Aïe, cela sentait le roussi, fermer les volets, chacun le sien, attraper nos cartables, vérifier que rien ne traine encore dans le jardin, eau fermée, s'engouffrer dans la voiture. Papa piaffe déjà moteur allumé, maman fait la voiture balai. Vite les enfants les bureaux de vote ferment à dix huit heures.
C'est bien parce que c'est une soirée d'élection que l'on quittait si tôt le Birkenhof, il faisait encore jour, nous n'avions pas eu tout notre content de liberté, mais, le devoir avant tout !
Personne sur la route, papa roule vite, c'est un peu juste dit-il, mais si on a une route dégagée comme cela jusqu'au bout, on arrivera à temps. A l'arrière discrètement on tente de pousser un peu le voisin, histoire d'avoir un peu plus de place pour étaler ses fesses, sans bruit pour ne pas énerver les parents. Les peaux sentent le foin, elles commencent à se hâler, demain il y a école et rien que cela me donne le cafard. Ça y est, J. nous refait le coup du "mal au cœur", juste pour pouvoir se coller à la vitre, elle tend son nez vers la fente ouverte, prend un air mourant, quelle chochotte ! De toute façon je suis comme toujours au milieu, comme cela je vois la route en glissant ma tête entre les sièges avant. T. est sur les genoux de H., bientôt nous aurons une voiture avec deux banquettes arrière, une 404 familiale moche, mais on aura de la place.
A Ilfurth il y a un stop, pas de voiture à droite, pas de voiture à gauche, papa s'arrête, rien de rien, on repart et là triiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit un agent, juste là ! Merde !
Papiers s'il vous plaît. Ah il ne faut pas être aveugle pour comprendre que papa n'aime pas les flics, vraiment pas. Et surtout qu'il est pressé, plus vite il pourra repartir, plus il a de chance d'arriver avant la fermeture des bureaux. Le flic se penche, regarde la marmaille muette les yeux ronds, regarde papa...
- Vous n'avez pas respecté les quatre secondes règlementaires à l'arrêt du stop.
- Je me suis arrêté, il n'y avait personne !
- Quatre secondes monsieur, c'est le temps exigé à un stop !
- Mais enfin, la route est droite, il n'y avait aucune voiture à l'horizon, je me suis arrêté.
- Quatre secondes, j'étais là, j'ai compté, vous n'êtes pas resté quatre seconde.
Je sens que papa est au bord du meurtre.
- Mais enfin c'est ridicule voyons. Comment pouvez-vous dire que je ne suis pas resté quatre secondes.
Lentement le flic sort de sa poche un carnet de PV. Nous sommes pétrifiés de peur. Papa va aller en prison c'est sûr, et surtout on va rater les élections.
- Attention Monsieur, n'aggravez pas votre cas !
Silence, il ne dit plus rien, il bout tout simplement. Maman s'est retournée, elle nous fait un petit sourire, chuuut.
Toujours très lentement, prendre son temps, savourer sa puissance, il détache la feuille, la tend à papa qui rageusement s'en empare, remercie ironiquement, nous pouvons repartir.
Dès que ce sagouin est hors de vue, papa accélère, peut être avec un peu de chance ?
Mais non ! Il ne votera pas cette fois-ci.
De toute façon nous perdrons les élections. Il a beau le savoir, il y croit chaque fois. Élections rime avec humeur de chien, et ambiance pourrie.
Il faudra attendre 81 pour qu'enfin ce soir là soit une soirée de liesse familiale... mais je ne serais plus là pour en profiter !
C'est bien parce que c'est une soirée d'élection que l'on quittait si tôt le Birkenhof, il faisait encore jour, nous n'avions pas eu tout notre content de liberté, mais, le devoir avant tout !
Personne sur la route, papa roule vite, c'est un peu juste dit-il, mais si on a une route dégagée comme cela jusqu'au bout, on arrivera à temps. A l'arrière discrètement on tente de pousser un peu le voisin, histoire d'avoir un peu plus de place pour étaler ses fesses, sans bruit pour ne pas énerver les parents. Les peaux sentent le foin, elles commencent à se hâler, demain il y a école et rien que cela me donne le cafard. Ça y est, J. nous refait le coup du "mal au cœur", juste pour pouvoir se coller à la vitre, elle tend son nez vers la fente ouverte, prend un air mourant, quelle chochotte ! De toute façon je suis comme toujours au milieu, comme cela je vois la route en glissant ma tête entre les sièges avant. T. est sur les genoux de H., bientôt nous aurons une voiture avec deux banquettes arrière, une 404 familiale moche, mais on aura de la place.
A Ilfurth il y a un stop, pas de voiture à droite, pas de voiture à gauche, papa s'arrête, rien de rien, on repart et là triiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit un agent, juste là ! Merde !
