mercredi 18 mars 2020

juste avant la fin du monde

Verveine
Bien sûr, samedi matin, comme pratiquement tous les samedis de l'année, je suis allée faire mes courses. Je n'ai pas pris plus que d'habitude, peut être quelques sachets de grissini en plus, deux vaporisateurs de désinfectants, mais sinon, courses normales. Quelques hurluberlus trainaient en famille deux caddies, mais l'ensemble était loin de ce que l'on nous montrait à la télévision. 
Ensuite, tranquillement, je suis allée chercher la cargaison de médicaments pour JP. Cette fois-ci, ne sachant pas où nous allions, j'ai pris la totalité des quantités prévues pour un mois, doliprane compris soit douze boites. Un peu culpabilisée de profiter de ce qui restait encore comme liberté, les messages relayés sur twitter et par mes enfants, me confortant dans l'avenir confiné prévu, je suis allée faire un tour à Monoprix et vite je suis revenue à l'appartement, désinfectant tout ce que j'avais touché.

Et puis... l'après-midi... le ciel ne nous étant pas encore tombé sur la tête... je me suis dit que deux, trois, quatre semaines sans printemps à chérir, serait sans doute au-dessus de mes forces mentales. Alors, honteuse, j'ai filé chez Botanic, m'acheter quelques bulbes d'iris, de jacinthes et autres merveilles odorantes. Un peu d'oseille, un peu de coriandre, à planter dans mon potager qui a tenu tout l'hiver vaillamment.

Lundi, n'ayant pas de consignes particulières, je suis allée travailler. Et ce petit trajet sous le soleil, dans une ville aux allures de jour férié, si apaisant, a effacé un temps l'angoisse qui m'étreignait depuis des jours. Les cerisiers en fleurs, les chats si libres et ravis de ce calme revenu, l'agence fermée au public, avec ce petit goût de veille de guerre, chacun gardant ses distances, désinfection partielle des bureaux et matériels utilisés, conversation en boucle sur ce que l'avenir pouvait nous réserver.
Le soir nous avons embarqué nos ordinateurs, le président ne nous avait pas encore dit à quelle sauce nous serions mangés, mais nos dirigeants préféraient prendre les devants. Si confinement il y avait, nous serions tenus au courant via le groupe Whattsapp créée pour l'occasion.

A neuf heures trente je savais que le lendemain le télétravail allait être mis en place.

Hier matin il me restait encore une chose à faire, je suis sortie, sans le papier qui deviendrait obligatoire à midi, pour me rendre à l'hôpital de Fillinges, chercher un médicament pour JP. Juste avant d'entrer dans le hall quasiment désert, j'ai enfilé mes gants latex, mon masque fabrication maison, direction la pharmacie.

Au retour j'ai pris le chemin des écoliers, route départementale pour admirer la nature qui se réveille, puis j'ai sillonné la ville, dont seuls les magasins d'alimentation étaient ouverts et où attendaient les longues files d'angoissés, cherchant à faire leurs dernières courses avant la fin du monde.

Le confinement pouvait vraiment démarré, j'ai déplié mon transat, au soleil, un verre d'eau gazeuse à porté de main, et j'ai ouvert un roman d'amour...

6 commentaires:

Calyste a dit…

Pour moi, je suis rentré dimanche de Megève, le frigo vide, bien sûr. Et j'ai compris ma douleur ! Une queue ! Par "humanité", je n'ai pris que ce que j'étais réellement venu chercher. Je ne comprends pas cette panique qui pousse à faire des provisions inutiles. Pour l'instant, ce qui me manque le plus, ce sont mes balades à pied, à regarder pousser les violettes, les fleurs de pissenlits et éclater tous les bourgeons. Heureusement, j'ai un stock de bouquins à lire pour au moins deux vies ! Bon confinement !

Dr. CaSo a dit…

Bon courage! Ici on n'est pas encore forcés de rester chez soi mais les gens le font déjà, les Canadiens sont très disciplinés ;) J'espère qu'on n'en arrivera pas à ne plus avoir le droit d'aller marcher au bord de la rivière... même s'il fait encore très froid et qu'on a plein de neige.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Calyste, heureusement, même si tu n'as pas eu un temps de rêve, que tu aie pu prendre ces vacances en montagne. Cela te donne du tonus pour affronter les prochaines semaines :D

Dr CaSo oui les canadiens sont certainement plus disciplinés et tant mieux pour vous. Ici, cela commence doucement à entrer dans les têtes, mais il y a encore des gens qui tentent de quitter leurs petits logements pour aller dans des endroits plus spacieux.

Cara a dit…

La chaise longue au soleil, ça devait être très agréable.
As-tu déjà fini ton roman ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Cara, oui je l'ai fini, et la chaise longue pour l'instant est abandonnée, il fait quand même un peu froid depuis quelques jours :-)

Hazel M a dit…

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