Le petit papier scotché hier soir sur les boites aux lettres nous avait prévenu, ce matin encore, nous nous lavons à l'eau froide, très froide. Cela fait briller les cheveux, et réveille, même sans café.
A peine arrivée au bureau, j'ai tout juste le temps de mettre le courrier sous pli et je file à un rendez-vous sur site. C'est LA journée Obama, et les radios sont déjà en boucle sur l'évènement qui éclipsera, un temps, notre agité en talonnette.
A dix heures je dois annuler une visite, les clefs sont introuvables sans doute dans les poches de Samuel, qui était hier soir encore dans l'appartement pour y faire des photos, et qui ce matin est loin, en formation avec mon autre collègue. Mais mon planning se remplit d'heure en heure et ma réserve d'essence clignote depuis hier soir. Je pensais rester la journée au bureau, il faudra, entre deux rendez-vous, passer à la pompe : un euros douze le litre.
A midi je retrouve G. allongé sur le futon posé par terre dans la salle de séjour, hier soir il a démonté le canapé qui a rendu l'âme et pour l'instant nous dormirons par terre, comme aux premières heures de notre vie à deux. Chamade a du mal à s'y faire, cela trouble ses habitudes et lorsque la sonnette retentit, elle ne sait plus où filer se cacher. D'où pourra elle maintenant surveiller cet infirmier qui l'intrigue tant ? Elle a bien tenté de se glisser sous le matelas, sans succès.
L'après-midi file à toute allure, je traverse la ville, tantôt accompagnée, tantôt seule, retrouvant mes futurs locataires "sur site". Du coup je peux suivre l'investiture en direct. Il me semble que France Inter a un meilleur interprète que France info.
De retour au bureau, je peux régler encore deux trois petits problèmes, terminer de mettre au propre un état des lieux, rassurer une maman désemparée par la séparation de son fils avec sa fiancée. Je croise mon petit chouchou qui n'est plus SDF et qui a un sourire à se damner.
Demain c'est moi qui serai en formation, et mes collègues qui s'occuperont de mes clients.
Je dépose le parapheur sur le bureau du dirigeant, quitte le bureau en éteignant les lumières, l'imprimante, le télécopieur, laissant un couloir noir et silencieux.
Tout en démarrant la voiture j'appelle G., lui demande de m'attendre devant l'immeuble, nous devons trouver des chaussons d'escalade pour demain. J'en profites pour déposer mes lunettes qui perdent leurs verres, chez l'opticien, le temps de foncer chez GoSport. Pas de chaussons à sa taille "c'est un sport de nain" dit-il.
"Och t'inquiète !" Sa prof lui prêtera des chaussures, parce que jamais il fera ça pieds nus, c'est trop moche les pieds. Ces petits moignons sur lesquels poussent des ongles moches.
Il râle, la braguette de son pantalon n'arrête pas de tomber, "t'imagines pas comme j'ai peur que le prof m'appelle au bureau, parce qu'elle se coince et je tire, je tire, et ça met un temps fou".
Oui mais pourquoi tu ne mets pas ton jean aux poches rouges ? Ben parce qu'il me fait des grosses jambes ! Ah bon ?
En passant devant les poubelles transparentes où je veux jeter mon chewing-gum, je vois l'édition spéciale de Libé sur Obama. Ni une ni deux je plonge ma main dans la poubelle et la récupère. G. défaille ! La honte absolue, OMG je suis folle ! maintenant c'est sûr ! "Et surtout ne t'avises JAMAIS PLUS de me faire un truc pareil, ou alors tu préviens et je ne te connais plus !"
Il lui faut quelques rayons avant de reprendre son calme, on arrive à celui du coca, il attrape une super promotion de 24 canettes. Au bout d'une minute il meurt à nouveau de honte "Mais regarde, je suis sûr qu'ils me regardent et ils se disent - Ouah c'est genre le gamin tout fier d'avoir un gros paquet de coca ! et toi tu rigoles ! Je suis sûr que tu fais exprès de faire tous le magasin pour que tout le monde me voit avec mon coca.
Et je ris, je ris !
Chamade, pour nous montrer l'immense joie de nous voir revenir, se précipite sur son griffoir et s'acharne à déchiqueter avec force le carton qui résiste.
Nous arrivons juste à temps pour la Roue de la fortune, notre émission chérie qui nous permet de rivaliser en moqueries. Mais avant il faut que j'aille nourrir Goguette qui m'attend impatiemment derrière la porte en miaulant. Son maître est en vacances pour une dizaine de jours.