Papiers s'il vous plaît. Ah il ne faut pas être aveugle pour comprendre que papa n'aime pas les flics, vraiment pas. Et surtout qu'il est pressé, plus vite il pourra repartir, plus il a de chance d'arriver avant la fermeture des bureaux. Le flic se penche, regarde la marmaille muette les yeux ronds, regarde papa...
- Vous n'avez pas respecté les quatre secondes règlementaires à l'arrêt du stop.
- Je me suis arrêté, il n'y avait personne !
- Quatre secondes monsieur, c'est le temps exigé à un stop !
- Mais enfin, la route est droite, il n'y avait aucune voiture à l'horizon, je me suis arrêté.
- Quatre secondes, j'étais là, j'ai compté, vous n'êtes pas resté quatre seconde.
Je sens que papa est au bord du meurtre.
- Mais enfin c'est ridicule voyons. Comment pouvez-vous dire que je ne suis pas resté quatre secondes.
Lentement le flic sort de sa poche un carnet de PV. Nous sommes pétrifiés de peur. Papa va aller en prison c'est sûr, et surtout on va rater les élections.
- Attention Monsieur, n'aggravez pas votre cas !
Silence, il ne dit plus rien, il bout tout simplement. Maman s'est retournée, elle nous fait un petit sourire, chuuut.
Toujours très lentement, prendre son temps, savourer sa puissance, il détache la feuille, la tend à papa qui rageusement s'en empare, remercie ironiquement, nous pouvons repartir.
Dès que ce sagouin est hors de vue, papa accélère, peut être avec un peu de chance ?
Mais non ! Il ne votera pas cette fois-ci.
De toute façon nous perdrons les élections. Il a beau le savoir, il y croit chaque fois. Élections rime avec humeur de chien, et ambiance pourrie.
Il faudra attendre 81 pour qu'enfin ce soir là soit une soirée de liesse familiale... mais je ne serais plus là pour en profiter !
10 commentaires:
Oh, dommage que vous n'ayez pas pu arriver à temps ce dimanche là... !
Peut-être à l'époque elle était moche, mais vue de maintenant, la 404 familiale a une certaine élégance distinguée de l'époque.
GENIAL ! Ma préférée de la série du mois de mars !!!
La 404 familiale, mais cela devait être amusant au contraire !
Franchement je la trouvais drôle cette bagnole, je t'assure !
Moi j'ai toujours les breaks marrants !
Et la 404 familiale, quelle bagnole quand même !
Je confirme Valérie... Quelle horreur cette caisse !!! J'aime les vieilles voitures mais là... beurk ;-)
Nous étions 5 enfants, mais plus que 3 et le caniche lorsqu'on a enfin eu une voiture. C'était une amie 8
Question élection mes parents votaient toujours avant midi, et si possible avant 10h. Et nous ne bougions jamais ces jours là...
Les miens c'est en 81 qu'ils furent bougons, et que ma mère pleura... Le monde allait s'écrouler... c'est sur !!!
Erin, je me souviens que ma mère nous avait raconté que des amis lui parlant de la soirée des élections lui avait dit "Nous étions effondrez, et nous avons invité des amis, j'ai fait un repas tout simple, une boite de foie gras, puis une petite salade avec des magrets." Maman avait rit et répondu, oh nous aussi nous avons invité des amis, nous étions si contents ! Nous avons ouvert une boite de petits pois, cuit un poulet et nous avons débouché le Champagne :)
Fauvette, nous n'avons pas eu d'autre break je crois, nous avons commencé avec des 2 chevaux, puis l'ariane, la 404 familiale puis à nouveau des citroëns (GS je crois) - L'avantage de la 404 moche, c'est qu'enfin nous avions de la place.
Et Anonyme, nous étions assez fiers (les enfants) d'avoir une voiture avec trois rangées de siège.
Lancelot, merci de cet encouragement, parce que je sue sang et eau chaque matin :D
Pablo, pour mon père c'était une catastrophe, il ne manquait jamais d'élections et là il se sentait responsable de l'échec de la gauche tout entière.
Eh oui cette foutue 404 est vraiment rigolote avec le recul.
Chez nous en 81 mon grand pére a demandé à toute la famille d'envisager un départ aux états unis.............il a fallu le calmer.
Mon beau père avait mis de l'argent en Suisse pour pouvoir aussi fuir les communistes :D
ça me rappelle de sacrés souvenirs aussi, tout ça ! Nous étions 4 filles à l'arrière de la voiture, la 404 nous l'avons eu avec les deux banquettes arrière mais si peu de temps : un tonneau sur du gravillon dans un virage, nous envoya dans un champ, on avait dégommé un poteau électrique ! Plus de 404...
Ouh Saperli, un tonneau ? Quelle horreur !
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