dimanche 15 avril 2007

Longtemps j'ai eu besoin, très rapidement, au début d'une relation amicale ou professionnelle, de dire de façon très claire, que j'avais été violée. Non pas pour me faire plaindre, ce n'est pas du tout dans ma nature, mais je crois que je donnais là une des clefs de ma personnalité.
En ouvrant ce blog, je n'avais pas d'idées très précises de ce que j'allais en faire, mais là aussi très rapidement j'ai eu ce besoin de donner quelques clefs pour les éventuels visiteurs atterrissant là par hasard.
Il y a un avant et un après lorsque l'on a été violée. La vie ne s'arrête pas, loin de là, mais elle prend une autre saveur. Ce qui fait notre vie, c'est justement tous ses accidents, ses rencontres, ses douleurs, et ses bonheurs. Le viol est une rupture définitive avec l'insouciance.
J'ai souvent comparé ma vie à une succession de portes que j'ouvrais et qui me faisaient basculer dans une autre dimension avec l'impossibilité de revenir en arrière. La première grande rupture a donc été ce viol qui m'a clairement fait passer de l'autre côté de la barrière, quelques mois après, le séisme de la mort brutale de mon frère aîné a balayé ce premier traumatisme (il faudra que je le raconte aussi) et puis....
Je suis devenue maman !
Maman d'une petite fille blonde, aux yeux bleus transparents, pleine de vie, exerçant tout son charme pour me réapprendre à aimer la vie. C'est elle qui m'a fait prendre conscience de la nécessité d'entamer une analyse. C'est elle aussi qui nous a poussés à faire un vrai mariage, et non pas un rapide passage à la mairie pour officialiser notre union. Dès le départ elle était munie d'une personnalité rayonnante et réparatrice. A six ans elle devenait grande soeur, fière de ce petit frère tout jaune. Jamais elle n'a douté qu'il vivrait, et jamais elle n'a montré qu'elle souffrait de son absence et de la mienne. Lorsque j'ai dû les avertir de la gravité de l'état de santé de leur père, elle a gardé sa joie de vivre, m'interdisant de me laisser aller. Bousculant ce père qui n'en pouvait plus, pour qu'il s'accroche à la vie, qu'il ne nous abandonne pas. En la mettant au monde j'avais ouvert la porte de ma ré insertion dans la vie.
Mes enfants connaissent mon histoire, ils savent le pourquoi de certaines de mes angoisses. Cela fait partie de notre vie, cela m'a construit, cela, d'une certaine façon, a aussi influé sur leurs vies. Je crois même que si je ne leur en avais pas parlé cela aurait eu des effets bien plus négatifs que de leur dire. Mais pour eux aussi c'est de l'histoire ancienne. Ce n'est pas un traumatisme, mais juste une part de la vie de leur mère.


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je frémis en te lisant Valérie. Les mots sont difficiles, mais je voudrais surtout te dire toute mon affection, et combien est forrte, vitale, la démarche que tu as choisie. Ne pas te taire, ne pas tout enfouir en toi. Avoir choisi de parler de ton viol, et de ne pas le cacher à tes proches et à tes enfants. Parler de l'après, de la possibilité de vivre et revivre, considérer que cette expérience si douloureuse soit-elle te constitue aussi. Je me doute bien que c'est très dur, mais tu as su faire une leçon de vie de ce qui t'était arrivée. J'ai envie de t'embrasser.

Anonyme a dit…

J'avais déjà lu ce billet il y a quelques jours, mais il m'était difficile de te laisser un petit mot. Je viens aussi de lire ton dernier billet sur ton fils...
Valérie je te remercie d'être sur notre route.
Je me permets de t'embrasser.

Jipes a dit…

Bien du courage Valérie, un tel traumatisme a de nombreuses conséquences et j'en sais quelque chose...

Bravo à toi d'avoir su te reconstruire et de l'avoir fait en gardant ton coeur et ton esprit ouvert aux autres. Ces qualités se devinent à chacune de tes notes !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Tu sais Jipes c'est ou ça ou mourir alors pour moi qui ai tant le désir de vivre je n'avais pas vraiment le choix.