Son enfant ne dort pas, ou peu. Il les réveille chaque nuit et le matin elle démarre sa journée avec de tout petits yeux. Je l'aime bien, je suis désolée de ce démarrage raté avec ce petit garçon.
Avant hier, n'en pouvant plus, elle a décidé de le laisser la nuit à ses beaux parents, de profiter enfin d'une soirée et d'un sommeil tranquille. Le matin elle nous raconte son plaisir a avoir enfin passé une nuit complète.
Plus tard elle raconte sa visite à celle que je remplace et qui vient tout juste d'avoir son bébé. Je lui demande si elle est heureuse d'être maman, elle qui appréhendait tant.
- pfff la galère bien sûr !
A nouveau elle évoque le cauchemar qu'elle a vécu à la naissance de son petit garçon. Pleurer tous les jours, l'ennui mortel de ces journées passées en tête à tête avec ce bébé en attendant le père, le mari. La hâte de pouvoir laisser l'enfant chez une nourrice.
- Mais pourquoi, si tu aimes si peu les enfants, en as-tu eu un ?
- Ben c'est l'âge !
- Mais ce n'est pas une obligation d'avoir un enfant ?
- Ben c'est pour plus tard, lorsque j'aurai soixante ans, pour qu'il vienne me rendre visite, pour que je m'ennuie pas... oui je sais c'est égoïste, mais c'est uniquement pour ça !
J'ai une douleur qui m'étreint, pour cet enfant pansement de vieillesse ennuyeuse.
Un peu plus tard, je lui demande si elle n'a jamais imaginé que peut être elle ne servirait que de garde d'enfant pour ce fils grandit. Elle qui n'aime rien moins que s'occuper d'un petit.
- Oh mais là je m'ennuierai ! Alors cela me fera passer le temps.
Je ne peux m'empêcher encore de dire tout le bonheur que j'ai eu d'avoir ces deux enfants que j'aime.
- Oui mais tu as quand même regretté parfois non ?
Eh bien non ! Jamais je n'ai regretté d'avoir eu C. et G., même au pire moment de notre vie, même lorsque épuisée j'aurais voulu mourir pour ne plus entendre pleurer ce petit garçon qui souffrait.
Il faut maintenant que je me taise, je n'ai rien a lui apporter, je n'ai pas le droit de donner des leçons.
Mais pourquoi suis-je tant atteinte par ce non amour d'une mère pour son fils ?
Avant hier, n'en pouvant plus, elle a décidé de le laisser la nuit à ses beaux parents, de profiter enfin d'une soirée et d'un sommeil tranquille. Le matin elle nous raconte son plaisir a avoir enfin passé une nuit complète.
Plus tard elle raconte sa visite à celle que je remplace et qui vient tout juste d'avoir son bébé. Je lui demande si elle est heureuse d'être maman, elle qui appréhendait tant.
- pfff la galère bien sûr !
A nouveau elle évoque le cauchemar qu'elle a vécu à la naissance de son petit garçon. Pleurer tous les jours, l'ennui mortel de ces journées passées en tête à tête avec ce bébé en attendant le père, le mari. La hâte de pouvoir laisser l'enfant chez une nourrice.
- Mais pourquoi, si tu aimes si peu les enfants, en as-tu eu un ?
- Ben c'est l'âge !
- Mais ce n'est pas une obligation d'avoir un enfant ?
- Ben c'est pour plus tard, lorsque j'aurai soixante ans, pour qu'il vienne me rendre visite, pour que je m'ennuie pas... oui je sais c'est égoïste, mais c'est uniquement pour ça !
J'ai une douleur qui m'étreint, pour cet enfant pansement de vieillesse ennuyeuse.
Un peu plus tard, je lui demande si elle n'a jamais imaginé que peut être elle ne servirait que de garde d'enfant pour ce fils grandit. Elle qui n'aime rien moins que s'occuper d'un petit.
- Oh mais là je m'ennuierai ! Alors cela me fera passer le temps.
Je ne peux m'empêcher encore de dire tout le bonheur que j'ai eu d'avoir ces deux enfants que j'aime.
- Oui mais tu as quand même regretté parfois non ?
Eh bien non ! Jamais je n'ai regretté d'avoir eu C. et G., même au pire moment de notre vie, même lorsque épuisée j'aurais voulu mourir pour ne plus entendre pleurer ce petit garçon qui souffrait.
Il faut maintenant que je me taise, je n'ai rien a lui apporter, je n'ai pas le droit de donner des leçons.
Mais pourquoi suis-je tant atteinte par ce non amour d'une mère pour son fils ?
16 commentaires:
En plus le calcul est mauvais : s'il ne reçoit pas d'amour et de tendresse maintenant il risque fort de ne pas rendre visite souvent à sa mère quand elle sera vieille.
Espérons pour ce petit garçon que ses grands-parents sachent lui apporter ce qui lui manque.
Peut-être n'était-ce que provocation de sa part, de te dire cela ? Peut-être n'était-ce que le manque de sommeil, qui fait vraiment dire n'importe quoi à partir d'un certain moment !
