jeudi 21 janvier 2016

passent les collègues

Je suis arrivée dans l'agence en juin deux mille huit, j'étais la dernière d'une longue série de recrutements et nous nous sommes tous apprivoisés rapidement formant une équipe soudée, nous retrouvant souvent à midi dans une pizzéria où nous bavardions et surtout pleurions de rire à nous raconter nos nouvelles aventures immobilières.

La première qui a quitté le navire nous a laissés un peu tristes et nous avons fait passer une enveloppe dont la somme a permis d'offrir une ribambelle de cadeaux assez chics. Pour la seconde ayant acquis très rapidement une réputation de chieuse désagréable, l'enveloppe qui a circulé est pratiquement restée vide et personne ne l'a regrettée.
Mais ensuite, bien plus tard,  il y eut des départs de collègues devenus de vrais copains que nous n'imaginions pas nous abandonner. Nous étions heureux pour eux qui passaient la frontière, ou s'en allaient la bague au doigt vers de nouveaux horizons. Chaque fois nous nous sommes promis de nous revoir au dehors, nous irions déjeuner ensemble, au moins boire un coup, nous ne pouvions nous oublier, impossible tant nous nous étions fendus la poire ensemble, avions vécu des naissances, des morts, des histoires invraisemblables. Impossible !

Les nouveaux étaient vite adoptés, combler le vide laissé. Il y a eu certaines étoiles filantes mais que nous avions aimées aussitôt vues et puis... doucement, sans que nous en soyons vraiment conscients, ces départs suivis d'arrivées si souvent avortées, nous avons peu à peu laissé tomber l'affaire.

L'agence a absorbé d'autres agences, nous avons doublé, nos chefs ont pris leurs retraites, il y a eu des départs, des arrivées,  nous essayions bien à chaque fois de les intégrer, mais cela devenait de plus en plus difficile. Nous avions depuis longtemps perdu de vue les anciens.

Retenir les prénoms, réécouter une nouvelle histoire, se raconter un peu, faire l'historique de l'agence, expliquer, stopper son travail pour aider, ne pas s'agacer, se rappeler combien cela a été difficile pour nous. Vérifier discrètement que les clefs sont bien identifiées, que l'on ne donne pas un document original tout en faisant son travail, prendre toutes les lignes, excuser les maladresses auprès des clients qui ne comprennent pas pourquoi on ne les reconnait pas.

La fatigue et puis... les voir partir une nouvelle fois, sans excuses, parfois je sens que je perds un peu de mon humanité...

7 commentaires:

Gilsoub a dit…

C'est difficile de changer d'ambiance de travail, surtout que plus cela va, plus les dirigeant mettent une pression qui ne tend pas à la solidarité, et aussi les salaires qui ne donnent pas envie de s'investir...

Arkadia a dit…

Je me souviens d'avoir vécu ce genre de chose dans ma bouate précédente, puis dans la nouvelle ....

Valérie de Haute Savoie a dit…

Gilsoub , Pour les salaires, c'est effectivement le truc qui fâche, surtout quand tu réalises que les derniers arrivés ont le même salaire que toi qui a mis sept ans à l'avoir :D Mais pour la pression, j'ai de la chance de pouvoir encore bien travailler, et heureusement parce que sinon ce serait vraiment vraiment pénible :D

Arkadia les autres boites étaient plus petites et plus stables, du coup il y avait moins de turn over. Là, parfois, j'ai presque envie de ne plus faire d'effort. Bon cela dure quelques jours et puis ma nature reprend le dessus :D

Mel a dit…

Tu y es depuis 2008 déjà ! Alors ça fait vraiment longtemps que je te lis, car tu n'avais pas encore commencé à travailler là-bas. Je comprends ton sentiment de lassitude (ou peut-être est-ce autre chose ?), s'il y a un tel turn-over.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ouahhh Mel mais tu es là depuis presque le début dis donc ! Tu ne laissais pas de commentaires ou tu as changé de pseudo ?
Je vais fêter l'anniversaire le 11 février mais sans cadeau :D

Mel a dit…

Je ne laissais pas de commentaire...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ce n'est pas une obligation de toute façon Mel ;)