A Altkirch, il y avait Aïa !
Elle était infirmière depuis toujours à l'hôpital Saint-Morand où vivait également un grand oncle, un peu mystérieux, que papa connaissait, que nous allions voir sans trop savoir vraiment pourquoi. Il était rigolo, un peu spécial, on l'appelait Gugucht et il riait toujours quand on arrivait.
Aïa c'était une tante grand mère. C'est à dire que maman l'appelait tante, mais qu'elle était un peu une grand'mère, enfin plutôt c'était la sœur de grand'mère.
Aïa on l'aimait beaucoup et elle nous chouchoutait toujours. Je crois qu'elle vivait dans cet hôpital, tous le monde la connaissait, je me demande si elle n'y était pas née, elle devait même un peu être chef.
On était super fiers parce qu'on pouvait aller dans les gros ascenseurs qui sentaient si bon la soupe. Elle appuyait sur un bouton, l'ascenseur arrivait, énorme, tout en fer, nous seuls pouvions y entrer, les gens qui venaient voir les malades n'en avaient pas le droit, et nous on faisait comme si c'était tout à fait normal qu'on y entre, oui oui, c'est un peu comme si on travaillait là.
Elle nous emmenait voir les autres infirmières qui prenaient leur repas dans une petite salle avec un gros INTERDIT, mais nous on y entrait.
Il y avait aussi une salle avec des étagères pleines de flacons en verre. Dans ces flacons il y avait des bébés pas finis qui nageaient dans un liquide jaune, c'était du formol avait dit papa. Certains avaient de grosses têtes et des yeux ouverts mais recouverts d'une peau transparente, d'autre n'avaient que de tout petits bras. Il y avait aussi des flacons avec des souris, c'était un peu un zoo mort. On avait des frissons quand on rentrait dans la pièce.
Dehors il y avait un grand jardin avec des allées pleines de gravillons. On promenait nos landaus avec nos poupées, et dans celui que maman poussait il y avait notre petit frère. On croisait des malades qui nous faisaient des sourires, et pleins d'infirmières avec leurs calots sur la tête et leurs si blanches blouses. Papa tenait le bras de Gugucht, de temps en temps il lui disait des mots en alsacien.
Un dimanche, Aïa a demandé à l'ambulancier s'il pouvait nous conduire à la messe. Il nous a embarqués tous les quatre et nous sommes arrivés devant l'église TOUS LE MONDE NOUS REGARDAIT ! On était tellement content et on riait de la bonne blague, parce que c'est sûr, ils devaient croire qu'on était malade... et non ! Évidemment cela aurait été encore mieux s'il avait mis le gyrophare et la sirène en route.
Aïa ne s'est jamais mariée parce qu'elle avait dû attendre que sa grande sœur soit mariée pour qu'elle puisse l'être aussi, mais sa grande sœur ne s'est jamais mariée et le fiancé d'Aïa en a eu marre d'attendre. Alors elle disait que c'était nous ses petits enfants, et nous on l'aimait, c'était notre Aïa !
Elle était infirmière depuis toujours à l'hôpital Saint-Morand où vivait également un grand oncle, un peu mystérieux, que papa connaissait, que nous allions voir sans trop savoir vraiment pourquoi. Il était rigolo, un peu spécial, on l'appelait Gugucht et il riait toujours quand on arrivait.
Aïa c'était une tante grand mère. C'est à dire que maman l'appelait tante, mais qu'elle était un peu une grand'mère, enfin plutôt c'était la sœur de grand'mère.
Aïa on l'aimait beaucoup et elle nous chouchoutait toujours. Je crois qu'elle vivait dans cet hôpital, tous le monde la connaissait, je me demande si elle n'y était pas née, elle devait même un peu être chef.
On était super fiers parce qu'on pouvait aller dans les gros ascenseurs qui sentaient si bon la soupe. Elle appuyait sur un bouton, l'ascenseur arrivait, énorme, tout en fer, nous seuls pouvions y entrer, les gens qui venaient voir les malades n'en avaient pas le droit, et nous on faisait comme si c'était tout à fait normal qu'on y entre, oui oui, c'est un peu comme si on travaillait là.