Cela fait, nous croquons dans un petit pain bretzel et buvons un coca, pendant que l'eau chauffe pour les tortellinis frais.
On zappe, Obama mange dans des assiettes anciennes, très anciennes, datant de Roosevelt ou Lincoln, "Tu vois le truc s'ils en font tomber une !" - Il reçoit en cadeau deux coupes en cristal gravées "Ouah trop la classe, je veux les mêmes ! " Je m'étonne. Ah bon, tu aimerais avoir des coupes comme ça ? Deviens président des Etats Unis. Non mais t'imagines, dedans tu peux mettre au moins un litre de coca. Ah oui, vu sous cet angle évidemment!
On zappe, on aimerait le voir remonter l'avenue de Pennsylvanie, mais malheur on tombe sur Koh Lanta et là G. se précipite sur la télécommande,"arrête ça fait une semaine que je veux voir cette émission, c'est des oufs " Ces loosers qui le font mourir de rire. JP s'endort quasi instantanément sur le matelas, Chamade file prendre ses quartiers dans la chambre de C. où je ne tarde pas à la rejoindre. Et G. s'esclaffe, s'esclaffe devant ses loosers chéris.
J'allume mon portable et je commence un billet d'une journée ordinaire.
L'émission se termine, Chamade se réjouit de pouvoir bientôt se coucher, Christelle et Moundir (il est trop bien Moundir) sont éliminés. "Ça à l'air trop ouf mardi prochain, j'f'rais trop Koh Lanta moi !" Et il se brosse les dents. JP s'est réveillé et s'installe devant son écran d'ordinateur. Je vais me démaquiller.
Demain est un autre jour !
A peine arrivée au bureau, j'ai tout juste le temps de mettre le courrier sous pli et je file à un rendez-vous sur site. C'est LA journée Obama, et les radios sont déjà en boucle sur l'évènement qui éclipsera, un temps, notre agité en talonnette.
A dix heures je dois annuler une visite, les clefs sont introuvables sans doute dans les poches de Samuel, qui était hier soir encore dans l'appartement pour y faire des photos, et qui ce matin est loin, en formation avec mon autre collègue. Mais mon planning se remplit d'heure en heure et ma réserve d'essence clignote depuis hier soir. Je pensais rester la journée au bureau, il faudra, entre deux rendez-vous, passer à la pompe : un euros douze le litre.
A midi je retrouve G. allongé sur le futon posé par terre dans la salle de séjour, hier soir il a démonté le canapé qui a rendu l'âme et pour l'instant nous dormirons par terre, comme aux premières heures de notre vie à deux. Chamade a du mal à s'y faire, cela trouble ses habitudes et lorsque la sonnette retentit, elle ne sait plus où filer se cacher. D'où pourra elle maintenant surveiller cet infirmier qui l'intrigue tant ? Elle a bien tenté de se glisser sous le matelas, sans succès.
L'après-midi file à toute allure, je traverse la ville, tantôt accompagnée, tantôt seule, retrouvant mes futurs locataires "sur site". Du coup je peux suivre l'investiture en direct. Il me semble que France Inter a un meilleur interprète que France info.
De retour au bureau, je peux régler encore deux trois petits problèmes, terminer de mettre au propre un état des lieux, rassurer une maman désemparée par la séparation de son fils avec sa fiancée. Je croise mon petit chouchou qui n'est plus SDF et qui a un sourire à se damner.
Demain c'est moi qui serai en formation, et mes collègues qui s'occuperont de mes clients.
Je dépose le parapheur sur le bureau du dirigeant, quitte le bureau en éteignant les lumières, l'imprimante, le télécopieur, laissant un couloir noir et silencieux.
Tout en démarrant la voiture j'appelle G., lui demande de m'attendre devant l'immeuble, nous devons trouver des chaussons d'escalade pour demain. J'en profites pour déposer mes lunettes qui perdent leurs verres, chez l'opticien, le temps de foncer chez GoSport. Pas de chaussons à sa taille "c'est un sport de nain" dit-il.
"Och t'inquiète !" Sa prof lui prêtera des chaussures, parce que jamais il fera ça pieds nus, c'est trop moche les pieds. Ces petits moignons sur lesquels poussent des ongles moches.
Il râle, la braguette de son pantalon n'arrête pas de tomber, "t'imagines pas comme j'ai peur que le prof m'appelle au bureau, parce qu'elle se coince et je tire, je tire, et ça met un temps fou".
Oui mais pourquoi tu ne mets pas ton jean aux poches rouges ? Ben parce qu'il me fait des grosses jambes ! Ah bon ?
