En fin de journée je me décide enfin à aller au lavomatic laver la couverture de C., rapatriée depuis plus d'un an de Lyon et devant prochainement réintégrer son nouvel antre. Cela fait plus d'un an qu'elle sert de repaire à Chamade et s'est donc étoffée d'une multitude de poils sombres, elle, qui au départ n'était que beige.
Il pleut, déjà nuit, à tout hasard j'emporte mon livre et une paire de lunettes. La chance est avec moi, je trouve une place pour me garer, et toutes les machines sont libres, la télévision n'est pas réglée trop fort, je vais pouvoir lire, emmitouflée dans mon grand gilet pour homme XXL.
Tout d'abord prendre la grosse machine, celle qui permet le lavage des couvertures, y déposer ma lessive qui sent bon la lavande, la vraie ; puis me diriger vers la centrale à monnaie ; un billet de dix euros, un de cinq, tombe une pièce d'un euro que je garde pour tout à l'heure, l'essorage intensif. Me restera deux euros à glisser dans la fente pour le séchage.
Je me plonge dans le livre.
Virginie (*) raconte sa génération 68, celle des enfants nés une petite dizaine d'année après la mienne et dont les parents avaient, non seulement pris part à la révolte, mais en avaient été, pour beaucoup, les leaders. Tout en lisant, je me pose des questions sur ce qui effectivement est la conséquence de son éducation et ce qui est simplement dû à sa propre personnalité. Le chaos qui bien souvent a accompagné son éducation est à l'opposé de ce que j'ai vécu dans ma petite enfance. Bien que mon père est de tout temps été très politisé, ce qui m'a permis très tôt de prendre conscience de l'importance d'être informée autrement que par les médias traditionnels, jamais nous n'en avons souffert. Plus tard, au moment de ma révolte adolescente, j'ai trouvé mille défauts à leur éducation, mais objectivement, je crois que pour le principal nous avons été protégés des grosses erreurs destructrices qui parsèment le récit de son histoire.
Celle par exemple que son ami Mao raconte lorsqu'il évoque ses soirées à entendre les amies de sa mère décrire le viol d'une des leurs, et le rejet de l'homme qui en découlait. Comment, petit garçon, se construire positivement ?
Je me souviens, alors que je venais de découvrir que JP me trompait depuis des années, de ma terreur à faire peser sur G., petit garçon, ce rejet que j'avais éprouvé alors pour les hommes en général. Je n'avais de cesse de me raisonner afin de sortir de cette haine qui risquait de fragiliser ce petit homme en devenir. Ne pas détruire l'image du père, pour ne pas détruire la sienne. Y suis-je parvenue ?
Le séchage terminé, j'ai replié la couverture et je suis rentrée.
Demain j'attaquerai "Que reste-il de la culture Française "de Donald Morrison.
Il pleut, déjà nuit, à tout hasard j'emporte mon livre et une paire de lunettes. La chance est avec moi, je trouve une place pour me garer, et toutes les machines sont libres, la télévision n'est pas réglée trop fort, je vais pouvoir lire, emmitouflée dans mon grand gilet pour homme XXL.
Tout d'abord prendre la grosse machine, celle qui permet le lavage des couvertures, y déposer ma lessive qui sent bon la lavande, la vraie ; puis me diriger vers la centrale à monnaie ; un billet de dix euros, un de cinq, tombe une pièce d'un euro que je garde pour tout à l'heure, l'essorage intensif. Me restera deux euros à glisser dans la fente pour le séchage.
Je me plonge dans le livre.
Virginie (*) raconte sa génération 68, celle des enfants nés une petite dizaine d'année après la mienne et dont les parents avaient, non seulement pris part à la révolte, mais en avaient été, pour beaucoup, les leaders. Tout en lisant, je me pose des questions sur ce qui effectivement est la conséquence de son éducation et ce qui est simplement dû à sa propre personnalité. Le chaos qui bien souvent a accompagné son éducation est à l'opposé de ce que j'ai vécu dans ma petite enfance. Bien que mon père est de tout temps été très politisé, ce qui m'a permis très tôt de prendre conscience de l'importance d'être informée autrement que par les médias traditionnels, jamais nous n'en avons souffert. Plus tard, au moment de ma révolte adolescente, j'ai trouvé mille défauts à leur éducation, mais objectivement, je crois que pour le principal nous avons été protégés des grosses erreurs destructrices qui parsèment le récit de son histoire.
