mardi 2 mars 2010

2ème détail du mois de mars

Lorsqu'il est arrivé dans notre famille, cela devait faire déjà quelques années que nous tannions nos parents pour qu'ils acceptent d'adopter un animal un peu plus gros que les nombreux hamsters, salamandres, grenouilles, canaris, escargots, souris blanches, qui déjà peuplaient notre vie.
Il était à peine sevré, le laboratoire où il avait vu ses premiers jours, ne pouvait le garder plus longtemps et menaçait de mettre fin à ses jours. Pataud mais déjà très gourmand, il était devenu en quelques secondes le chéri absolu de toute la famille, ce qu'il avait trouvé, à le voir prendre possession de ce nouvel environnement, absolument naturel.
Il n'avait, contrairement à Chamade, pas de préféré, mais adaptait sa relation avec chacun de nous.
Ma soeur J. lui plaisait infiniment, du moins les longues chemises de nuit qu'elle revêtait qui faisait d'elle un attraction nocturne des plus jouissives. Il calait son derrière, la guettant dans le noir, et, lorsqu'elle passait telle une ombre au milieu de la nuit, affolé par le froufroutement du tissu, d'un bond se jetait sur le mollet tendre et ne lâchait plus prise. C'était toujours pour l'entendre pousser ce cri dont apparemment il raffolait, qu'il cachait dans son lit, des grenouilles tout juste attrapées. Mais cet idiot s'asseyait au pied de la cachette, oubliant que son air innocent et ravi avertirait l'heureuse élue du traquenard.

Ce fauve mangeait comme quatre, et, bien que castré, n'était fait que de muscles, pesant plus de huit kilos. Il était gourmand et voleur, le plus grand voleur de la planète sans nul doute. Capable de planter ses crocs dans un poulet encore congelé, qu'il emportait ensuite dans le haut du terrain, coursé par mon père. Il n'hésitait pas à tremper ses pattes dans du court bouillon frémissant pour se servir d'un morceau de lotte ou de lieu noir. Et combien de fois n'avons nous retrouvé que les os d'une côtelette terminant de griller dans la poêle.

Mais il était aussi tendre, tendre et attentionné. Il s'enroulait ronronnant, autour de mon cou, lorsqu'une de mes récurrentes angines me clouait au lit. Réchauffait les lits en se faufilant entre les draps, tétait longuement les bouts de couvertures à sa portée.

Il est mort un matin, écrasé par une voiture. Notre chagrin fut immense, longtemps nous avons sursauté croyant voir dans les ombres mouvantes, les pas de notre félin adoré.

11 commentaires:

Catherine a dit…

Un voyou bien sympathique auquel on pardonne tout en somme ;-D Tu en parles si bien.

dieudeschats a dit…

Triste fin pour un adorable bandit de cette sorte...

Mel a dit…

Que de beaux textes ! Le mois de mars s'annonce bien.

Pablo a dit…

Il y était, sans doute (dans ces ombres).

Madeleine a dit…

Tu nous donnes son nom à ce chouette matou du passé ?!

Dr. CaSo a dit…

Ces petites boules de poils, de coquineries et d'affection prennent tellement de place dans nos vie! Je fais un gros calin à ma coquine en mémoire de ce grand chapardeur qui te manque :)

samantdi a dit…

La photo est vraiment superbe !

Un chat très romanesque, un véritable personnage...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Samantdi,curieusement la photo a été prise au bord du lac Léman, longtemps avant que je sache que j'y habiterai, nous étions en vacances chez des amis.
Dr CaSo, plus que chapardeur c'était un voleur de grand chemin, craint par toutes la faune du quartier :D
Madeleine, il me faut trente et un détail, je vais garder celui là on ne sait jamais ;)
Pablo, mon romantisme te le confirme.
Mel, je tremble à l'idée de ne pas tenir, je n'aime pas perdre mes défis.
DDC, encore plus stupide que ce chat habituer à courir par mont et par vaux à la campagne, ne connaissait pas la ville. C'est la correspondante anglaise de ma sœur, qui lui a ouvert la porte de l'appartement. Il est sorti, à fait un pas, et a été instantanément fauché par une voiture.
Catherine, on pardonne tout aux chats non ?

Lce a dit…

Quelle photo adorable ! et son air "quoi qu'est-ce que j'fais là? je guette, non ?" je me souviens également de animaux qui ont berçé ma vie (15 et 16 ans pour les derniers)... ceux d'aujourd'hui sont aussi si proches de moi.
laurence

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ils restent éternellement présents Lce, sans tristesse, juste là.

Beo a dit…

Tout un numéro!

J'ai perdu beaucoup de chats adorés sous les roues des voitures.... horrible fin de vie et d'histoire d'amour :(