la battante

Elle est restée quatre jours, au moins quatre jours, sans manger, buvait-elle ? Je tentais bien de lui donner de l'eau avec la petite seringue donnée par la véto pour l'homéopathie, mais elle déclinait sans bruit, le poil légèrement ébouriffé. Parfois, trop tentée, elle croquait dans une crevette fraiche, machouillait, laissait une bouillie rose sur le tapis sans avoir avalé le moindre petit morceau.

Rendez-vous en urgence chez la vétérinaire. Petit machin tremblant, terré au fond de sa caisse qui jusqu'à la fin détestera ces rendez-vous. Mais cette fois-ci elle se rebelle, elle saute de la table et va directement se cacher dans les étagères remplies de boites, de matériel, de bazar en vrac. Il faut la récupérer, délicatement, je la rassure pendant qu'elle se fait ausculter.
Le verdict tombe, elle souffre, en silence, plus le goût de rien si ce n'est des câlins jours et nuits, collée à moi, testant même lorsque je suis absente, au grand bonheur de JP, un rapprochement de celui qu'elle fait mine d'ignorer depuis toujours.

Une injection de cortisone la fait renaître de ses cendres. Quelques millilitres, dans le peu de gras qui lui reste entre la peau et les os.
Une demie-heure après, elle se jetait sur tout ce qui pouvait se manger. Hop vider la coupelle de pâté, se goinfrer de croquette, laper sans attendre l'eau fraîche. Evidemment elle a vomi, trop, trop vite, évacuant des petits paquets de poils, et rebelote, manger, boire, puis enfin dormir du sommeil du juste.
Elle rattrape ses quelques jours de parenthèse avec la vie.

Comme l'a dit notre sauveuse, elle est encore bien présente cette petite chatte qui se bat vaillamment.