8 avril 1994, cela fait maintenant quelques mois qu'il rentre tard de son travail. C'est mon anniversaire et nous laisserons de côté nos tensions pour ne pas mettre mal à l'aise nos amis venus fêter mes 37 ans. G. ne va pas trop mal, C. est toute excitée à l'idée de m'offrir son dessin, j'essaye de faire bonne figure, mais au fond de moi je sais bien que ces retards ne sont pas l'objet de travail intensif...
Le téléphone sonne régulièrement, mes parents, mes frères, mes amis... Tous le monde me souhaite un bon anniversaire et surtout surtout, que G. aille de mieux en mieux, que je puisse un peu respirer.
Le repas est très gai, nous avons toujours su admirablement jouer la comédie du couple serein, et je suis presque heureuse. Le cadeau de JP, un organiseur Casio, me fait un plaisir fou, j'adore tous ces trucs électroniques. Je souffle mes bougies et la soirée se termine agréablement.
Nos amis retournent chez eux, trois étages plus haut, les enfants s'endorment paisiblement, nous replongeons dans notre mutisme familier.
Nous nous couchons, chacun bien au bord du lit, surtout ne pas se toucher... et je m'endors.
Du fond de mon sommeil j'entends une sorte de râle... c'est loin et pourtant cela semble juste à côté... JP n'est plus dans le lit, il a bu ce soir, il était patraque lorsque nous sommes allés au lit.
- Qu'est ce que tu fous ! (exaspérée)
Il marmonne dans le noir... j'essaye de me rendormir...
- Appelle les pompiers...
Il est fou !
- Mais qu'est ce que tu as ? (énervée)
- Appelle les pompiers... Vite...
Maintenant je suis tout à fait réveillée, j'allume la lumière... Il est couché en chien de fusil, sur le tapis dans l'entrée... nu... il est mal.
Je saute du lit et me précipite sur l'annuaire... Je bafouille "tu es sûr?" et je tourne je tourne et tourne les pages... je ne comprends pas...
- Le 18, fait le 18... il me supplie
mais qu'est ce que je suis con, qu'est ce que je suis con ! Le 18... les pompiers...
- Vite, venez vite, mon mari est couché par terre, il étouffe.
- Vous avez déjà appelé le médecin de garde ?
- Mais non ! Il va mal, il souffre, il n'arrive pas à se lever... Il étouffe Vite.
- Calmez-vous madame, nous arrivons.
Cinq minutes c'est si long. Je suis là, perdue, ne sachant pas comment l'aider. Je le regarde, interdite, il va mourir !
Ils débarquent à 5, me repoussent fermement dans la cuisine, se penchent sur lui, posent des questions d'une voix forte.
Doucement je ferme la porte qui communique avec celles des enfants... Ils dorment et dormiront jusqu'au matin.
- Monsieur, monsieur vous m'entendez ? Il entend
- Vous vous appelez comment ? Je réponds !
Le pompier se retourne, me dit de me taire, c'est JP qui doit répondre pour ne pas sombrer... je me tais.
Rapidement ils le mettent sur la civière, je les regarde partir, je le rejoindrais aux urgences.
Vite appeler ma voisine pour qu'elle vienne garder les petits. Je file à l'hôpital, il est déjà pris en charge.
Demain on me dira que c'est un pneumothorax. Nous ne savons pas alors que ce n'est que le début de son calvaire.
Le téléphone sonne régulièrement, mes parents, mes frères, mes amis... Tous le monde me souhaite un bon anniversaire et surtout surtout, que G. aille de mieux en mieux, que je puisse un peu respirer.
Le repas est très gai, nous avons toujours su admirablement jouer la comédie du couple serein, et je suis presque heureuse. Le cadeau de JP, un organiseur Casio, me fait un plaisir fou, j'adore tous ces trucs électroniques. Je souffle mes bougies et la soirée se termine agréablement.
Nos amis retournent chez eux, trois étages plus haut, les enfants s'endorment paisiblement, nous replongeons dans notre mutisme familier.
Nous nous couchons, chacun bien au bord du lit, surtout ne pas se toucher... et je m'endors.
