jeudi 16 avril 2009

trois jours


Vendredi soir, après avoir jeté quelques vêtements dans un sac, rapidement rassemblé brosse à dent et produits de beauté, nous avions réussi à quitter l'appartement à dix huit heures trente. Le gros des vacanciers était depuis longtemps parti, vendredi saint régional oblige.
Un petit arrêt au Mac'do d'Estavayer, avait préparé nos estomacs aux futures agapes Pascales, la suite du trajet se déroulant de façon toujours aussi fluide, même Chamade s'assoupissait parfois en oubliant de miauler. Nous étions arrivés à vingt trois heures trente.

Dès le chemin nous avions vu le changement, la maison, très claire, se détachait dans l'obscurité ! Plus d'épicéas pour la cacher au reste du monde, elle était là, semblant léviter dans la nuit.
Glups ! Chacun avait ravalé son angoisse. Nous avions beau avoir été prévenus, le choc n'en était pas moins rude.

En arrivant aux abords, l'absence de ce grand pan de forêt semblait encore plus invraisemblable. Nous n'étions plus "chez nous".
G. et moi fûmes instantanément de très mauvais poil, JP comme toujours garda ses sentiments, C. quant à elle, trouva que cela avait son charme et que de toute façon puisque cela était nécessaire, rien ne servait de se mettre dans cet état.
Rapidement nous étions allés nous coucher, pour ma part d'une humeur de chien.

Le lendemain, la lumière baignant la maison nous avait réveillés. Ciel ! du soleil au réveil ! Voilà des années que nous n'avions connu cela.
Pendant que je mettais en route le café, JP ouvrait les volets du bas. La montagne d'en face, couverte d'arbres fleuris, s'offrait à nos regards encore réticents.
Alors, lentement, l'idée que rien ne servirait de s'ancrer dans le refus stérile de ce bouleversement, fit son chemin.

Certes les épicéas de ce triangle protecteur n'étaient plus, mais restaient trois frêles frênes de belles hauteurs, et, dans un coin, bien serrés les uns contre les autres, une dizaine d'arbustes bourgeonnants. Il suffisait maintenant de nettoyer hardiment ce lopin de terre, rassembler le bois en stère, brûler et arracher tout ce qui ne pouvait être utile pour la chaudière, ou pour le four à pain.
Suant et soufflant, griffés de toutes parts, collants de sève, ce fut donc un week end bûcheronnage !

Et lundi, le terrain nettoyé, se redressèrent alors, fièrement, érables, frênes, hêtres et saules marsault en devenir. La montagne était devenue notre nouvel horizon.

Nous sommes repartis sous un ciel d'orage et ravis du changement.

8 commentaires:

Leeloolene a dit…

Oh que je comprends ta mauvaise humeur du départ !!! C'est tellement triste d'arracher des arbres et de voir le

cadre que l'on aime complètement changé et transformé ! La photo est triste d'ailleurs je trouve.

Enfin, tant que c'est pour la bonne cause... et pas signe de l'installation d'une maison à la place des beaux

arbres... alors il ne faut voir que les bons côtés de la lumière revenue... et d'un lopin de terre que tu pourras

utiliser en jardin... et tous les futurs jolis feux de cheminée avec tout ce bois :)

Valérie de Haute Savoie a dit…

Les terres autour sont pour l'instant non constructibles, et les épicéas menaçaient la maison au moindre vent un peu soutenu. Il nous reste encore 4 hectares de bois mais hélas pas de cheminée :)

Dr. CaSo a dit…

Le changement est si difficile... et pourtant souvent si positif finalement. Tu viens peut-être d'écrire une métaphore de ma vie en ce moment, et je devrais me souvenir que derrière les arbres arrachés, il y a les montagnes :)

Fauvette a dit…

C'est une suite de tempête ?
Ce n'est pas mal finalement une maison lumineuse non ?

Oxygene a dit…

Les arbres se replantent et les générations futures en profitent. Pour l'instant, une cure de soleil pour la maison, c'est une bonne chose, non?

jipes a dit…

Heureusement ça repousse et puis gagner de la lumière c'est pas négligeable. On a tous du mal avec le changement on ne sent plus chez "soi mais à la fin c'est peut etre mieux comme cà

Madeleine a dit…

Mais vous étiez au courant, ça n'a pas été fait sans votre accord ?

Valérie de Haute Savoie a dit…

Madeleine, la dernière tempête avait laissé des traces assez terribles dans le terrain, et l'on craignait qu'un de ces jours, un épicéa s'effondre sur la maison. Alors oui, nous savions que les bucherons allaient abattre toute cette partie, mais entre le savoir et le voir il y a un monde. Cela change fondamentalement l'aspect de la maison. Auparavant elle était enfouie dans la forêt, elle est maintenant toute dégagée et c'est incroyable ce qu'on a l'impression de ne plus être en terrain connu. Et puis, étant donné la configuration du terrain, il a fallu également couper toute la végétation autour, du coup le choc était encore plus rude.
Mais il le fallait, les conifères ont des racines bien peu profondes et ne supportent pas les rafales de vent. Il suffit de voir le sud ouest.

Dr CaSo, les montagnes mais surtout LE SOLEIL !

Fauvette, la tempête avait ravagé une bonne partie en 99, faisant un chabli propice maintenant à la reproduction des chevreuils (comme quoi il y a toujours du positif !)

Oxygène, pour la maison et pour nous :D Et puis oui, on en profitera pour planter des arbres plus divers.

Jipes, le changement :D J'ai toujours un moment de flou rageur lors d'un changement (simplement lorsque Firefox change fondamentalement un truc, ou une nouvelle version d'excel par exemple) et très vite j'en suis plutôt contente. Et puis rien ne vaut quelques heures de soleil en plus tu as raison.