Juillet 73, ma mère avait décidé que ces vacances je les passerais loin d'elle. Elle m'avait donc trouvé une occupation lucrative, garder les deux enfants d'une de ses amies du cours de gym. Mme d'H. Elle passait les vacances à Houlgate sans son mari qui travaillait tout l'été à Paris.
Je débarquais pleine d'espoir, j'allais gagner de l'argent tout en m'amusant. Le programme très simple se résumait à garder deux enfants bien élevés, de bonne famille, au bord de la mer, logée dans une superbe maison entourée d'un parc gigantesque.
Très vite je déchantais, dès mon arrivée j'avais été accueillie très froidement par Madame. Je "logerais" sous les escaliers en face de la porte de la cave. Un lit de camp avait été monté à la hâte, et une couverture légère ferait office de literie complète.
Puisque justement j'étais là, elle pourrait enfin s'occuper de ses enfants et moi je ferais office de femme de ménage, de cuisinière et le soir de nounou pour que Madame puisse se reposer.
Au bout de deux jours je voulais m'enfuir. Chaque instant était pour elle prétexte à me rabaisser au sujet de mes origines non nobles, de mon immaturité, de ma bêtise évidente. Ses enfants s'amusaient à m'humilier en me jetant le soir, au moment du bain, leurs culottes sales à la figure en hurlant "tiens sale communiste, nettoie". L'aîné qui avait tout juste 8 ans chantait d'un air malsain "le dimanche matin, avec ma putain, sur les bords d'la Seine". Je nageais dans un cauchemar effrayant.
Au bout de trois jours, n'en pouvant plus, je demandais à Madame de me permettre de téléphoner à mes parents. Au bord du sanglot, j'essayais vainement de faire comprendre à mes parents ce que je vivais. Mais mon père me traita de feignante et me dit que pour une fois j'allais comprendre ce que ma mère endurait en s'occupant de nous. Il raccrocha furieux, et Madame triomphante ordonna que je quitte le salon et retourne dans "ma chambre".
Madame me gavait. Elle me forçait à manger des platées monstrueuses. Les salades de tomate et de carottes recouvertes de sucre en poudre, la viande hachée noyée dans une poêle remplie d'huile, elle s'amusait à me faire grossir. Je devais finir, quitte à vomir, des quantités de nourriture sous son oeil mauvais.
J'étais chez une folle !
La semaine se finissant, Monsieur vint passer le week-end. Deux jours où je respirais. Monsieur profitant des instants où Madame n'était pas dans les parages avait bien essayé de me faire des avances, mais voyant mon incompréhension avait laissé tomber.
A peine était-il parti que le cauchemar reprenait de plus belle. J'avais en plus l'étiquette de l'allumeuse d'homme marié. Moi qui était une véritable oie blanche, je me sentais salie en plus d'être humiliée.
Désespérée je tentais à nouveau de faire fléchir mes parents, peine perdue.
Je restais encore une longue semaine jusqu'à ce que Madame exaspérée par ma présence me jette dans un train me libérant enfin de cet enfer.
Mes parents furieux vinrent me chercher à la gare. Et le lendemain ma mère m'ayant trouvé un nouvel enfant à garder je repartais la mort dans l'âme, m'attendant au pire.
De l'enfer j'atterris au Paradis !
Bien des années plus tard, ma mère me dit qu'elle avait eu des nouvelles de Madame d'H. En riant elle me dit que j'avais eu raison, cette femme était totalement dingue et méchante et son mari à bout de force avait divorcé peu de temps après cet été funeste.
Je débarquais pleine d'espoir, j'allais gagner de l'argent tout en m'amusant. Le programme très simple se résumait à garder deux enfants bien élevés, de bonne famille, au bord de la mer, logée dans une superbe maison entourée d'un parc gigantesque.
Très vite je déchantais, dès mon arrivée j'avais été accueillie très froidement par Madame. Je "logerais" sous les escaliers en face de la porte de la cave. Un lit de camp avait été monté à la hâte, et une couverture légère ferait office de literie complète.
Puisque justement j'étais là, elle pourrait enfin s'occuper de ses enfants et moi je ferais office de femme de ménage, de cuisinière et le soir de nounou pour que Madame puisse se reposer.
