jeudi 25 mars 2010

25

Ah ça ! Pour sentir mauvais il sentait mauvais !

Cela faisait des heures qu'il brayait dans son lit, dégageant cette odeur pestilentielle, et nous attendions avec impatience le retour de papa et maman.
Pfff, impossible de jouer tranquillement, l'entendre pleurer et le voir rouge brique nous implorer de son regard, nous fendait littéralement le cœur.
Alors, H. prit les choses en main ! Après tout c'était l'aîné, il allait bientôt avoir dix ans. " Nous allons le changer !"
A quatre nous y arriverions bien, il suffirait de faire comme maman.

D'abord un tabouret que l'on pose devant la machine à laver, comme cela H. pourra être à bonne hauteur. Ensuite des pinces à linge, c'est T. qui a eu l'idée, et nous voilà chacun munis de l'objet pincé sur le nez pour nous éviter de subir l'odeur qui sera, à n'en pas douter, encore plus irrespirable dès la couche retirée. Le matelas, la serviette éponge, deux grandes couches en tissus, un rectangle de coton tout doux, le talc et le lait pour nettoyer... Ok ! Parés pour l'opération !
H. que nous suivons, très excités, s'avance vers le berceau. Notre petit frère arrête ses hurlements, nous regarde stupéfait et d'un coup s'illumine, tout sourit, les yeux, la bouche et même les mains qu'il agite de bonheur. Ces pinces à linge sont magiques !
H. se penche et doucement le prend serré contre lui, le petit ne dit plus rien, attentif à cette chose incroyable, un troupeau de frères et sœurs, tous seuls...
Précautionneusement nous repartons vers la salle de bain... monter la fameuse marche... grimper sur le tabouret de bois... bien poser le petit, qui, de chaque côté est gardé par ses deux sentinelles de sœurs. T. sera le relais entre le lavabo, la machine à laver, et la poubelle.

Premièrement, retirer les pinces à nourrice, J. s'en empare et les gardera dans sa main. Défaire le premier triangle de tissus... "Valérie tiens-lui les jambes en l'air pour qu'il ne bouge pas ! " J'ai cherché une chaise, et surplombe la scène - Ouh là j'ai une sorte de haut le cœur, tourner la tête, me plonger dans les yeux de mon si petit frère qui semble adorer notre initiative.
Les fesses sont totalement libres et H., avec un énorme morceau de coton qu'il a noyé dans le lait de toilette, les nettoie consciencieusement. Il n'oublie aucun pli, je tiens fermement les jambes, J. a posé sa main sur le petit ventre rond et si doux. T. a jeté tout ce qui sentait mauvais, nous pouvons enfin retirer nos pinces qui commençaient sérieusement à nous faire mal.
Ah, l'odeur est à nouveau agréable, parfum de lait, de talc que H. a généreusement saupoudré et il suffit maintenant de remettre des langes immaculés.
T. a plié le gigantesque carré, pour en faire un triangle que l'on glisse sous les fesses relevées, puis un lange plié en longueur, une cotocouche... bien mettre le zizi en bas... et l'une après l'autre les couches sont refermées, exactement comme maman le fait !
Il ne reste plus qu'à enfiler la grenouillère rouge, tendrement H. cueille le petit, redescend du tabouret, de la marche en bois, et nous repartons tous ensemble coucher notre chéri.

Pour être fiers nous le sommes et pas qu'un peu !

Maman a à peine franchi la porte, que nous nous précipitons pour lui raconter l'aventure.

Mais... pas sûr que nous la réitérerons... Parce qu'il faut l'avouer, l'odeur, franchement, c'était insupportable !

14 commentaires:

Pablo*NSN a dit…

C'est un récit magique ! Magique et extraordinaire ; j'aime beaucoup toutes les images que tu transmets, à commencer bien sûr par ces pinces à linge qui vous bouchaient le nez.

Unknown a dit…

que c'est doux et tendre, malgré l'odeur :-)

Jipes a dit…

Magnifique de tendresse, ceci dit vous avez eu de la chance que le petit frère si heureux d'etre libéré de ses couches ne vous ai pas arrosé d'un gros pipi libérateur ;o)

Mel a dit…

Magnifique le coup des pinces à linge ! Je regrette de n'y avoir jamais pensé, tiens.
Les initiatives des enfants... Tu me ferais presque regretter de ne pas avoir eu plein de frères et soeurs pour vivre toutes ces aventures.

Floh a dit…

Fabuleux!! Quelle précaution et quelle attention ;) Et surtout que ce n'étaient pas les couches actuelles, avec juste 2 scotchs à coller ;)
Et qu'a dit votre maman? :)

LiliLajeunebergere a dit…

vraiment touchant! :-D

Gilsoub a dit…

C'est mignon comme tout, et maman, elle à pas eut un peu peur rétrospectivement en pensant au tabouret pour monter le bébé sur la table ou a t'elle été trés fiers de ces petits? ;-)

Mathis Liar a dit…

On s'y croirait.
Une aventure vraiment touchante :)

Oxygène a dit…

Que c'est doux! Que c'est tendre ! Que c'est joli !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Alors, non je n'ai pas le souvenir que nous ayons été arrosés par notre petit frère.
Maman était très fière de notre initiative et en a longtemps parlé
Je crois bien que nous n'avons plus jamais langé notre petit frère, que nous adorions.
Il était né cinq ans après ma petite sœur, alors que nous nous suivions de très près. J'avais par exemple pas tout à fait quatorze mois de plus que ma sœur et mon frère ainé avait trois ans de plus que moi.
Si maman a eu peur, elle ne l'a pas montré. Il faut dire qu'elle était plutôt blindée avec quatre enfants pleins d'idées.
Et en fin pour finir, j'ai le souvenir que les pinces à linge laissaient tout de même passer pas mal d'odeur malgré tout :(

Eperra a dit…

Tu as vraiment le sens du récit, on se régale avec tes billets souvenirs d'enfance du mois de mars.
PS : je réfléchis à une réponse à ta question sur mon dernier post mais ce n'est pas simple ...

Valérie de Haute Savoie a dit…

Oui, je comprends, parce que même en posant ma question j'avais du mal à dire exactement ce que je voulais ;)

Lancelot a dit…

Moi, je m'attendais à une chute du genre : la Maman dit "Eh ben puisque vous vous débrouillez si bien, dorénavant c'est vous qui le changerez, à tour de rôle !"
;-D

C'était très mignon, on aurait presque envie de voir la scène en film. Super-post !

Valérie de Haute Savoie a dit…

Pas sûre, Lancelot, que le petit aurait apprécié longtemps ce qui était fait par maman en deux minutes alors que nous avions mis sans aucun doute de lonnnnnngues minutes :D