Elle nous emmenait voir les autres infirmières qui prenaient leur repas dans une petite salle avec un gros INTERDIT, mais nous on y entrait.
Il y avait aussi une salle avec des étagères pleines de flacons en verre. Dans ces flacons il y avait des bébés pas finis qui nageaient dans un liquide jaune, c'était du formol avait dit papa. Certains avaient de grosses têtes et des yeux ouverts mais recouverts d'une peau transparente, d'autre n'avaient que de tout petits bras. Il y avait aussi des flacons avec des souris, c'était un peu un zoo mort. On avait des frissons quand on rentrait dans la pièce.
Dehors il y avait un grand jardin avec des allées pleines de gravillons. On promenait nos landaus avec nos poupées, et dans celui que maman poussait il y avait notre petit frère. On croisait des malades qui nous faisaient des sourires, et pleins d'infirmières avec leurs calots sur la tête et leurs si blanches blouses. Papa tenait le bras de Gugucht, de temps en temps il lui disait des mots en alsacien.
Un dimanche, Aïa a demandé à l'ambulancier s'il pouvait nous conduire à la messe. Il nous a embarqués tous les quatre et nous sommes arrivés devant l'église TOUS LE MONDE NOUS REGARDAIT ! On était tellement content et on riait de la bonne blague, parce que c'est sûr, ils devaient croire qu'on était malade... et non ! Évidemment cela aurait été encore mieux s'il avait mis le gyrophare et la sirène en route.
Aïa ne s'est jamais mariée parce qu'elle avait dû attendre que sa grande sœur soit mariée pour qu'elle puisse l'être aussi, mais sa grande sœur ne s'est jamais mariée et le fiancé d'Aïa en a eu marre d'attendre. Alors elle disait que c'était nous ses petits enfants, et nous on l'aimait, c'était notre Aïa !
14 commentaires:
Oh, le bonheur de l'interdit, ça marque à vie, la preuve :)
Ta description fait bien sentir cette odeur d'hôpital ! (la soupe et les remèdes) (même le jardin sent un peu les médicaments et le formol à cause de tous ces gens qui vous souriaent).
Floh c'est plus le privilège que l'interdit non ?
Pablo, Ahhhh l'odeur de la soupe des hôpitaux, incomparable !
Valérie tu sortais dans le Sundgau ? Tu aller au Rino Rivers ?
Les alsaciens sont mystérieux !
Julio,je devais avoir six ans lorsque j'allais voir ma grande tante :D et donc pas de sortie dans le Sundgau, si ce n'est des balades familiales ;)
Mais je le reconnais je suis trèèèèèès mystérieuse ;D
Attention Valérie de moins en moins mystérieuse avec tout ce que tu dévoiles en ce mois de mars :) Quelle enfance !
Madeleine, je suis pourtant alsacienne :D
Oui mais ta pas toujours eu 6 ans et je croie que tu as fait tes études a Mulhouse ou tu as rencontré ton mari !
Mais je ne connais pas du tout ce fameux Dino du Sundgau, Julio.
Devoir attendre que la soeur aînée se marie pour pouvoir le faire à son tour....? Ca avait encore lieu, ce style de coutume Habominable ? Pour moi, ça ne se passe que dans les pièces de Shakespeare, ça... ils étaient fous, tous ces gens...
Lancelot, c'est extrêmement triste comme histoire et absolument vraie. D'ailleurs tous mes souvenirs d'enfance sont de vrais souvenirs et en les écrivant je redeviens un instant cette petite fille d'où parfois les tournures de phrases.
Excellente anecdote ! Débarquer devant l'école en ambulance j'imagine comme vous étiez remarqués par tous les élèves ;o)
Mélancolie devant le fiancé envolé... elle devait détester sa grande sœur certains jours !
Jipes, devant l'école cela aurait été encore mieux, mais là c'était juste l'église d'Altkirch ;)
DDC, c'est terrible d'exiger cela de son enfant et bien sûr que des tensions très fortes sont restées entre les deux soeurs, d'autant plus que l'aînée a eu une multitude d'amants :)
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