Tout au début nous en avions deux, les troisièmes n'ont jamais vraiment fait partie de nos habitudes. Toutefois, je les ai fréquentées après mon exil à l'autre bout de l'appartement et seulement lorsque les consultations étaient terminées.
Les plus courues étaient situées dans la salle de bain.
Gigantesque salle de bain, curieusement surélevée par rapport au reste de l'appartement. Une vraie marche, haute, en bois, qui, lorsque nous étions petit nous servait de siège pour bavarder avec maman quand elle se maquillait avant de sortir. Le sol était carrelée de toute petites faïences grises et bleues, légèrement en pente en son centre où une grille permettait à l'eau débordante de s'écouler sans dommage. Une grande baignoire à gauche, une machine à laver à droite, le fond était séparé en deux, d'un côté deux grands lavabo en grès émaillé blanc, sur pied octogonal, éclairés par la lumière de la cour pavée. De l'autre, le cabinet de toilette, petite pièce dans la pièce !
Nous aimions nous y attarder, protégé du bruit familial, surtout si nous avions pensé à fermer la porte de la salle de bain, juste avant d'y aller, et prendre une bande dessinée ou un livre. Avec un peu de chance, personne ne viendrait durant quelques minutes.
En été le soleil pénétrant par la fenêtre au verre cathédrale nous réchauffait agréablement le dos, en hiver le siège était glacé et il fallait une seconde de courage pour y déposer nos augustes derrières.
Maman, pour notre culture, scotchait sur le mur un poster. Un mois nous avions droit aux espèces de papillons d'Europe - j'aimais particulièrement le citron, puis les divers champignons - Ahh le phallus impudicus nous en avons fait des gorges chaudes, ou les fleurs des champs - combien je trouvais belles les caltha !
Le temps passait doucement, rêver, lire, apprendre... mais il y avait toujours un moment où l'on venait frapper à la porte, il fallait sortir de l'engourdissement, reprendre pied dans la vie familiale, s'essuyer les fesses, et tirer sur la grosse chaîne terminée par une poignée en porcelaine. Le réservoir surplombant la scène se vidait dans un grand bruit de cataracte, on entr'ouvrait la fenêtre et sortions en grommelant "Tu ne pouvais pas aller dans les toilettes chics ?"
Mais non ! C'étaient vraiment celles-là où nous étions le mieux !
Les plus courues étaient situées dans la salle de bain.
Gigantesque salle de bain, curieusement surélevée par rapport au reste de l'appartement. Une vraie marche, haute, en bois, qui, lorsque nous étions petit nous servait de siège pour bavarder avec maman quand elle se maquillait avant de sortir. Le sol était carrelée de toute petites faïences grises et bleues, légèrement en pente en son centre où une grille permettait à l'eau débordante de s'écouler sans dommage. Une grande baignoire à gauche, une machine à laver à droite, le fond était séparé en deux, d'un côté deux grands lavabo en grès émaillé blanc, sur pied octogonal, éclairés par la lumière de la cour pavée. De l'autre, le cabinet de toilette, petite pièce dans la pièce !
Nous aimions nous y attarder, protégé du bruit familial, surtout si nous avions pensé à fermer la porte de la salle de bain, juste avant d'y aller, et prendre une bande dessinée ou un livre. Avec un peu de chance, personne ne viendrait durant quelques minutes.
En été le soleil pénétrant par la fenêtre au verre cathédrale nous réchauffait agréablement le dos, en hiver le siège était glacé et il fallait une seconde de courage pour y déposer nos augustes derrières.
Maman, pour notre culture, scotchait sur le mur un poster. Un mois nous avions droit aux espèces de papillons d'Europe - j'aimais particulièrement le citron, puis les divers champignons - Ahh le phallus impudicus nous en avons fait des gorges chaudes, ou les fleurs des champs - combien je trouvais belles les caltha !
Le temps passait doucement, rêver, lire, apprendre... mais il y avait toujours un moment où l'on venait frapper à la porte, il fallait sortir de l'engourdissement, reprendre pied dans la vie familiale, s'essuyer les fesses, et tirer sur la grosse chaîne terminée par une poignée en porcelaine. Le réservoir surplombant la scène se vidait dans un grand bruit de cataracte, on entr'ouvrait la fenêtre et sortions en grommelant "Tu ne pouvais pas aller dans les toilettes chics ?"
Mais non ! C'étaient vraiment celles-là où nous étions le mieux !
8 commentaires:
Personnellement, je n'oserais pas aborder ce genre de sujet mais je trouve ton billet très poétique. Que de temps passons-nous au petit coin, du temps pour lire, méditer, profiter de la solitude quand la maison est pleine comme un œuf ... Je me souviens aussi d'une affiche dans des toilettes publiques qu'enfant je trouvais très mystérieuse :
"Ici comme à Belfort
les faibles et les forts
doivent faire des efforts."
Je me demande si nous n'y allions pas aussi pour y trouver un peu de calme :)
Je laisse si peu souvent de commentaire, et pourtant je suis si souvent enchantée par ta prose, par la justesse de tes évocations, je visualise exactement ce que tu montres, comme si j'étais dans un film qui me transporte dans mes souvenirs et ses sensations exactes.
Merci à toi pour ces morceaux magnifiques.
Merci Otir de commenter sur ce billet qui semble être un peu banni par mes lecteurs :) Lorsque j'écris, j'ai la scène qui se visualise, j'ai beaucoup de plaisir à raconter ses courts instants d'enfance. Un peu plus que douze secondes, mais un peu dans la même veine non ? ;)
Il n'y a vraiment que toi pour être capable de décrire aussi merveilleusement quelque chose d'aussi banal :)
J'ai adoré, merci :)
Et moi, je me souviens de nos toilettes tapissées par les dessins de mon frère et moi...Ca choquait beaucoup de monde, moi ça m'a toujours fait beaucoup rire :)
Choqué pourquoi ? Franchement des toilettes vivantes sont tout de même plus agréables que d'infâmes bouges dans lesquels on se bouche et le nez et les yeux non ?
Ton billet fait remonter un souvenir de circonstance. Notre chasse d'eau, en fonte, et actionnée elle aussi par une chaîne avec une poignée en bois, était de la marque "Niagara"...
Au moins Oxygène, avions nous l'impression de vraiment évacuer avec force tout, absolument tout :D
Er il est possible que la nôtre s'appelait de la même façon.
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