- Coucou !
Tiens, dit-il, C. est sur facebook.
D'un doigt il répond "coucou", puis clique sur entrer.
De temps en temps ils échangent quelques mots, parfois plus. Il ne travaille pas, se couche très tard, le décalage leur ouvre de longues plages où ils peuvent se rencontrer au delà des mers. Pour moi quelques rares mails, souvent en réponse à un mot chargé d'angoisse après de trop longs silences.
Puisqu'il va chercher chez la voisine, nos surgelés mis en consigne le temps que le nouveau congélateur soit opérationnel, je m'empare du clavier.
"C'est moi, JP est parti chez la voisine"
- Ohhhhhhhhhhhh - et je l'imagine toute émue le sourire aux lèvres - comment vas-tu ?
"A part mon virus qui lentement se retire, ça va"
- Les copains viennent tout juste de me dire qu'ils allaient déjeuner, je ne vais pas pouvoir rester longtemps.
"Va-s'y ma fille, profite de tes derniers jours, on se parlera à ton retour"
- J'étais la maison blanche, j'ai vu le bureau ovale...
"Ouahhhhhhhhhhhhhhhh ! Et Barak, tu l'as vu ?"
- Non il était à New York - il faut que j'y aille, on essaye de se recontacter tout à l'heure...
"Oui ma cocotte, va-s'y"
- A tout !
Évidemment il n'y a pas eu de tout à l'heure. Peut être a-t-elle essayé alors que nous n'étions pas devant l'écran, peut être pas. Elle est partie depuis le 28 avril, nous n'avons eu aucune carte, quelques rares mails, elle est loin, elle vit sa vie de jeune femme.
Parfois je râle "Tout de même, elle pourrait nous donner de ses nouvelles non ?" JP ne dit rien bien sûr. G. me connait, sait que je vais vite me calmer.
Oui elle pourrait... mais et moi à son âge, donnais-je de mes nouvelles à mes parents ?
A vingt quatre ans j'étais revenue dans le giron familial après des années d'errances. J'y étais revenue, sdf après l'incendie de l'immeuble, et j'avais rencontré JP. Nous débutions notre histoire. Par la force des choses mes parents avaient donc de mes nouvelles mais avant ? Rien ! Nous étions restés étrangers à nos vies pendant presque six ans. Ils ne savaient rien de moi, je ne m'intéressais plus à eux.
Rien à voir donc avec ce que nous vivons C. et moi. C'est juste qu'encore et toujours je dois me rappeler que les enfants ont droit à leur liberté.
L'essentiel est et sera, de toujours garder le lien. Toujours !
Tiens, dit-il, C. est sur facebook.
D'un doigt il répond "coucou", puis clique sur entrer.
De temps en temps ils échangent quelques mots, parfois plus. Il ne travaille pas, se couche très tard, le décalage leur ouvre de longues plages où ils peuvent se rencontrer au delà des mers. Pour moi quelques rares mails, souvent en réponse à un mot chargé d'angoisse après de trop longs silences.
Puisqu'il va chercher chez la voisine, nos surgelés mis en consigne le temps que le nouveau congélateur soit opérationnel, je m'empare du clavier.
"C'est moi, JP est parti chez la voisine"
- Ohhhhhhhhhhhh - et je l'imagine toute émue le sourire aux lèvres - comment vas-tu ?
"A part mon virus qui lentement se retire, ça va"
- Les copains viennent tout juste de me dire qu'ils allaient déjeuner, je ne vais pas pouvoir rester longtemps.
"Va-s'y ma fille, profite de tes derniers jours, on se parlera à ton retour"
- J'étais la maison blanche, j'ai vu le bureau ovale...
"Ouahhhhhhhhhhhhhhhh ! Et Barak, tu l'as vu ?"
- Non il était à New York - il faut que j'y aille, on essaye de se recontacter tout à l'heure...
"Oui ma cocotte, va-s'y"
- A tout !
Évidemment il n'y a pas eu de tout à l'heure. Peut être a-t-elle essayé alors que nous n'étions pas devant l'écran, peut être pas. Elle est partie depuis le 28 avril, nous n'avons eu aucune carte, quelques rares mails, elle est loin, elle vit sa vie de jeune femme.
