mardi 11 décembre 2007

se quitter

Il m'avait appelée en milieu de journée. Il avait dû dire quelques mots, juste avant de dire :
"Avez-vous de la famille près de vous ?" Non, bien sûr que non ! Non seulement ma famille n'habite pas la région, mais cela fait longtemps que je ne compte plus sur elle. Quand me tombe une catastrophe, je m'effondre, reprends mon souffle et j'y vais, c'est tout !
Il me faut quelques secondes pour enregistrer le danger... pourquoi cette question ? Pourquoi me faudrait-il de la famille ? Quelques secondes...voix dégagée "Vous voulez dire que c'est grave ?" JP est hospitalisé depuis quelques jours, c'est son médecin au bout du fil. Oui laconique. "Grave comment ? le pronostic vital est engagé ?" - silence...
léger soupir..."Oui" - un délai, donnez moi un délai... un délai pour apprivoiser cet après... un an ?... silence... moins ?... oui... six mois ?... il hésite, nous aurons droit à trois voire quatre semaines...

Si peu...

Elle a neuf ans, son frère trois, il va falloir leur dire. Comment dit-on à des enfants que leur père va mourir ?

Ils sont là si vivant, nous dînons, ils bavardent... leur dire... simplement... "Le médecin de papa a appelé tout à l'heure, il dit que papa est très malade"... ils me regardent, ils écoutent, ils attendent... "Peut être qu'il ne pourra pas guérir"... Elle me sourit, son papa est si fort, lui fait le pitre... ils ont confiance, c'est si loin la mort.

J'apprivoise l'absence, seule je serais, seule je deviens... lui, dessine des anges...


Nous nous sommes déjà tant éloignés l'un de l'autre... nous nous quittons lentement...





2 commentaires:

antagonisme a dit…

Difficile de réagir. Je suis impressionnée par tout ce à quoi tu as du faire face. Et tu viens lire mes jérémiades?

Valérie de Haute Savoie a dit…

J'aime te lire c'est tout :)