Celle par exemple que son ami Mao raconte lorsqu'il évoque ses soirées à entendre les amies de sa mère décrire le viol d'une des leurs, et le rejet de l'homme qui en découlait. Comment, petit garçon, se construire positivement ?
Je me souviens, alors que je venais de découvrir que JP me trompait depuis des années, de ma terreur à faire peser sur G., petit garçon, ce rejet que j'avais éprouvé alors pour les hommes en général. Je n'avais de cesse de me raisonner afin de sortir de cette haine qui risquait de fragiliser ce petit homme en devenir. Ne pas détruire l'image du père, pour ne pas détruire la sienne. Y suis-je parvenue ?
Le séchage terminé, j'ai replié la couverture et je suis rentrée.
Demain j'attaquerai "Que reste-il de la culture Française "de Donald Morrison.
(*) Le jour où mon père s'est tu - Virginie LINHART - Le Seuil
6 commentaires:
Pas simple d'élever des enfants parfois on pense avoir tout fait pour eux et on s'apercoit consterné qu'on ne les reconnait pas.... L'essentiel c'est d'essayer de faire le mieux après on a pas le mode d'emploi alors il faut essayer de se faire confiance
Ton billet m'interpelle et me fait énormément gamberger, mais c'est probablement parce que je ne suis ni femme, ni parent moi-même. Est-il si facile de glisser du ressentiment face à son conjoint au ressentiment vis-à-vis de la "race masculine" tout entière, englobant son fils ?
Si j'étais marié et que j'apprenne que ma femme me trompe, est-ce que je ruminerais une aigreur inconsciente vis-à-vis de ma fille, parce qu'elle est, aussi, femme potentielle ?
Evidemment, la question du viol est encore plus dérangeante.
Sans pouvoir intégrer ce sentiment, qui est par essence irrationnel, je peux le comprendre et me dire que les ponts établis entre les femmes et les hommes sont très fragiles, et qu'il faut, de part et d'autre, une solide dose de sérénité, abnégation et don de soi, pour les maintenir vivants, menacés qu'il sont sans cesse de tomber dans le gouffre de l'incompréhension et l'animosité mutuelles.
Lancelot, je me suis mal exprimée. Jamais je n'ai fait un quelconque amalgame entre Les hommes en général, et G. en particulier. C'est qu'en apprenant ce que je ressentais comme trahison, la liaison que JP avait depuis des années, il m'a semblé que mon univers s'effondrait. Cela réveillait sans doute d'autres douleurs d'abandon que je mettais arbitrairement sur le dos des hommes en général. Ma grande crainte était alors que ce rejet de l'homme, cette perte de confiance puisse être entendu par G. comme "tous les hommes sont mauvais, je suis un homme, je suis mauvais". Mais jamais je n'ai eu la tentation de le mettre dans le même sac.
La visite à la laverie t'entraîne loin dis-donc !
Est-ce que tu as aimé le livre ?
Je comprends ce que tu veux dire, la rupture de la confiance, et ses conséquences.
J'aime bien ton souci de préserver G.
En conclusion, vive le lavomatic!
Fauvette, je dirais que je ne l'ai pas "pas aimé", mais de là à le conseiller, du moins à encourager quelqu'un à l'acheter j'hésiterai, il est vite lu, doit parler à la tranche d'âge des quarantenaires, mais principalement ceux qui ont eu des parents impliqués dans la révolte.
Chondre, pour laver des très grosses couvertures, il n'y a que ça :D!
Fauvette, cela a remis plein de choses en cause et j'ai dû pas mal me remettre en question, c'est sur que l'on en ressort, au départ, grandement fragilisée et plutôt échaudée.
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