Parfois je râle "Tout de même, elle pourrait nous donner de ses nouvelles non ?" JP ne dit rien bien sûr. G. me connait, sait que je vais vite me calmer.
Oui elle pourrait... mais et moi à son âge, donnais-je de mes nouvelles à mes parents ?
A vingt quatre ans j'étais revenue dans le giron familial après des années d'errances. J'y étais revenue, sdf après l'incendie de l'immeuble, et j'avais rencontré JP. Nous débutions notre histoire. Par la force des choses mes parents avaient donc de mes nouvelles mais avant ? Rien ! Nous étions restés étrangers à nos vies pendant presque six ans. Ils ne savaient rien de moi, je ne m'intéressais plus à eux.
Rien à voir donc avec ce que nous vivons C. et moi. C'est juste qu'encore et toujours je dois me rappeler que les enfants ont droit à leur liberté.
L'essentiel est et sera, de toujours garder le lien. Toujours !
Et je repense à ce billet...
Message personnel - C. tu me connais, l'important pour moi est que tu ailles bien, que tu soit heureuse, que tu profites de ta vie et surtout surtout que tu ne culpabilises pas. Nous aurons largement le temps de nous raconter à ton retour.
Vit pleinement, rien ne peut me faire plus plaisir !
Vit pleinement, rien ne peut me faire plus plaisir !
19 commentaires:
Ça n'est peut-être pas une question de liberté, Valérie. Simplement, dans ces moments-là, tu n'es plus sa priorité. Et puis, elle le sait, elle, qu'elle va bien :)
"L'essentiel est et sera, de toujours garder le lien. Toujours !"
Je crois que cette phrase est la clef de toute relation entre parents et enfants!
Encore en écho avec toi... ce midi j'ai eu ma sauterelle au téléphone, mais bien vite elle a raccrochée... D'autres choses à faire... une vie à vivre...
Egoïstement, en raccrochant, je me suis encore demandé (pour la nième fois) pourquoi elle m'avait appelé... et pourquoi j'ai toujours aussi mal...
Mais bon le contexte n'est pas le même... pourtant je me dis que sans doute, dans le même contexte, j'aurais aussi un petit pincement au coeur... comme toi...
C'est bon et difficile à la fois d'être mère...
Et tes collègues ? toujours dans le même état d'esprit ? Claire souffre t-elle toujours de ce fils ?
Je me souviens d'une époque où j'avais toujours une de mes filles au téléphone, tantôt l'une, tantôt l'autre, pour se faire consoler de ceci ou de cela.
J'ai beaucoup étonné l'une d'entre elles en remarquant, un jour, que c'était attristant de penser que ça allait rarement bien pour elle.
Après un moment de perplexité: "Ah, mais non, c'est parce que je t'appelle quand ça va pas bien!"
J'ai lu le billet que tu mets en référence, ça me semble en effet extravagant (et très risqué) de faire un enfant pour ses vieux jours.
Ce n'est peut-être pas un hasard si ce petit garçon pleurait beaucoup. Espérons qu'il a trouvé ce qui lui manquait auprès d'autres personnes de son entourage. Espérons aussi que sa mère aura évolué.
Certaines personnes se sentent très mal avec les bébés, et ça va mieux lorsque l'enfant grandit. Inversement, j'ai vu des mères chaleureuses, adorables avec leurs bébés devenir soudain dures, amères, dès que se manifestait l'esprit d'opposition qui caractérise la troisième année de vie.
Pour moi, je trouve très merveilleux ce qui fait souffrir d'autres mères, cette capacité à se distancier, à vivre sa vie, à cesser d'être "dans le giron".
Ce qui ne m'empêche pas d'être tout plein heureuse quand ma nichée me revient.
Olivier, tu t'en doutes, cela aurait été un échec si ma fille n'avait pas pu se détacher de moi. Je me souviens de ses toutes premières semaines à Lyon, lorsqu'elle rentrait chaque week end. J'étais heureuse mais ne pouvais m'empêcher d'avoir le coeur serré à l'idée que nous étions sa seule "famille". Depuis elle s'en est créée une autre, qui je l'espère lui procure plein de bonheur.
