Il y avait eu ce concert privé, tout là haut près du lac Blanc. J'entamais une longue reconstruction après le cataclysme qui avait dévasté notre couple, JP était resté en bas, garder les petits.
Assise sur une chaise inconfortable, entourée d'une quinzaine de mélomanes, j'avais sagement écouté Odile jouer de la viole de gambe accompagnée au clavecin. Avait suivi un repas, les chaumes brûlées par le soleil pour horizon.
Cette liberté brutale me donnait des ailes, au bout de la table trônait le garçon qui me faisait frissonner de bonheur lorsque j'avais à peine deux ans, et n'avait cessé d'être mon fantasme réconfortant lorsque tout s'écroulait autour de moi.. Sans cesse je cherchais son regard, nous ne nous étions plus vu depuis une vingtaine d'années.
La nuit tombée, alors que nous rejoignions chacun nos voitures, sauvagement il m'avait renversée sur le capot et nous nous étions dévorés de longues minutes sous les étoiles.
Août m'avait fait connaître toutes les chambres d'hôtel aux alentours d'Orbey, l'adultère rendait cet été magique, je me redécouvrais femme.
En septembre, j'avais démarré un emploi dont j'avais négocié âprement le contrat pour avoir mes vendredis après-midi libres. Je partais m'envoyer en l'air à Paris, laissant JP s'occuper des enfants.
La première fois mon amant était venu me chercher à la gare en costume cravate... noir, tel un corbeau... j'avais alors précisément pris la mesure du fossé qui nous séparait. Il habitait une banlieue triste et grise, votait Chirac, avait de tout petits pieds, mesurait prêt de deux mètres. Nous avions mangé des huîtres et bu un excellent vin jaune, fait l'amour... il s'était endormi lourdement.
Au matin nous avions pris notre café sur une nappe en plastique jaune et nous étions allés faire des courses dans un supermarché aux néons clignotants. La journée avait passé tranquillement, légère j'étais montée dans le train de 18 heures, contente de rentrer, triste de le quitter.
Nos rendez-vous, tous les quinze jours, ne variaient pas vraiment, des huîtres... l'amour... l'hiver s'installait, JP m'attendait sur le quai, le regard triste.
Un dimanche mon amant voulu me voir repasser, faire le ménage, comme si nous formions un vrai couple, il parlait de notre avenir, mes enfants devenaient les siens, il oubliait JP qui n'en était que plus présent.
A la gare de Lyon il me regarda avec des larmes dans les yeux, me pressant de revenir vite... je savais que je ne reviendrais plus, l'heure s'étirait.
Le sifflet annonçant la fermeture des portes sonna la fin de cette parenthèse, libre je retournai vers celui que je n'avais cessé d'aimer.
Assise sur une chaise inconfortable, entourée d'une quinzaine de mélomanes, j'avais sagement écouté Odile jouer de la viole de gambe accompagnée au clavecin. Avait suivi un repas, les chaumes brûlées par le soleil pour horizon.
Cette liberté brutale me donnait des ailes, au bout de la table trônait le garçon qui me faisait frissonner de bonheur lorsque j'avais à peine deux ans, et n'avait cessé d'être mon fantasme réconfortant lorsque tout s'écroulait autour de moi.. Sans cesse je cherchais son regard, nous ne nous étions plus vu depuis une vingtaine d'années.
La nuit tombée, alors que nous rejoignions chacun nos voitures, sauvagement il m'avait renversée sur le capot et nous nous étions dévorés de longues minutes sous les étoiles.
Août m'avait fait connaître toutes les chambres d'hôtel aux alentours d'Orbey, l'adultère rendait cet été magique, je me redécouvrais femme.
En septembre, j'avais démarré un emploi dont j'avais négocié âprement le contrat pour avoir mes vendredis après-midi libres. Je partais m'envoyer en l'air à Paris, laissant JP s'occuper des enfants.