En passant devant les poubelles transparentes où je veux jeter mon chewing-gum, je vois l'édition spéciale de Libé sur Obama. Ni une ni deux je plonge ma main dans la poubelle et la récupère. G. défaille ! La honte absolue, OMG je suis folle ! maintenant c'est sûr ! "Et surtout ne t'avises JAMAIS PLUS de me faire un truc pareil, ou alors tu préviens et je ne te connais plus !"
Il lui faut quelques rayons avant de reprendre son calme, on arrive à celui du coca, il attrape une super promotion de 24 canettes. Au bout d'une minute il meurt à nouveau de honte "Mais regarde, je suis sûr qu'ils me regardent et ils se disent - Ouah c'est genre le gamin tout fier d'avoir un gros paquet de coca ! et toi tu rigoles ! Je suis sûr que tu fais exprès de faire tous le magasin pour que tout le monde me voit avec mon coca.
Et je ris, je ris !
Chamade, pour nous montrer l'immense joie de nous voir revenir, se précipite sur son griffoir et s'acharne à déchiqueter avec force le carton qui résiste.
Nous arrivons juste à temps pour la Roue de la fortune, notre émission chérie qui nous permet de rivaliser en moqueries. Mais avant il faut que j'aille nourrir Goguette qui m'attend impatiemment derrière la porte en miaulant. Son maître est en vacances pour une dizaine de jours.
Cela fait, nous croquons dans un petit pain bretzel et buvons un coca, pendant que l'eau chauffe pour les tortellinis frais.
On zappe, Obama mange dans des assiettes anciennes, très anciennes, datant de Roosevelt ou Lincoln, "Tu vois le truc s'ils en font tomber une !" - Il reçoit en cadeau deux coupes en cristal gravées "Ouah trop la classe, je veux les mêmes ! " Je m'étonne. Ah bon, tu aimerais avoir des coupes comme ça ? Deviens président des Etats Unis. Non mais t'imagines, dedans tu peux mettre au moins un litre de coca. Ah oui, vu sous cet angle évidemment!
On zappe, on aimerait le voir remonter l'avenue de Pennsylvanie, mais malheur on tombe sur Koh Lanta et là G. se précipite sur la télécommande,"arrête ça fait une semaine que je veux voir cette émission, c'est des oufs " Ces loosers qui le font mourir de rire. JP s'endort quasi instantanément sur le matelas, Chamade file prendre ses quartiers dans la chambre de C. où je ne tarde pas à la rejoindre. Et G. s'esclaffe, s'esclaffe devant ses loosers chéris.
J'allume mon portable et je commence un billet d'une journée ordinaire.
L'émission se termine, Chamade se réjouit de pouvoir bientôt se coucher, Christelle et Moundir (il est trop bien Moundir) sont éliminés. "Ça à l'air trop ouf mardi prochain, j'f'rais trop Koh Lanta moi !" Et il se brosse les dents. JP s'est réveillé et s'installe devant son écran d'ordinateur. Je vais me démaquiller.
Demain est un autre jour !
6 commentaires:
le rôle d'une mère est de foutre la teuhon à ses enfants adolescents ;-)
J'ai bien souri en lisant les remarques de ton fils, j'ai connu ca en son temps. C'est une belle journée en somme ordinaire mais pas dépourvue d'intérêt bien au contraire on y sent la tendresse dont tu fais montre !
Pour Obama tant d'attente et d'espoir sur ses épaules....Espérons qu'il tiendras le coup !
Ton fils ne "msn" pas le soir ??? incroyable :)
Hier soir nous avons mangé exceptionnellement devant l'ordinateur pour voir les images de l'investiture d'Obama. C'est seulemnt dans des moments historiques comme celui-là que manque la télé ;-)
J'ai tenu à regarder en direct. C'était émouvant... Très émouvant. J'avais opté pour bfm, une fois l'investiture déclarée ouverte par la sénatrice, il n'y eu plus que la traduction... Pas de commentaire inutile...
Et comme je suis en boulversement hormonal... les larmes ont coulés silencieusement...
Tellement d'espoir, d'attente... mais aussi tellement de chemin parcouru...
Quand à ton fils, c'est tout à fait un ado... me reste encore quelques années avant de m'y coller avec ma sauterelle ;-)
En plus, ce qui ne gâche rien, il a tellement plus de classe que le notre non ? :D
Et pour ce qui de l'ado, le mien est ado'rable' et il me semble qu'il joue aussi ce rôle pour s'amuser.
Madeleine, si si je crois bien qu'il MSN.
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