Il y avait ce titre en couverture "un mystérieux cancer décime la communauté gay de Los Angeles", c'était l'hiver, il faisait froid et nous terminions tranquillement le repas. On s'était emparé du titre, délirant sur cette maladie qui choisissait soigneusement ces lointains homosexuels. Le mystère de la maladie des gay ! Mais qu'est ce qu'ils étaient encore allés chercher ? J'avais eu quelques années auparavant, un amant californien qui m'avait décrit ,avec force dégoût, la communauté "envahissante" des pédés à San Francisco. Cela m'avait fait rire, nous, des copains homosexuels, nous en avions, rien ne les différenciaient, ils étaient des copains, un point c'est tout, et nous ne nous posions pas plus la question que ça.
L'idée qu'une maladie ne s'attaque qu'à des américains vivant à Los Angeles et San Francisco, homosexuels de surcroit, nous semblait digne du plus grand canular. Du plus grand canular, ou alors, une façon déguisée de stigmatiser cette communauté qui avait le mauvais goût de vivre en pleine lumière ?
Pourtant, l'article décrivait les maladies de peau, les morts fulgurantes, une communauté aux abois. Nous nous étions interrogés encore un moment et nous étions passés à autre chose.
Le mois suivant, Libé remettait ça et puis nous n'en avions plus vraiment entendu parler.
Lorsqu'en mars 83 la une titra "l'épidémie du cancer gay" je crois bien que l'affaire était entendue. Les gays avaient des cancers bien spécifiques, dieu sait pourquoi juste eux, mais l'idée que cette maladie provoquait la mort dans des conditions atroces de souffrance et d'isolement ne pouvait nous laisser indifférents.
Pourtant, pas une seconde je n'ai craint, à l'époque, d'avoir risqué autre chose qu'une MST classique à la suite de mon viol, bien que j'en sois ressortie avec non seulement plusieurs champignons bien résistants, mais également une salpingite difficile à éradiquer. Le sida n'existait alors que dans les titres des quotidiens, rarement évoqué dans les autre médias, ce n'était pas une menace, même lointaine.
Je ne me souviens plus exactement quand nous avons réellement pris la dimension de cette maladie. Quand est-ce que nous avons compris que nous ne pourrions plus batifoler comme nous le faisions, sans jamais nous préserver autrement qu'en avalant notre pilule quotidienne.
Des unes de Libé j'en ai vu des centaines... Pourquoi celle-ci est-elle restée à ce point gravée dans ma mémoire ?
L'idée qu'une maladie ne s'attaque qu'à des américains vivant à Los Angeles et San Francisco, homosexuels de surcroit, nous semblait digne du plus grand canular. Du plus grand canular, ou alors, une façon déguisée de stigmatiser cette communauté qui avait le mauvais goût de vivre en pleine lumière ?
Pourtant, l'article décrivait les maladies de peau, les morts fulgurantes, une communauté aux abois. Nous nous étions interrogés encore un moment et nous étions passés à autre chose.
Le mois suivant, Libé remettait ça et puis nous n'en avions plus vraiment entendu parler.
Lorsqu'en mars 83 la une titra "l'épidémie du cancer gay" je crois bien que l'affaire était entendue. Les gays avaient des cancers bien spécifiques, dieu sait pourquoi juste eux, mais l'idée que cette maladie provoquait la mort dans des conditions atroces de souffrance et d'isolement ne pouvait nous laisser indifférents.
Pourtant, pas une seconde je n'ai craint, à l'époque, d'avoir risqué autre chose qu'une MST classique à la suite de mon viol, bien que j'en sois ressortie avec non seulement plusieurs champignons bien résistants, mais également une salpingite difficile à éradiquer. Le sida n'existait alors que dans les titres des quotidiens, rarement évoqué dans les autre médias, ce n'était pas une menace, même lointaine.
Je ne me souviens plus exactement quand nous avons réellement pris la dimension de cette maladie. Quand est-ce que nous avons compris que nous ne pourrions plus batifoler comme nous le faisions, sans jamais nous préserver autrement qu'en avalant notre pilule quotidienne.
Des unes de Libé j'en ai vu des centaines... Pourquoi celle-ci est-elle restée à ce point gravée dans ma mémoire ?
13 commentaires:
J'aime bien cette phrase là "sans jamais nous préserver autrement qu'en avalant notre pilule quotidienne" je la trouve très vrai. Je crois que nous nous souvenons tous de la premiere fois où nous avons entendu parler du Sida.
En 1985 Libé a titré : Sida,le risque des femmes...
On se souvient aussi très bien du premier ami qu'on a perdu de cette saloperie...
J'avais un ami, homo, un ami des bancs de classes (presque). On s'est perdu de vue quand je me suis marié (il était venu avec un ami à lui)
et puis le temps, la vie ont fait que j'ai perdu son adresse, lui aussi, avec les déménagements (nous n'étions pas encore dans l'ère des mobiles.
J'ai cherché sur les pages jaunes dans la france entière son nom.
J'espère qu'il est en vie.
Pour la vilaine histoire, il se prostituait.
Ha Mince, c'est moi qui parlait dans le précédent message de mon copain, ami, poto homo...
Une véritable tornade qui s'est abattue sur la communauté à cette époque mais qui aurait pût prédire la catastrophe mondiale que ca allait devenir :o(
Rien ne sera jamas plus pareil en effet...
J' ai eu connaissance de cette maladie en 1982 par le petit ami de ma fille à l' époque, elle avait alors 17 ans et lui rentrait d' Afrique ou il venait de passer quelques mois, les jeunes militaires en savaient plus que nous .....j' avoue que j' y croyais à peine ....mais hélas c' était bien une triste réalité !
Darcy, as-tu essayé par internet ?
Boutoucoat, tu l'as sur extrêmement tôt comparé à la majorité des Français non ? Parce qu'il me semble vraiment que l'on a mis du temps avant de prendre la mesure de ce fléau.
Pour moi, le sida a bouleversé le monde bien plus que le 11 septembre...
Le sida était une réalité bien lointaine, et puis ma fille va à l'université en danse contemporaine... une année la moitié des garçons de sa classe meurent... un choc terrible, tellement de craintes.
oui valérie j'ai essayé par internet de le retrouver :(
Un film qui décrit très bien l'apparition et la découverte du sida dans la communauté homosexuelle du début des années 80 c'est "Un compagnon de longue date", de Norman René, tourné en 1990. Tu l'as vu ?
J'avais 18 ans en 1982... Un obstacle de plus pour un jeune homo qui essayait d'y voir clair... !
Non Lancelot je ne l'ai pas vu et du coup tu me donnes envie de le voir. Moukmouk, ce que tu dis remet en place la réalité de cette pandémie. Il me semble que j'ai été particulièrement protégée, n'ayant perdu que peu d'amis de cette maladie. C'est bien plus le suicide qui a décimé mon cercle d'amis.
Je ne sais plus "quand" l'info nous tomba dans les oreilles.
Je me souviens TRES bien du sang contaminé 1988,des ravages dans la famille proche,le père,la mère et le suicide d'un des enfants.
Du tabou sur toutes les sexualités,homo, hétéro,défense de jouer...
De la peur pour mon fils ,et moi après de décès de mon époux,pas de batifolage inconsidéré,les mecs étaient d'une inconséquence sidérante.
Oui La Mume, cela devait être terriblement éprouvant.
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