mardi 26 juin 2018

si loin si proche

Souvent j'imagine mon grand père strasbourgeois revenir sur terre et découvrir la vie telle qu'elle est maintenant.
Que comprendrait-il de ces hommes et ces femmes accrochés en permanence à leur smartphone, regardant des films en marchant, parlant seuls, une simple oreillette plantée dans l'oreille. Qu'imaginerait-il en voyant les jeunes filles aux pantalons déchirés, parlant fort, s'invectivant comme des paysans dans les champs de son enfance ?
Lui qui, lorsqu'il croisait une connaissance féminine, décollait d'un geste délicat, son chapeau de sa tête pour la saluer, que représenteraient ces mains que l'on frappe, retourne, refrappe, se cognant parfois l'épaule, des jeunes mecs pantalons à mi cuisse sautillant sur place.
En quarante ans le monde a tellement changé, tellement.
Comprendrait-il un instant que si l'on avance vite, certaines horreurs reviennent percuter le présent. Les camps qui enferment, les hommes que l'on rejette dans la mer, ceux que l'on recense pour mieux les éloigner.
L'indifférence que l'on pensait envolée.

C'est peut être pas si mal du coup, que l'on ne soit pas éternel.

3 commentaires:

Marie a dit…

Même sentiment ici!

Anne a dit…

Comme c'est bien dit! Et comme c'est difficile d'admettre que c'est ce monde dans lequel vivent nos enfants.

Dr. CaSo a dit…

Marrant, cet après-midi je pensais à mon arrière-grand-père, mort il n'y a pourtant que vingt ans, et je me posait exactement les mêmes questions que toi: que penserait-il de tout ça!?! Peut-être que si on était éternel on ne referait pas deux fois les mêmes erreurs, alors qu'on dirait bien que chaque génération de nouvelles personnes répète les erreurs des générations précédentes...