La première fois mon amant était venu me chercher à la gare en costume cravate... noir, tel un corbeau... j'avais alors précisément pris la mesure du fossé qui nous séparait. Il habitait une banlieue triste et grise, votait Chirac, avait de tout petits pieds, mesurait prêt de deux mètres. Nous avions mangé des huîtres et bu un excellent vin jaune, fait l'amour... il s'était endormi lourdement.
Au matin nous avions pris notre café sur une nappe en plastique jaune et nous étions allés faire des courses dans un supermarché aux néons clignotants. La journée avait passé tranquillement, légère j'étais montée dans le train de 18 heures, contente de rentrer, triste de le quitter.
Nos rendez-vous, tous les quinze jours, ne variaient pas vraiment, des huîtres... l'amour... l'hiver s'installait, JP m'attendait sur le quai, le regard triste.
Un dimanche mon amant voulu me voir repasser, faire le ménage, comme si nous formions un vrai couple, il parlait de notre avenir, mes enfants devenaient les siens, il oubliait JP qui n'en était que plus présent.
A la gare de Lyon il me regarda avec des larmes dans les yeux, me pressant de revenir vite... je savais que je ne reviendrais plus, l'heure s'étirait.
Le sifflet annonçant la fermeture des portes sonna la fin de cette parenthèse, libre je retournai vers celui que je n'avais cessé d'aimer.
14 commentaires:
fort! très fort... j'espère que le pauvre garçon a fini par apprendre.
C'est un récit très intense. C'est presque un film, à des scènes très courtes mais fortes ; des couleurs et des lumières qui sont en accord avec les sentiments, les passions ; une musique aigre-douce (je n'arrive pas à la définir) qui ne laisse pas de place aux dialogues ; des regards. C'est intense.
Un amant qui partait perdant dans le jeu amoureux entre toi et JP, il me semble. Car ce qui me frappe surtout c'est la complexité de la passion et des relations de couple, la douleur parfois à être ensemble.
M'enfin, faut dire, un corbeau noir... Quand même, être amant ou amante n'est-ce pas surtout bousculer joyeusement la vie de l'autre ?
C'est digne d'un synopsis de film comme le dit Pablo.
A croire que cette éclipse en a retourné des cœurs et des esprits...
Le genre de parenthèse qu'il faut vivre à fond pour réaliser que notre réalité ne peut qu'arriver qu'à l'exclure
Sincèrement, je t'admire d'arriver à écrire tout ça, aussi simplement, de façon aussi belle, à sa manière...Je n'y réussirais pas le quart de la moitié, mais c'est un bonheur de te lire!
Quand l'amant commence à ressembler à un mari, quand le mari recommnce à devenir aimant.
L'été 1998. Ensuèz pour nous. Une villa au bord de la mer, et plusieurs couples qui se déchiraient, se défaisaient, à un point tel qu'on en avait eu peur que ça ne devienne contagieux...
Orbey... ça m'intrigue. Où est-ce ?
...mmmm...j 'hésite beaucoup à laisser ce commentaire: conter de tres belle maniere une histoire vraie dont les acteurs se blessent les uns les autres ....ça me trouble.
Mais s'il te plait n'y voit pas de reproche, juste le ressenti d'un internaute quelconque qui ne détient certainement aucune vérité.
Merci de partarger ton vécu jusque dans ces moments secrets. Ca me permet d'apprendre.
Joli billet et étonnante "confession". Je n'oserais pas, moi non plus, mais d'accord avec les ci-devants, ça ferait un bon canevas pour un film intimiste.
Encore un écho en moi...
Parfois pour qu’un amour vive il faut des coups de canif au contra !
Moi personnellement je vous aurez fritté la gueule a tout les deux !
Cette surtout pour signale la violence d’une telle situation, trompé quelqu’un sais très dure a géré pour la victime!
Mais je dois reconnaitre que t’ont récit et très passionnent!
Une histoire de passion racontée avec franchise mais tact et un beau témoignage de liberté et de féminité. J'ai lu, un peu le rouge aux joues mais charmé par la qualité de ton récit !
Passion passion Jipes, je crois que plutôt que c'était une réassurance nécessaire... mais la passion éprouvée quelques années plus tard il faudra que je la raconte aussi un jour :D
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