J'espère en tous cas que ce petit garçon parviendra à la séduire au fil du temps... que ce soit par l'affection ou l'orgueil, il y a différentes portes d'entrée, différentes sortes de liens et tous me semblent moins pires que cette froide indifférence. Quelle tristesse de considérer les enfants comme des objets de consommation ou des investissements pour la vieillesse... double tristesse quand je songe à tant d'amies qui se rêvent mères sans parvenir à enfanter :(
Mais je suis optimiste : même si son coeur est froid maintenant, comment ne pas en venir à aimer un petit être qu'on voit ainsi évoluer et progresser ?
On se demande parfois si il ne vaut mieux pas avoir d'enfant vu le terrible avenir qui les attend. Je ne sais pas si c'etait a refaire si j'aurais le courage de recommencer même si je suis heureux d'avoir accueilli mon fils mais vu le futur si j'etais un jeune père je me poserais la question !
Est ce qu'on a le droit de décider d'avoir un enfant comme ca ? En fait on essaye de lui donner toutes ses chances mais lui n'a rien demandé :o(
Vraiment pas simple, malheureusement cette jeune mère n'a pas saisi qu'un enfant s'appartient à lui même avant tout et qu'aucune reconnaissance ne lui est imposé !
En tous les cas, j'admire cette femme pour son honnêteté. Je suis certaine qu'il y a pas mal de gens qui ont des enfants pour des raisons peu reluisantes (ça va sauver mon mariage, c'est ce qu'on fait à mon âge, j'ai besoin de quelqu'un à aimer, je m'ennuie, je ne veux pas être différente, mon conjoint en veut un, etc.) et qui ne l'avoueront jamais parce que ça ne se fait pas.
Mais c'est HORRIBLE !!!
Moi j'aurais pas d'enfant, par choix, mais si ça arrivait, par hasard, je sais que je l'aimerais de tout mon être, à en crever.
DDC, je ne crois pas du tout qu'elle soit dans la provocation. C'est une fille que j'aime bien, humaine, drôle, pleine de charme. Non, simplement elle n'aime pas être mère (ce qui me semble tout à fait légitime), aurait nettement préféré avoir une fille, souffre réellement du handicap que représente cet enfant pour elle.
Ce n'est pas le fait qu'elle n'ait pas de désir d'enfant qui me heurte, que l'on ait ou non des enfants m'est tout à fait égal, c'est de faire un enfant juste pour que plus tard on ne soit pas seul. Ce que mes beaux parents appellent si poétiquement "leur bâton de vieillesse". Comme tu le dis Jipes, l'avenir n'est déjà plus très rose, alors mettre des enfants au monde juste parce qu'il faut me semble affolant. Oui Dr CaSo elle est honnête, de toute façon je l'aime bien cette jeune femme, je n'ai en aucun cas envie d'être juge, ce qui m'attriste, c'est ce petit garçon non désiré. Et puis je me questionne sur la douleur que cela éveille en moi.
Je partage l'avis de Dr Caso. Cette jeune femme a le courage de te dire ce qu'elle éprouve vraiment, au lieu de se cacher derrière des clichés sur le bonheur qu'elle est censée ressentir...
C'est triste pour l'enfant certes, mais il faut cependant garder une petite lueur d'espoir, l'amour peut naître, sincère celui-là,moi je veux y croire.
Je comprends que cela te perturbe, elle doit le ressentir aussi. Est-ce qu'elle parle ainsi aux autres collègues ?
Et qu'après ça on ne vienne pas me dire que l'amour maternel existe de façon innée. Je n'y crois pas !!! on ne peut pas recevoir d'amour si on n'en donne pas et si elle n'aime pas son petit garçon, j'ai des doutes moi aussi quant au retour de l'amour quand elle sera vieille. Et puis, on ne fait pas des enfants pour soi... elle a au moins la franchise de le dire alors que d'autres ferait semblant.
Oui certes elle a la franchise de dire... mais pourquoi a-t-elle fait cet enfant ?
Fauvette, elle en parle sans aucune gêne et c'est même un des sujets de rigolade de la boîte. La fille que je remplace était exactement dans le même état d'esprit avant de partir "obligée de faire des enfants maintenant, estimant l'âge limite pour en faire, atteint ; DEVANT faire un enfant, priant pour que malgré l'immense "emmerde" que cela représente la chose soit adoucie si c'était une fille. Moi, ce qui me semble incompréhensible, c'est cette obligation de faire un enfant. Pourquoi, si l'on ne veut pas d'enfant en fait-on pour se plaindre ad vita éternam ? Même si elle a l'honnêteté de dire, pour moi elle aurait été bien plus honnête d'assumer sa non envie.