Au bout de deux jours je voulais m'enfuir. Chaque instant était pour elle prétexte à me rabaisser au sujet de mes origines non nobles, de mon immaturité, de ma bêtise évidente. Ses enfants s'amusaient à m'humilier en me jetant le soir, au moment du bain, leurs culottes sales à la figure en hurlant "tiens sale communiste, nettoie". L'aîné qui avait tout juste 8 ans chantait d'un air malsain "le dimanche matin, avec ma putain, sur les bords d'la Seine". Je nageais dans un cauchemar effrayant.
Au bout de trois jours, n'en pouvant plus, je demandais à Madame de me permettre de téléphoner à mes parents. Au bord du sanglot, j'essayais vainement de faire comprendre à mes parents ce que je vivais. Mais mon père me traita de feignante et me dit que pour une fois j'allais comprendre ce que ma mère endurait en s'occupant de nous. Il raccrocha furieux, et Madame triomphante ordonna que je quitte le salon et retourne dans "ma chambre".
Madame me gavait. Elle me forçait à manger des platées monstrueuses. Les salades de tomate et de carottes recouvertes de sucre en poudre, la viande hachée noyée dans une poêle remplie d'huile, elle s'amusait à me faire grossir. Je devais finir, quitte à vomir, des quantités de nourriture sous son oeil mauvais.
J'étais chez une folle !
La semaine se finissant, Monsieur vint passer le week-end. Deux jours où je respirais. Monsieur profitant des instants où Madame n'était pas dans les parages avait bien essayé de me faire des avances, mais voyant mon incompréhension avait laissé tomber.
A peine était-il parti que le cauchemar reprenait de plus belle. J'avais en plus l'étiquette de l'allumeuse d'homme marié. Moi qui était une véritable oie blanche, je me sentais salie en plus d'être humiliée.
Désespérée je tentais à nouveau de faire fléchir mes parents, peine perdue.
Je restais encore une longue semaine jusqu'à ce que Madame exaspérée par ma présence me jette dans un train me libérant enfin de cet enfer.
Mes parents furieux vinrent me chercher à la gare. Et le lendemain ma mère m'ayant trouvé un nouvel enfant à garder je repartais la mort dans l'âme, m'attendant au pire.
De l'enfer j'atterris au Paradis !
Bien des années plus tard, ma mère me dit qu'elle avait eu des nouvelles de Madame d'H. En riant elle me dit que j'avais eu raison, cette femme était totalement dingue et méchante et son mari à bout de force avait divorcé peu de temps après cet été funeste.
6 commentaires:
[C'est vrai qu'aujourd'hui il y a un problème avec les commentaires].
Le coup de la chambre sous l'escalier rappelle Harry Potter chez son cousin (je n'ai pas lu les livres, mais j'ai vu les films). Mme d'H (hache !) rappelle aussi la méchante sorcière des contes (Hansel et Grettel ?), t'engraissant pour mieux te croquer après ! Son mari, l'ogre du Petit Poucet. Leurs enfants, les soeurs de Cendrillon... Je ne comprends pas pourquoi t'as fini par l'exapérer à ce point, la folle méchante, mais heureusement... !! (Et les trois petits cochons dans tout ça ?)
Je n'ai pas lu Harry Potter, mais je garde de ce séjour une impression épouvantable. Elle m'a renvoyée sans doute parce que je pleurais sans arrêt :D Pour ce qui était de me gaver pour mieux me croquer, certainement non ! Elle était anorexique et d'une maigreur atroce.
Pour les commentaires je ne sais pas du tout comment y remédier. C'est sans doute un problème avec blogger comme le suggère Meerkat.
Anorexique ! Sans doute, elle mangeait "par procuration" à travers toi...
Quand même quel cauchemar, quelle folle furieuse,
Quant aux enfants, quels genres d'adultes ont-ils bien pu devenir.. Ca fait froid dans le dos ...
J'y ai repensé cette nuit. Je crois qu'elle s'est depuis suicidée.
Eh ben, quelle exprérience! Ca me rappelle ma soeur qui allait faire du baby-sitting dans une famille où il y avait des jumelles... Elle les surnommait "les petites sorcières" et ça leur est resté des années après!
Les enfants étaient très jeunes et forcément influencés par leur mère. Je n'ai pas tout raconté, la mère était réellement méchante et m'a fait subir des humiliations très dures. Heureusement que l'expérience suivante à été un vrai baume cicatrisant.
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