C'est une maison rose, posée dans un jardin à l'abandon. Une table aux pieds de fer forgé est plantée au milieu des herbes hautes, sur son plateau des petites voitures, un tracteur, une poupée, une balle. Un siège en toile rouge. Des arbres finissant de perdre leurs feuilles jaunes et rouges.
Elle semble endormie, un chat noir bondit par dessus des pots en terre cuite et s'enfuit au bruit de nos pas. Au fond, contre la haie, une tondeuse.
Je précède le couple, très jeune, souriant, impatient de découvrir l'appartement. C'est le premier que je fais visiter toute seule. En chemin je leur ai dit les champs, les chevaux, le tout petit troupeau de mouton, le Jura au loin, tout ce qu'ils ne verront pas ce matin où le soleil s'est perdu dans le mur ouaté des nuages.
La maison est vide, une cactée étale ses feuilles grasses dans l'entrée, une hampe rouge fièrement dressée au centre, nos pas résonnent en montant l'escalier. J'ouvre la porte, la lumière baigne la pièce froide et nue, elle sourit, se retourne vers son compagnon, ravie. Les murs sont un peu sales, ce n'est rien, elle préfère cela, peindra une couche de blanc, mettra sa table ronde là, et puis elle fera les brocantes, Emmaüs. Elle va dans la chambre, ne regarde pas la moquette défraichie, se penche par la fenêtre, écarte les volets en bois brun, tourne sur elle-même, heureuse et inquiète.
- Vous l'avez déjà fait visiter ?
- Vendredi oui.
- Et ils voulaient le prendre ?
Je ne sais quoi lui dire, oui la jeune femme qui l'a visité avait l'air intéressé, mais sans l'enthousiasme qui les illumine. J'aimerais qu'il soit encore libre, qu'elle soit choisie.
Si elle pouvait, elle signerait là, tout de suite. Elle en a vu tellement, des moches, des petits, des bruyants. Là, il y a le jardin, les oiseaux, les arbres, les montagnes.
Elle demande " Qui passe la tondeuse ? Y a-t-il une cave pour mon vélo ? Je dirais à ma mère, c'est juste à côté des chevaux" Elle est heureuse. Son compagnon, silencieux, la regarde avec tendresse.
Maintenant elle est pressée, elle doit remplir son dossier, dire combien elle veut cet appartement. Elle n'a pas de doute, c'est là qu'elle habitera, à un quart d'heure de son travail, au milieu de la nature.
Nous rentrons joyeux.
Demain, c'est une autre jeune femme que j'emmènerai là bas, dans le brouillard ou sous le soleil.
Elle semble endormie, un chat noir bondit par dessus des pots en terre cuite et s'enfuit au bruit de nos pas. Au fond, contre la haie, une tondeuse.
Je précède le couple, très jeune, souriant, impatient de découvrir l'appartement. C'est le premier que je fais visiter toute seule. En chemin je leur ai dit les champs, les chevaux, le tout petit troupeau de mouton, le Jura au loin, tout ce qu'ils ne verront pas ce matin où le soleil s'est perdu dans le mur ouaté des nuages.
La maison est vide, une cactée étale ses feuilles grasses dans l'entrée, une hampe rouge fièrement dressée au centre, nos pas résonnent en montant l'escalier. J'ouvre la porte, la lumière baigne la pièce froide et nue, elle sourit, se retourne vers son compagnon, ravie. Les murs sont un peu sales, ce n'est rien, elle préfère cela, peindra une couche de blanc, mettra sa table ronde là, et puis elle fera les brocantes, Emmaüs. Elle va dans la chambre, ne regarde pas la moquette défraichie, se penche par la fenêtre, écarte les volets en bois brun, tourne sur elle-même, heureuse et inquiète.
- Vous l'avez déjà fait visiter ?
- Vendredi oui.
- Et ils voulaient le prendre ?
Je ne sais quoi lui dire, oui la jeune femme qui l'a visité avait l'air intéressé, mais sans l'enthousiasme qui les illumine. J'aimerais qu'il soit encore libre, qu'elle soit choisie.
Si elle pouvait, elle signerait là, tout de suite. Elle en a vu tellement, des moches, des petits, des bruyants. Là, il y a le jardin, les oiseaux, les arbres, les montagnes.
Elle demande " Qui passe la tondeuse ? Y a-t-il une cave pour mon vélo ? Je dirais à ma mère, c'est juste à côté des chevaux" Elle est heureuse. Son compagnon, silencieux, la regarde avec tendresse.
Maintenant elle est pressée, elle doit remplir son dossier, dire combien elle veut cet appartement. Elle n'a pas de doute, c'est là qu'elle habitera, à un quart d'heure de son travail, au milieu de la nature.
Nous rentrons joyeux.
Demain, c'est une autre jeune femme que j'emmènerai là bas, dans le brouillard ou sous le soleil.
18 commentaires:
tu n'as jamais pensée à écrire un roman?
Franchement, tu as du talent pour décrire les choses simples Valérie
Franchement
Là Darcy, je ne fait montre d'aucune imagination, je raconte c'est tout. Un roman nécessite un vrai talent d'écrivain, et çela je sais que je ne l'ai pas. J'écris juste des petits moments périssables de ma vie. C'est mon journal, un journal épuré mais un journal tout de même.
Et mille mercis de passer me lire, c'est si étonnant et tellement gratifiant.
Tes portraits et descriptions sont toujours brossés très délicatement, ce sont des friandises à lire...
Darcy a raison du talent tu en as !
Je suis d'accord avec les trois autres commentateurs ! :-)
c'est vrai que c'est très bien écrit, on s'y croirait !
On s'y croit tellement que j'aurais eu envie qu'ils signent.... là!
J'imagine que le piège est de trop s'attacher aux gens à qui on fait visiter!
Un vraiment joli billet. Et une idée de roman : les différentes vies qui pourraient se dérouler dans une maison, selon les gens qui la visitent.
Souvent ce blog me fait penser à un recueil de nouvelles que l'on déguste avec plaisir
Des plans pour ce week-end ? :-)
"L’hiver fera aussi sa joyeuse entrée ailleurs en Europe, notamment dans les Alpes où des conditions météorologiques extrêmes sont annoncées pour le week-end, avec peut-être jusqu’à un mètre et demi à deux mètres de neige."
C'est vrai que c'est un doux billet qui se déguste tout seul! ;) Je ne donne pas souvent signe de vie mais souvent je passe te voir! Pensées de l'autre coté de l'océan...
Alors écris-nous vite le chapitre deux : ils l'ont eue, la location, ou pas...?
Tu m'as donné envie de connaître cette maisons et ce jeune couple. Oui, tu as du talent !
Oui, on aimerait connaître la suite .....
La suite...
Nous sommes assis, la réunion de debriefing du matin. On me demande comment s'est passé ma première visite, je raconte brièvement et dis que dans dix minutes j'y retourne pour la faire à nouveau visiter.
"Ah mais non ! Elle est louée"
- Louée ? mais à qui ? Est-ce à ma jeune fille qui l'aimait tant ?
On me confirme que oui c'est bien son dossier qui a été accepté.
Plus tard je saurais la joie débordante qu'elle a exprimé lorsqu'elle a su que dorénavant c'est elle qui ouvrirait les volets bruns, les yeux encore ensommeillés découvrant la nature sans cesse différente.
Du pur bonheur!
Et surtout tu aimes les gens, c'est bon de te lire, de sentir le regard que tu poses sur eux.
MERCI, encore merci pour cs bons moments qe vous nous faites vivre.
C'EST UN PUR BONHEUR DE VOUS LIRE.
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