Du fond de mon sommeil j'entends une sorte de râle... c'est loin et pourtant cela semble juste à côté... JP n'est plus dans le lit, il a bu ce soir, il était patraque lorsque nous sommes allés au lit.
- Qu'est ce que tu fous ! (exaspérée)
Il marmonne dans le noir... j'essaye de me rendormir...
- Appelle les pompiers...
Il est fou !
- Mais qu'est ce que tu as ? (énervée)
- Appelle les pompiers... Vite...
Maintenant je suis tout à fait réveillée, j'allume la lumière... Il est couché en chien de fusil, sur le tapis dans l'entrée... nu... il est mal.
Je saute du lit et me précipite sur l'annuaire... Je bafouille "tu es sûr?" et je tourne je tourne et tourne les pages... je ne comprends pas...
- Le 18, fait le 18... il me supplie
mais qu'est ce que je suis con, qu'est ce que je suis con ! Le 18... les pompiers...
- Vite, venez vite, mon mari est couché par terre, il étouffe.
- Vous avez déjà appelé le médecin de garde ?
- Mais non ! Il va mal, il souffre, il n'arrive pas à se lever... Il étouffe Vite.
- Calmez-vous madame, nous arrivons.
Cinq minutes c'est si long. Je suis là, perdue, ne sachant pas comment l'aider. Je le regarde, interdite, il va mourir !
Ils débarquent à 5, me repoussent fermement dans la cuisine, se penchent sur lui, posent des questions d'une voix forte.
Doucement je ferme la porte qui communique avec celles des enfants... Ils dorment et dormiront jusqu'au matin.
- Monsieur, monsieur vous m'entendez ? Il entend
- Vous vous appelez comment ? Je réponds !
Le pompier se retourne, me dit de me taire, c'est JP qui doit répondre pour ne pas sombrer... je me tais.
Rapidement ils le mettent sur la civière, je les regarde partir, je le rejoindrais aux urgences.
Vite appeler ma voisine pour qu'elle vienne garder les petits. Je file à l'hôpital, il est déjà pris en charge.
Demain on me dira que c'est un pneumothorax. Nous ne savons pas alors que ce n'est que le début de son calvaire.
10 commentaires:
Oula... Je sens que la vie vous a gâtée en épreuves vous. Quel choc !
A bientôt Valérie.
gâtés, avec un s, bien sûr... C'est le souffle retenu...
Au moins on ne s'ennuie pas :D
Non, ca on peut pas dire que tu t'ennuies! Comment se sont passees les vacances? J'aime beaucoup le questionnaire du post d'avant ;).
Je me suis toujours demandée comment ça se passait dans ces moments-là. C'est arrivé chez moi, mais je n'étais pas là, je n'ai vu que le résultat : la chambre vide. Aussi vide, du coup, que mon besoin de vivre la scène pour intégrer ce qui se passait.
Des fois on est là, et on ne peut rien faire. Souvent, en fait. Rien, ou pas grand-chose. On voudrait bien faire, et on ne peut guère, on fait ce qu'on peut. Et quand on fait des erreurs on s'en veut d'autant plus, alors que ce n'est pas une raison, on a fait tout ce qui nous a semblé être le mieux, le plus urgent, ce qui nous venait à l'esprit.
Nous on habitait à la campagne, à chaque fois (parce que c'est arrivé plusieurs fois) que les pompiers / secours divers devaient venir en urgence ça leur prenait des plombes parce qu'ils n'arrivaient pas à trouver la maison...
Tu viens de me donner la chair de poule. J'ai le souvenir de mon homme m'appelant, il venait d'uriner du sang...
Bonjour, je viens de parcourir tes notes...la vie est une garce parfois, souvent elle attaque plusieurs fois au même endroit.
Mais cést horrible! Mais comment as tu fait?
Je veux dire, qu'as tu fait ensuite? Avec tes enfants?
antagonisme, cette nuit mon amie (voisine) est restée avec mes enfants qui dormaient) et puis le matin je leur ai juste dit que leur père était à l'hôpital. Ensuite il est rentré et c'est plus tard que nous avons su que ce n'était que la première alerte de sa maladie. Mais il est toujours là ;)Comme toi il est, malgré tout, costaud.
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