mercredi 16 mars 2016

bribes

Hier soir, en grignotant des amandes, noisettes et raisins secs, nouvelles lubies de JP, nous avons regardé pour la première (et dernière fois) le truc de Delahousse sur Brel. Cela fait longtemps que l'on ne regarde plus d'émissions à la télévision. Séries, films, parfois un Thalassa, un peu de zapping, mais devant le générique qui défilait sur les Marquises, je me suis dit que j'avais bien perdu mon temps. Aucune chanson en entier, des interviews hachurées, reconstitution tchip en sépia, Delahousse de temps en temps, assis sur une table de bureau, brushing impeccable, le truc inutile absolu !

Dimanche, par skype, on converse en famille restreinte, le fils et ses parents. Il est en débardeur, sa journée à trois heures de plus que la nôtre, il va bientôt se coucher. Un énorme cafard se fait bouffer par des fourmis, je frissonne, trempe mes lèvres dans le verre de pineau glacé. Chamade rode sous la table, s'étonne de cette voix sans corps. Il raconte, la mer, les coraux qui prennent des couleurs vives qui ravissent les touristes. Si je ne savais pas, moi aussi je serais émerveillé dit-il, mais ensuite ils blanchissent et meurent. Partout dans le monde, la mer est foutue, notre monde est foutue. Faire un enfant maintenant, c'est un peu criminel non ?

Au bureau la nouvelle a fait l'effet d'un petit électrochoc, un audit ! Les rumeurs se sont répandues comme une traînée de poudre, certains voient le licenciement proche. Les vieilles en premier dit Chantal. Madira qui prenait ses aises depuis quelques mois devient brusquement fébrile, décroche le téléphone dès qu'un chef est passe, s'agite et semble débordée tant elle devient brusquement multitâche, reste même quelques minutes après l'heure alors qu'elle sonnait par son départ la fermeture de l'agence. Advienne que pourra.

A la nuit tombante, rentrant du bureau, je croise une de mes locataires. Justement j'avais dans mon sac un document pour elle et l'on s'arrête et bavarde. Elle vient de fêter ses quatre vingt dix ans. Elle est ravissante, la gaieté en personne. Je lui dit combien je la trouve jolie et pleine de vie. "Trois cancers Valérie et un accident si grave que je suis restée trois jours dans le coma, toute fracassée" Jamais en voyant cette si belle vieille dame, canne à la main, mais le pas ferme et rapide, jamais l'on ne pourrait penser qu'un jour elle a été malade.

Dehors sur les échafaudages, les ouvriers sifflent et chantent, le soleil illumine le Mont Blanc.


4 commentaires:

C a dit…

j'avais bien aimé "Jacques Brel : dernière ligne droite aux marquises"

http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Les-programmes/LE-MAG-N-42-2013/articles/p-19041-Jacques-Brel-derniere-ligne-droite-aux-Marquises.htm

Mel a dit…

Pour des raisons personnelles, et même si ça ne change rien à l'issue, je suis très contente de ce que tu écris à propos de ta locataire, Valérie. J'ai appris une mauvaise nouvelle (concernant quelqu'un qui m'est très cher) hier soir et je me raccroche à cette partie de ton billet pour garder espoir.

manoudanslaforet a dit…

Du bon et du moins bon, du gai et du triste.... La vie quoi!!!

Valérie de Haute Savoie a dit…

C. je vais regarder ça ce week end tranquillou, merci :)

Mel je suis triste pour toi et je souhaite que cette personne qui t'est chère ait la même force et chance que ma petite locataire <3

manoudanslaforet oui mes petites quotidiennes :)