Anthom, rien de plus terrible que les parents qui ferment la porte définitivement.
Erin, la jeune femme enceinte qui semblait elle aussi penser que l'enfant n'était qu'un fardeau, est tout à fait revenue sur cette idée. Elle aime follement sa fille, et semble très heureuse de son nouveau "fardeau". Mais "cultive ton jardin" celle qui parlait du sien comme d'un boulet n'a pas du tout changé d'avis.
Justement CTJ, ma fille m'appelle très rarement lorsque cela ne va pas bien, c'est à cela que je vois qu'elle est mal, d'où mes petits mails SOS ;)
J'avoue que mes petits coucous quasi quotidiens avec Mandy me sont bien agréables.
En grandes indépendantes toutes les deux: c'est souvent juste pour papoter ;)
Comme ça C. rentre bientôt?
C'est bien qu'elle soit heureuse et active, même si c'est de l'autre côté de l'océan.
Vous avez réussi vos enfants, et vos liens sont très forts !
Béo elle rentre mi octobre :)
Fauvette, j'ai tellement eu peur, lorsque je les ai mis au monde, que se reproduise ce que j'ai vécu avec mes parents.
Que tu es sage!
Que je me dis qu'il serait bon que j'aie la même relation avec mes parents, mais surtout...qu'eux aient la même avec moi ;)
Accepter la distance, c'est tout un programme :))
Valérie : elle ne dit rien ici, mais je suis sûr que C. est fière d'une mère comme toi. Non ? :-)
Quand on part très jeune vivre en pays étranger (je l'ai vécu) on développe une sorte d'égoïsme nécessaire. Les priorités ne sont plus les mêmes : on doit faire face à ICI et MAINTENANT, ce qui coupe un peu de AVANT et LA-BAS. On a plein de choses à gérer, surtout une nouvelle vie dans un pays étranger, en sachant que personne ne sera là pour nous rattrapper si l'on tombe. En tout cas, pas dans l'immédiat.
Les choses se remettent en place, doucement, au retour. Je comprends tes sentiments, j'aurais les mêmes si j'étais père. Tu comprends ceux de ta fille, en tout cas tu essaies, et pour ça, vraiment, chapeau bas. Bravo Val.
Pablo: de la fierté non, je ne suis en rien responsable du caractère de ma mère. Mais de l'admiration par contre oui, énormément!
Et oui, je me suis reconnectée mais vous n'étiez plus là.
J'écrirai de San Francisco, promis.
Là j'ai meme plus le temps de dormir pour faire tout ce que je veux avant de partir...
Et vous me supporterez tellement difficilement à mon retour qu'à votre place je profiterais du calme!
Floh, je n'aurais jamais imaginé pouvoir un jour avoir des rapports détendus avec mes parents. Si tu savais combien ils ont été violents ! Rien que pour cela je suis heureuse d'avoir passée des heures dans le cabinet de l'analyste !
Pablo, je l'imagine trèèèès active et dormant peu (d'ailleurs elle confirme :D)
Lancelot,en plus le décalage horaire n'arrange rien, et de toute façon je trouve cela plus sain que si elle m'appelait tristounette tous les jours non ?
Ne t'inquiètes pas ma fille, j'ai déjà élaboré un programme de fou... il faut repeindre l'appartement :D
L'idée de la peinture est géniale, Valérie ! : ça lui évitera le coup de blues (attention aux couleurs de la peinture, donc !) et l'aidera à surmonter le jet lag ;-) ;-)
Pablo, je la connais, elle ne sera pas encore arrivée que son programme sera déjà surchargé :D
Tout d'abord elle dormira, un jour, deux peut être, puis je l'imagine déjà repartant à droite, à gauche, par monts et par vaux, croquer la vie à pleines dents !
J'ai le même problème avec Kévin mais heureusement il n'est pas si loin les grands ados ne comprennent pas vraiment que l'on soit inquiets pour eux mais on etait pareil à leurs ages je crois bien ;o)
Jipes, il faut toujours se rappeler sa jeunesse pour permettre à nos enfants de vivre la leur le mieux possible non ;)
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