L'obligation de faire des enfants se fait ressentir très, très fortement, quand on en n'a pas, passé un certain âge! La pression sociale est terrible, comme je l'ai souvent dit sur mon blog, et si je n'avais pas "en plus" d'autres raisons pour ne pas avoir des enfants, je peux te dire que j'aurai craqué depuis longtemps. Et j'en aurai eu, parce que "c'est ce qui se fait" pour les femmes de mon âge. C'est dans tous les regards, dans toutes les conversations, à la télé, dans les livres, partout, on dit à la femme qu'elle DOIT avoir des enfants, elle DOIT vouloir en avoir, QUAND est-ce qu'elle va finir par en avoir??? Et elle DOIT aussi montrer qu'elle est heureuse d'en avoir eu, que ses enfants representent la meilleure chose qu'elle a fait de sa vie!! Je trouve ça terriblement malsain! La femme n'est rien si elle n'a pas eu d'enfant. Je comprends très bien tes collègues, et je souffre pour elles!
J'ai sans doute eu de la chance de naître dans une famille où la maternité n'a jamais été considérée comme un accomplissement. Ma sœur n'a pas d'enfant, jamais nous n'avons eu un jugement pour cela, c'est sa vie. j'ai choisi sans aucune pression d'avoir des enfants, parce que j'avais rencontré un homme avec qui j'ai eu envie d'en avoir, mais cela n'avait jamais été un but de ma vie, et j'aurais très bien pu ne pas en avoir sans me sentir moins femme pour autant.
Lorsque j'ai atterri à Bicètre avec G., c'est une des toutes premières questions que l'on m'ait posées. Cet enfant était-il désiré, parce que si non cela aurait été bien plus difficile de supporter ce que l'on allait supporter. Faire un enfant uniquement pour faire comme les autres, ou encore parce que l'on prévoit l'ennui de sa vieillesse est tout de même la marque d'un manque certain de personnalité non ?
Tu ne veux pas d'enfant, tu résistes aux pressions, cela prouve tout de même que l'on peut y arriver. Mes collègues sont loin d'être stupides, ont fait des études, sont cultivées, elles ont les armes pour résister. Et puis ma collègue l'a fait clairement pour sa vieillesse, il ne me semble pas qu'il soit ici question de pression.
Mais je n'avais pas écris ce billet pour la critiquer, je répète que je l'aime bien, que j'ai beaucoup de plaisir à travailler avec elle, qu'elle est bourrée de qualité... c'est ma propre réaction que j'essaye de comprendre :) (très égotiquement)
un billet qui m'interpelle, comme on dit (comme on ne dit plus vraiment d'ailleurs ;-) ...
A 34 ans, mariée depuis un an, je me pose ces questions (même si par ailleurs je ne subis aucune pression de mon entourage, bien au contraire).
On est tous à peu près d'accord apparemment sur les mauvaises raisons de faire des enfants .
La question qui me taraude plutôt est "quelles sont les bonnes raisons de faire un enfant?" (sans la moindre provocation ) . Intellectuellement je n'en vois aucune ; mais peut être parle-t-on de sentiment et pas de raison, la fameuse "envie irrépressible" .
J'aime beaucoup Valérie les expressions que tu inventes pour décrire cette situation " pansement de la vieillesse "
La pression des autres peut être a encouragé cette femme à avoir un enfant , le prolongement de soi .. il faudrait peut être juste l'encourager à ne pas dire haut et fort devant ce petit que pour l'intand il n'est pas un véritable rayon de soleil
Mais les choses changeront surement dans le relation ,la complicité arrivera peut être là ou elle ne l'attend pas
je comprend que cela te perturbe ..
Quelle honnêteté effectivement, mais que c'est triste pour ce petit garçon qui aurait été mieux acceuilli s'il était né fille...
Pour peu que plus tard il rencontre une fille d'un pays lointain qui l'emmènera avec elle sous un autre soleil, le pansement de vieillesse risque d'être difficile à décoller...
Eh ben, n'en déplaise aux amateurs de franchise à tout crin, moi je n'ai pas d'enfant, mais si j'en avais eu un et que je ressente ce sentiment (ou plutôt ce "non-sentiment") vis-à-vis de lui, j'aurais HONTE de l'avouer et je me tairais. Déclarer tout à fait tranquillement qu'on en a fabriqué un comme assurance pour sa vieillesse propre (un calcul complètement crétin) c'est limite obscène.
Lancelot, de toute façon tu n'aurais pas fait sciemment un enfant pour cette raison. C'est justement ce calcul qui me fait froid dans le dos, mettre au monde un être vivant avec ce que cela comporte de souffrance pour lui (la vie n'est pas toujours heureuse) juste pour se préparer une petite retraite tranquille (mauvais très mauvais calcul d'ailleurs), je trouve cela à la limite criminel. Un enfant, pour s'épanouir et supporter les mauvais moments de la vie, a besoin de base solide.... l'amour maternel et paternel est en grande partie la fondation d'une vie solide et si dès le départ il n'existe pas, l'enfant aura toujours ce manque qui le fragilisera. C'est ce côté réfléchi je crois qui me mets si mal à l'aise et me fait mal... au moins ce billet m'aura aidé à comprendre mon malaise face à cette situation.
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