dimanche 11 octobre 2020

D'un jour l'autre

Juste avant que l'on soit confiné, quelques jours à peine, nous bavardions maman et moi, rituel hebdomadaire de fin de semaine, se racontant les derniers jours, les nouveaux livres, les films, leur séjour à Apt où ils étaient allés découvrir la futur maison de mon frère, et dont sa fille architecte suivait le chantier.
Au détour d'une phrase elle avait évoqué les pertes de sang qu'elle avait depuis trois quatre jours. Sans doute, pensait-elle, était-ce dû à l'arrêt de la progestérone qu'elle se tartine encore chaque matin, ayant oublié son tube à la maison. Oui peut-être...
Mais ma belle-soeur à qui elle en avait aussi parlé à pris les choses en main et malgré le confinement et grâce à une de ses amies gynéco, lui a trouvé un rendez-vous... verdict, cancer de l'endomètre.

Cela faisait des mois qu'elle était fatiguée, si fatiguée mais toujours pas monts et par vaux, qu'il semblait impossible qu'elle soit malade, âgée oui, mais malade. Et l'annonce de ce cancer avait multiplié l'angoisse déjà très forte d'une contamination souvent fatale pour ceux qui dépassaient l'âge limite autorisé pour une prise en charge autre que juste au fond d'un couloir, au revoir et merci d'être passé sur terre.

Mais la vie a suivi son cours, tranquille, le confinement est passé, l'opération programmée pour le 10 juillet, un peu avant le 14 où elle fêterait ses quatre vingt dix ans. Bien sûr cela restait là, épée de Damoclès, mais disait-elle, j'ai eu une belle vie et puis je ne veux en aucun cas subir de l'acharnement, je suis si fatiguée. Nos conversations hebdomadaires téléphoniques, sans pleurs, jamais, il y a tant d'autres choses à se dire, never complain, never explain. 

Un samedi en fin de matinée de juillet j'appelle, c'est mon père qui décroche, maman est couchée, elle ne se sent pas bien, un petit quelque chose dans sa voix m'alerte. Non maman ne veut pas qu'on appelle un médecin, je raccroche, appelle mon grand frère. S'il pouvait appuyer ma demande d'appeler malgré tout un médecin de garde, de passer outre le refus maternel. Il le fait.

Nous apprendrons plus tard qu'elle est arrivée aux urgences en dernière limite, une colite ischémique violente dont il lui faudra une quinzaine de jours pour s'en remettre suffisamment avant de pouvoir se faire opérer de son cancer.

Elle est entrée le 27 juillet au bloc, ressortie de l'hôpital cinq jours plus tard, en forme comme cela faisait des mois que cela ne lui était arrivé. 

Mes parents, ces Warriors comme dit ma belle-soeur !

14 commentaires:

nathjo54 a dit…

Oooohhh, bon rétablissemnent à ta maman, en premier lieu. Je sais que c'est le lot de beaucoup de personnes, mais il me semble que tu es souvent sur la brèche........ pour l'un(e), l'autre et même plus !
Bien sûr, les enfants, les fratries importantes, les parents âgés, les conjoints.... oui ça multiplie les risques. Mais jamais tu n'écris de plaintes non plus comme ta maman !
Courage, soutien et plein de belles pensées pour toi.
Nathalie de Nancy, la mémère aux chats.... multiples !

Anonyme a dit…

Dans ces cas là, la distentiation non pas sociable mais géographique, est terrible !
Heureuse que celà évolue favorablement
Anne

Valvita a dit…

Les soucis semblent s'accumuler pour beaucoup de monde. Heureuse d'apprendre que cette parenthèse désagréable est passée. N'oublie pas de prendre soin de toi aussi. Bisous.

Dr. CaSo a dit…

Ouf, je suis soulagée pour ta maman et toi aussi bien sûr, ça n'a pas dû être un été facile! Grosses bises.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Nathalie de Nancy, je pense que toutes les familles passent de mauvais moments, et heureusement de très beaux aussi. Je ne me sens pas plus touchée que d'autres :) Merci à toi :)

Anne, oui, surtout qu'il est interdit de voir les malades à l'hôpital, heureusement papa y est allé au culot, et puisque médecin bien qu'à la retraite, il a pu se glisser dans la chambre de maman :)

Valvita, oui c'est une drôle de période et beaucoup de choses deviennent encore plus compliquées qu'elles ne sont. :)

Dr CaSo, merci pour ma maman et de mon côté je t'envoie aussi toute ma tendresse et mon soutien pour toi et ta maman.

Ginou a dit…

Ouf, heureuse pour ta maman et pour celles et ceux qui l'entourent de leur tendre affection, même de loin . Grosses bises !

Calyste a dit…

Tout cela est derrière toi maintenant.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci Ginou

Calyste, c'est bien pour cela que je peux en parler :)

Anonyme a dit…

Bon rétablissement à votre maman.


Odile

Laurent a dit…

Wow une guerrière. Courage à elle, courage à toi. Je lui souhaite encore de beaux jours devant elle <3

Valérie de Haute Savoie a dit…

Merci Odile :)

laurent oui une vraie :) merci

Aurore a dit…

Quelle épreuve, et quelle force vitale chez ta maman! J'imagine comme tout cela a dû être éprouvant pour chacun, le confinement ajoutant angoisse et solitude.
Est-ce que tu as pu voir tes parents depuis ?
Je t'embrasse!

Anonyme a dit…

Mais quelle équipe de guerriers et guerrières ta famille et toi ! J’envie votre énergie !
J’espère que tes parents vont encore pouvoir être ensemble et avec vous pendant longtemps encore !
Des bises amicales
Anita

Valérie de Haute Savoie a dit…

Aurore, oui mes parents sont venus passer une semaine dans les Alpes pour retrouver leur bande de copains et profiter du bon air, du coup ils ont passer une week end chez nous en pleine forme :)

Anita, ils sont il est vrai, étonnamment costauds malgré les épreuves. Sans doute une bonne hygiène de vie, mais également un amour toujours très présent.