Hier cela faisait trente ans, trente ans que ce soir là ma vie avait basculée, brutalement. La nuit devait alors devenir pour longtemps source de terreur d'abord, puis d'angoisse, pour redevenir petit à petit, tout doucement, la nuit, tout simplement.
Trente ans que c'est là, au fond de moi, malgré tout. Je sursaute encore lorsque derrière moi, on se met à courir et qu'un petit bruit de clef résonne en cadence. Mais je ne tremble plus en me garant dans une rue un peu sombre, je suis aux aguets c'est tout.
Parfois je me demande comment je réagirais si une fois de plus je me faisais agresser. Serais-je encore pétrifiée au point que mon cœur s'arrêterait à nouveau ce si bref instant, pour repartir dans la décharge d'adrénaline épuisante ?
Autour de moi chacun sait qu'il donnerait un grand coup de genoux entre les jambes, qu'il hurlerait pour se faire entendre, qu'il courrait sans se retourner qu'il...
Je sais moi la faiblesse qui plombe en même temps que la terreur explose dans la tête, mais toujours toujours je me demanderai si je n'ai pas manqué ce soir là d'un peu plus de courage.
Parfois je me demande comment je réagirais si une fois de plus je me faisais agresser. Serais-je encore pétrifiée au point que mon cœur s'arrêterait à nouveau ce si bref instant, pour repartir dans la décharge d'adrénaline épuisante ?
Autour de moi chacun sait qu'il donnerait un grand coup de genoux entre les jambes, qu'il hurlerait pour se faire entendre, qu'il courrait sans se retourner qu'il...
Je sais moi la faiblesse qui plombe en même temps que la terreur explose dans la tête, mais toujours toujours je me demanderai si je n'ai pas manqué ce soir là d'un peu plus de courage.
14 commentaires:
Rien qu'en te lisant je ressens cette paralysie angoissante. Ca ne m'est pas arrivé mais j'en ai souvent fait le cauchemar. Ne pas pouvoir réagir, ni bouger, être tetanisée par la peur. Je crois que c'est possible. C'est tout. Et qu'on n'y peut absolument rien. Personne ne peut savoir à l'avance comment il réagira à ce type d'évènement. Je suis convaincue que ça n'a rien à voir avec le courage. Bon courage?... pour traverser cet anniversaire un peu glloq...
C'est tellement facile de claironner "moi je ferais ça ou ça", tant qu'on n'est pas confronter à la situation, je pense qu'on ne sait pas comment on réagira...
Manque de courage??? Je ne crois pas, non.
On sait toutes ce qu'il faut faire, mais l'appliquer en cas d'agression c'est une toute autre chose. Selon le degrés de terreur et de panique, le cerveau passe en mode survie et là, on ne contrôle pas ses réactions. La seule chose qu'on peut faire, c'est éviter les situations potentiellement dangereuses.
Trente ans... je suis sûr qu'on est des foules à vouloir remonter le temps et te sauver de la brutalité, l'humiliation, la peur (on verrait en passant que ce n'est pas du courage que tu as manqué — quelle est injuste, la nature humaine, par quel mécanisme les victimes acquièrent un sentiment de culpabilité tellement difficile à effacer, même s'il n'en reste trente ans après que le vague ombre d'un doute infondé...). Bisous plein.
Non tu n'as pas manqué de courage Valérie. Personne ne peut savoir à l'avance comment il ou elle réagirait dans une situation pareille.
C'est un bien sinistre anniversaire en effet. Mais ce qui donne de l'espoir, c'est que même si ce viol t'a durablement marquée (et qui ne l'aurait pas été, c'est un tel traumatisme) tu as surmonté cette épreuve et tu n'as pas tourné le dos à la vie, et ça, c'est sans doute le plus important, non ?
Plein de pensées dans ta direction en tout cas.
Moi je trouve au contraire tu es trés courageuse car tu arrives à en parler !
Le courage, c'est d'y avoir survécu sans sombrer, d'avoir réussi à vivre malgré cela, d'avoir retrouvé l'envie de vivre et le sourire.
En lisant des bouquins et en regardant des films à propos de violences verbales et d'abus émotionels, je me suis toujours dit "je ne me laisserais jamais faire, comment peut-on être si faible!?" ... et quand ça m'est arrivé à moi, ça m'a pris TRES longtemps avant de réagir, beaucoup plus longtemps que je ne l'aurais imaginé. Je me suis sentie très déçue par moi-même, je pensais être plus forte, plus intelligente, plus tout ça... mais finalement, j'ai appris qu'on ne sait JAMAIS comment on réagira à une situation donnée tant qu'on n'est pas dans cette situation. Alors ça ne sert à rien de s'en vouloir, c'est pareil pour tout le monde :) Grosses bises (un peu gelées, il fait -42ºC aujourd'hui!!!)!
Personne ne peut dire avec certitude quelle attitude elle adopterait, ça doit se bousculer, on doit avoir peur inconsciemment de mourir... comment pourrais tu te reprocher quoi que ce soit... tu peux au contraire te féliciter de ce que tu es devenue malgré cela, malgré les épreuves... je t'envoie plein de hugs d'amitié
Je sais bien, intellectuellement parlant, que L'on ne peut prévoir la réaction que l'on aura le jour où. Mais au fond de moi restera toujours cette interrogation. ET SI... ?
Je suis vivante certes, je ne suis de loin pas la seule à avoir survécu, j'ai beaucoup de joie à vivre et mes enfants sont là pour témoigner de ce que ma vie ne s'est pas arrêtée.
Mais les 28 janvier sont toujours source pour moi de réveil un peu angoissé "et si cela m'arrive à nouveau ?"
Je vous remercie tous pour vos mots consolants qui font du bien.
Rien à dire qui serait intéressant, sur ce que toi et quiconque devrait / pourrait / saurait faire.
Juste des câlins, fort.
Ne jamais, jamais penser que d'autres auraient surement fait autrement. Pour avoir vécu des situations à ne souhaiter à personne, en y repensant je me dis que je ne sais pas si je saurais réagir différemment. Plein de pensées positives pour passer ce cap.
J'ai été agressée moi aussi et sais bien l'impuissance que nous avons
marieno, je crois tout de même que l'on peut s'y préparer. Je me demande si en se persuadant que l'on va crier, ce n'est pas plus facile de le faire lorsque cela arrive.
Marie-Madeleine on est si peu de chose parfois.
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