumée de douceur.

Je ne l'ai toujours pas rappelée !

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Parfois nous laissons dans l'esprit des personnes que nous croisons plus d'impact que nous ne le pensons... nous, nous oublions aussi au gré des tourmentes et des virages de notre vie.
Ne pas être un(e) inconnue pour quelqu'un qui nous semble inconnu est une drôle d'expérience... mais dans ton cas elle fut plutôt extrêmement positive.

Anonyme a dit…

C'est troublant.
Un jour, j'étais en promenade en Savoie, un IMP avait emmené des adultes handicapés en ballade.
L'un d'entre eux me ressemblait comme deux gouttes d'eau. On s'est regardé longuement en se croisant et je crois qu'il a eu lui aussi conscience de cette ressemblance car il s'est retourné longtemps, moi aussi.
Une autre fois j'ai été abordé par quelqu'un qui prétendait m'avoir reconnu. Mais l'identité de la personne qu'il connaissait ne correspondait pas à la mienne. Il croyait que je faisais exprès de faire mine de ne pas le reconnaître et de prétendre que je n'étais pas celui qu'il croyait. J'ai mis un sacré moment à m'en débarrasser.
Mais dans ton cas, disons que tu devais avoir plus de rayonnement que les autres et (ou) peut-être que tu ne souhaitais pas vraiment garder le souvenir de cette époque là.

Dorham a dit…

La mémoire, c'est vraiment une chose incroyable ; certaines choses restent sans que l'on sache pourquoi, d'autres s'en vont pour les mêmes non raisons. A mesure que l'on avance, on fait une sorte de tri sélectif complètement inconsciemment.

Le souvenir est une chose très rassurante dans le fond. S'il ne vous est pas si important, c'est qu'il ne vous sert à rien.

Il ne faut pas voir cela comme un vide mais comme le stigmate d'un progrès, d'une avancée ; tant de personnes vivent sur un petit tas de souvenirs...

Anonyme a dit…

PArfois le passé frappe à la porte ca peut etre très déstabilisant ou faire un bien fou c'est ce qui m'est arrivé quand mes amis d'enfance ont renoué avec moi après plus de 20 ans de séparation.

J'espère qu'il en sera de même pour ta rencontre du jour, pour la mémoire ben la réponse c'est comme un disque dur trop plein ca efface les données jugées non esentielles :o( Reste a savoir si le superflu de nos mémoires n'est pas parfois le sel de l'existence ?

Anonyme a dit…

À moins que ce ne soit pas une farce, un montage (avec l'enfant qui veut faire ses devoirs et tout)... T'en es sûre, hein ? ;-) ;-) (Non, mais bien sûr que je rigole – quoique ce soit ce que j'aurais peut-être pensé si cela m'était arrivé, parce que vraiment n'avoir aucun souvenir d'une personne qui semble nous connaître si bien est tellement troulant !)

Anonyme a dit…

(troublant)

Anonyme a dit…

Oh comme c'est étrange cette histoire. C'est tout à fait quelque chose qui pourrait m'arriver, parce que je suis très facilement "reconaissable" mais moi, je n'ai aucune mémoire! Ce genre d'histoire m'arrive souvent (moins troublant quand même) et c'est effectivement très désagréable de ne pas savoir qui est la personne en face! Appelle-là pendant les heures de bureau, et elle aura peut-être son nom de famille dans son message de portable ;)

Anonyme a dit…

De la douceur, mais en même temps tu te poses des questions ! Qui est-elle ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Fauvette, c'est plus sur moi, ma mémoire que je pensais infaillible et qui là est prise en flagrant délit !

Beo a dit…

Il m'est arrivé la même chose en pleine ville de Québec, un homme qui vivait un peu plus haut dans la même rue de ma petite ville et qui semble t'il a fait partie de ma classe au primaire...

Je suis arrivée à situer sa famille et sa maison aproximativement; mais rien de plus!

Aucuns souvenirs! C'est très étrange en effet car moi aussi j'ai une très bonne mémoire des détails et des gens.

Anonyme a dit…

C'est comme moi, ils me donnent tous 38 ans, j'en ai 10 de plus

Ce qui st con, c'est que c'est moi qui ait raison

Bonne continuation valérie, j'adore tes billets comme le pain
:)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tu as raison de quoi ??? On a l'âge de sa tête moi je dis :D
Et tant mieux si on paraît moins, on est moins vite mis à l'index !